L'université euroméditerranéenne
des homosexualités

Marseille dimanche 22 juillet 2001

Première journée de travail pour certains, première journée

de plage pour d'autres. Les congressistes cherchent leur rythme. Le panneau d'affichage des activités de la journée se remplit vite. Il suit en cela l'habituelle organisation : des cycles, des forums aux horaires protégés, des ateliers et des sessions off en parallèle. Le congressiste, par tant de choix, parfois 10 ateliers concurrents se résout à la frustration. Reconnaissons pour les organisateurs qu'une UEH n'est pas un congrès professionnel. Au UEH, la participation aux ateliers est toute relative. Est-ce l'été, les vacances, le soleil, les fêtes, la culture gaie.

Il a fallut faire un choix pour vous donner le ton de cette UEH 2001, nos reporters n'ayant pas le don d'ubiquité.

Intégration

Jean Michel Dariosecq a préparé un cycle complet de discussions sur l'intégration sociale, déclinée en fonction des aspects de la vie, politico-économique, le couple, la vie privée, la vie professionnelle, le sexe. Il tentera une conclusion vendredi.

Dés les premières minutes, les interventions fusent, les questionnements, les témoignages qui n'ont souvent pas d'autres lieux pour s'exprimer. L'intégration sociale perçue par une partie de gais et des lesbiennes au travers des actions politiques, du pacs, ne fait pas l'unanimité. Être intégré dans la société est-ce être digéré, fondu ?

Les gais et les lesbiennes ont semble-t-il toujours cette culture de la différence. Le modèle social actuel ne satisfait pas : trop de remise en cause, dont certaines fondamentales sur la sécurité sociale, les 35 heures, mais quel est le rapport avec l'homosexualité. Le PACS concentre les critiques par son pouvoir d'identification au modèle hétérosexuel. La fin des discriminations ne passe pas forcément au travers du filtre républicain de statuts spécifiques et de droits dérivés. La société s'est construite sur des exceptions, des statuts spécifiques qui s'héritent, se dérivent. Le débat humaniste est plutôt là. Malheureusement, même si la République se veut universelle, le clientélisme ne permet pas d'aborder tout les sujets. Les droits dérivés devraient être révisés, individualisés, découlant du constat : parce que je suis !

Le ton du cycle est donné, anti-mondialiste, anti-intégration, un brin anarchiste mais pas trop.

la formation associative

Après Jean Michel Dariosecq, le FAG, association de formation anime un cycle d'atelissr dédiés à la vie des associations.

Comment faire pour grossir, pour cadrer ses objectifs, pour accueillir, écouter, former, transmettre le savoir, monter des groupes de parole.

René-Paul Leraton, animateur de la ligne Azur, rompu aux discussions ouvertes, distille des bonnes paroles lisses, pas un cheveu ne dépasse. On peut regretter que les questions "complexes" soient souvent redirigées vers un entretien individuel. Pour un cycle de 5 ateliers de 2 heures certains ont du imaginer qu'il y avait du temps pour travailler sur quelques vrai sujets récurrents. Le FAG vit de ses journées de formation est-ce la déformation liée au modèle économique ?

Les jeunes

Le thème qui domine cette UEH est sans contexte "les jeunes".

Il sera décliné autour de la découverte de sa sexualité, du suicide, de l'homophobie dans les lycées. La journée de mercredi, ouverte au public en sera un point fort avec la projection d'un film de témoignages tourné l'année dernière aux UEEH.

Mai, dés le dimanche soir, Michel Dorais présente les résultats de son travail de recherche sur le suicide. Ce chercheur universitaire Québécois a déjà publié "Ça arrive aussi aux garçons", "l'éloge de la diversité sexuelle" et récemment "mort ou fif". Le thème du suicide sort lentement de l'ombre du tabou. Nos société modernes semblent découvrir cette part de la vie jusqu'à présent étouffée par les églises monothéistes.

Le Québec qui détient le record mondial de suicide, s'est penché sur la question des garçons et des gays en particulier. Une étude empreinte d'une double difficulté : elle de la honte du suicide familial et celle de la honte de la découverte de l'homosexualité de son fils.

Si tous, nous nous doutions que l'homophobie mène à la dépression et aux tentatives de suicides, il fallait qu'une étude projette sur la scène publique cette violence sociale.

Pour les adolescents, cette violence commence au lycée, et le corps professoral ne la dénonçant pas, la légitimise. Cette légitimité engendre une violence contre soi-même. L'école, lieu numéro un des difficultés rencontrées par les jeunes gais, échoue. Censée apporter, outre le savoir, la civilité, la citoyenneté, la tolérance, elle perpétue une oeuvre élitiste qui nous vient de la fin des temps, selon laquelle il vaut mieux avoir 100% d'éléments sûrs que 80% d'incertains. Notre société doit prendre conscience qu'elle a changé, sa survie n'est plus en cause sur cette planète. L'éducation nationale pourrait ainsi intégrer l'égalité démocratique à l'origine de sa fondation.

Michel Dorais trace quelques profils de jeunes gais : le précoce, le tardif, le parfait garçon, avec leur difficultés propres face aux représentations sociales de l'homosexualité : comique, injurieuse, caricaturale.

D'autres minorités, les juifs, les noirs, ont des personnes proches d'eux dans leur famille, pas les gais. Enfin si, mais c'est plus rare. Un des axes de prévention du suicide consiste donc à dire, à montrer qu'il est possible d'être heureu et homosexuel. Les études de Michel Dorais ont abouti à quelques premières réalisations : un dépliant distribué dans les collèges, un spot télévisuel mettant en scène une personnalité connue qui parle de sa vie heureuse d'homosexuel.

Reportage : René Lalement, Pierre Léonard, Jean Benoît Richard, Donald Suzzoni.

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