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Pistes pour la prévention

PISTES POUR LA PREVENTION

Les débats qui ont eu lieu en 2000 ont conduit les acteurs de la prévention à se rencontrer afin de réfléchir collectivement sur la nécessité et les modalités d'un renforcement des actions de prévention en direction des gays. En identifiant des enjeux et en dégageant des pistes pour des actions futures, l'Enquête presse gay 2000 peut apporter sa contribution à cette réflexion.

Les résultats de l'enquête 2000 suggèrent tout d'abord qu'un renforcement généralisé de la prévention est nécessaire. Dans la mesure où le glissement vers le risque et le relâchement effectif sont visibles dans de nombreux segments de la population gay, la prévention devra s'appuyer sur une communication très large et mener, par ailleurs, des actions plus ciblées en direction des jeunes, des multi-partenaires, des couples ouverts, des couples séro-différents et, enfin, des gays séropositifs.

Des modifications conceptuelles pourraient également s'avérer nécessaires. L'enjeu pour la prévention est en effet de redéfinir une théorie de son action adaptée à la complexité de la situation actuelle et à son évolution rapide. Durant les années 1980, l'objectif de la prévention a été d'inciter au dépistage et à l'usage du préservatif. Lorsque, à partir du début des années 1990, les comportements préventifs se sont stabilisés à un niveau de prévention élevé, la prévention a pris comme cible l'évitement des prises de risque " accidentelles ". Ce sont donc les dérapages de la prévention qui ont le plus souvent servi d'illustration dans les campagnes de prévention, qui mettaient l'accent sur le fait suivant : " il suffit d'une fois pour se faire contaminer "28. Comme on l'a vu, ce message ne correspond plus à la réalité des prises de risque actuelles. Certes, il continue d'y avoir des gays adeptes de la prévention qui s'exposent à des risques accidentels, mais le phénomène nouveau tient à la banalisation des prises de risques répétées dans certains sous-groupes de la population en particulier avec les partenaires occasionnels, entre partenaires stables sérodifférents mais aussi chez les jeunes.

Face à cette situation et aux conséquences collectives potentielles en terme d'accentuation de la transmission du VIH, la plupart des acteurs de la prévention disent se sentir désemparés et ne pas savoir quelle stratégie adopter. Faut-il continuer à cibler le public qui s'expose au risque de façon accidentelle ou donner la priorité à celui qui le fait de façon banalisée ? Faut-il faire preuve d'intransigeance face à cette banalisation du risque ou bien développer un discours plus adapté au niveau d'exposition au risque ?

Face à ce dilemme, l'action préventive pourrait s'appuyer sur le découpage par niveaux de risque exposé dans la section précédente. Etant donné que le risque s'est accentué à différents degrés pour des gays dans des situations diverses, l'objectif pourrait être de ré-alerter chacun à son niveau :

  • Au niveau des actions de communication les plus larges, la prévention chercherait à cibler les publics qui glissent vers le risque mais ne sont pas dans sa banalisation. Il s'agirait de les ré-alerter sur les pratiques sexuelles potentiellement à risque et sur les exigences de protection qu'impose un réengagement dans la sexualité.

  • Au niveau des segments gays qui se sont installés dans des prises de risques régulières, il est sans doute illusoire de promouvoir le " risque zéro ". La prévention pourrait s'appuyer sur des actions ciblées dont l'objectif serait non pas d'éliminer mais de minimiser les prises de risque29. Elle aborderait de front la question de la banalisation des risques et de ses conséquences. Enfin, un argument également utilisable dans ce segment pourrait consister à alerter sur les conséquences négatives que les MST peuvent exercer sur la santé des personnes atteintes et sur les perturbations que ces MST peuvent induire dans leurs traitements.

L'idée générale de cette action préventive ciblée par niveaux serait dès lors d'amener les différents publics constitutifs de la population gay, à remonter d'un cran ou d'un niveau leur degré de protection puisque l'enquête semble suggérer que la protection la plus complète et la plus rationnelle n'est pas acceptable par tout le monde.

Il est possible qu'un travail spécifique sur la culture sexuelle qui est en train de se développer parmi les gays soit également utile. De même, au-delà de la promotion de la prévention primaire, une vision plus large de leur santé semble également nécessaire. Des actions de conseil et de soutien mériteraient d'être renforcées auprès des personnes atteintes et de leurs partenaires afin de les soutenir dans la mise en place de comportements de prévention plus efficaces. Les consultations pour MST pourraient également être un lieu privilégié pour aborder les questions relatives à la prévention et remotiver les gays multi-partenaires, qu'ils soient séronégatifs ou séropositifs. Enfin, l'état de mal-être observé parmi une part importante de répondants mériterait d'être mieux pris en compte. Les programmes de soutien sociaux et psychologiques aux personnes fragilisées psychologiquement doivent sans doute être renforcés ou adaptés pour les gays afin d'essayer de limiter la banalisation du risque observée.

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