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La recrudescence des MST

La recrudescence des MST

Outre l'analyse des prises de risque par rapports non protégés, l'Enquête presse gay 2000 permet d'établir un bilan sur la recrudescence des MST parmi les gays.

  • MST dans la vie et dans l'année

Près de la moitié (49%) des répondants de l'enquête 2000 déclarent avoir déjà eu une MST au cours de leur vie. Cette proportion croît graduellement avec l'âge, de 20% chez les moins de 25 ans à 72% chez les " 45 ans et plus ". Ceci est bien entendu le reflet de l'exposition cumulée liée au fait qu'avec l'âge, le nombre total de partenaires sexuels sur la vie augmente.

L'enquête permettait également d'estimer les taux de MST dans l'année et de disposer ainsi d'un indicateur plus réactif que celui consistant à avoir eu au moins une MST au cours de sa vie. Entre 1997 et 2000, le taux de répondants ayant déclaré avoir eu une MST dans l'année est passé de 13% à 15,8% [15,7% en taux standardisé].

  • Profil des répondants ayant contracté une MST dans l'année

Le taux de répondants ayant déclaré une MST dans l'année varie très fortement suivant le profil des individus. A l'époque de l'enquête presse gay 1997, les différences entre Paris et la province n'étaient pas significatives d'un point de vue statistique (respectivement 15% et 12%) ; elles le sont devenues depuis. Les Parisiens et les banlieusards de l'enquête 2000 déclarent plus souvent des MST dans l'année que les provinciaux (respectivement 21% et 14%). Là encore, on observe que c'est dans la région parisienne que le taux de MST dans l'année a le plus fortement augmenté depuis 1997.

Le fait d'avoir contracté une MST au cours des douze mois ayant précédé l'enquête est significativement associé à l'âge des répondants mais on ne retrouve pas l'effet cumulé qui caractérisait les déclarations de MST au cours de la vie. En effet, la déclaration de MST dans l'année constitue un indicateur très réactif lié au niveau d'engagement sur le marché sexuel. Le taux passe ainsi de 11% chez les moins de 25 ans à 19% chez les 35-44 ans, c'est-à-dire dans la classe d'âge qui est en pleine maturité sexuelle et se trouve la plus engagée dans le multi-partenariat. A partir de 45 ans, l'activité sexuelle se réduit chez les gays et le taux de MST dans l'année fléchit (11%).

Les commentaires précédents sont confirmés par le fait que le taux de MST dans l'année croît régulièrement avec le nombre de partenaires sexuels dans l'année : ce taux passe de 9% chez les hommes qui n'ont eu qu'un partenaire à 31% chez ceux qui ont eu plus de 50 partenaires. Enfin, le taux de MST dans l'année varie selon le statut sérologique : il passe de 6% chez les hommes non testés, à 15% chez les testés séronégatifs et atteint un maximum de 30% chez les testés séropositifs.

Dans la mesure où les différents facteurs d'exposition que nous avons présentés séparément se cumulent, la prévalence des MST est donc particulièrement forte chez les multi-partenaires parisiens dans la classe d'âge des 35-44 ans et plus encore chez ceux qui sont séropositifs.

  • Types de MST dans l'année

Les données de l'enquête presse gay permettent également de disposer d'indications sur la fréquence des divers types de MST parmi les gays (tableau n°11). Parmi les MST contractées dans l'année les plus citées, on compte l'herpès (10,0% des répondants), les condylomes (4,1%), les gonococcies uro-génitales (4,0%), l'hépatite B (1,0%), la syphilis (0,5%), les gonococcies rectales (0,4%). Enfin, 1,4% des répondants ont déclaré d'autres MST que celles proposées dans la liste.

Tableau 11 - Types de MST contractées au cours des 12 derniers mois

Mis à part la catégorie résiduelle " autres MST " qui décroît, les taux de prévalence de tous les types de MST précédemment citées sont en augmentation entre 1997 et 2000. Entre ces deux dates, le taux de répondants atteints est passé de 7,9% à 10,0% pour l'herpès ; de 2,4% à 4,1% pour les condylomes ; de 2,1% à 4,0% pour les gonococcies uro-génitales ; de 0,8% à 1,0% pour l'hépatite B (soit une hausse moins nette), de 0,1% à 0,5% pour la syphilis qui était devenue très rare auparavant et réapparaît, et, enfin, de 0,2% à 0,4% pour les gonococcies rectales. Certes, pour chacune de ces MST, le pourcentage et le nombre de cas qu'il représente sont réduit, mais le caractère généralisé de la hausse fait que celle-ci doit être prise au sérieux.

Les résultats de l'Enquête presse gay 2000 confirment donc ceux de l'enquête RENAGO (Goulet et al., 1999) sur la recrudescence des gonococcies parmi les homo- et bisexuels masculins. Ils montrent, en outre, que la recrudescence ne se limite pas aux gonococcies mais constitue un phénomène plus global touchant l'ensemble des MST. Enfin, ils mettent en lumière l'importance de la prévalence des MST à Paris, chez les gays multi-partenaires et les séropositifs.

  • Hépatites et vaccinations

Outre l'hépatite B dont nous venons de parler précédemment, le questionnaire abordait la question des hépatites C et A qui comportent également une part de transmission sexuelle. Parmi les répondants, 45,5% déclarent avoir déjà effectué le test de l'hépatite C (19,2% au cours des 12 derniers mois). Le test a été déclaré positif dans 5,2% des cas (soit pour 97 répondants sur 1848 testés pour l'hépatite C). Par ailleurs, 12,8% des répondants déclarent avoir déjà eu une hépatite A confirmée par un médecin (1,9% au cours des 12 derniers mois).

Pour la première fois, l'Enquête presse gay permet également d'estimer les taux de vaccinations contre les hépatites A et B parmi les gays : 40% des répondants déclarent être vaccinés contre l'hépatite A et 66,5% contre l'hépatite B.

Par rapport aux estimations disponibles sur la population générale, les taux de vaccinations contre les hépatites A et B sont donc très élevés parmi les homosexuels masculins ou du moins les lecteurs de la presse gay ayant répondu à l'enquête.

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