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Déportation des homosexuels :
Un premier pas vers la reconnaissance à Reims

Pour la première fois très officiellement, les associations de déportés et l'association de gais et lesbiennes Ex Aequo se sont retrouvées le 25 avril, devant le monument aux morts de Reims à l'occasion de la journée nationale du souvenir de la Déportation. Ils se sont réunis pour rendre hommage «à toutes les victimes de la barbarie nazie qui ont connu l'horreur des camps de déportés, quelle qu'en soit la cause», comme l'a rappelé le sous-préfet Bernard Maréchaux dans son discours.

Depuis trois ans, Ex Aequo souhaitait se joindre à cette cérémonie, pour rappeler que dans les camps nazis, il y avait aussi des triangles roses. Mais leur présence était hautement indésirable. Pour éviter tout heurt avec les associations de déportés, le député-maire de Reims avait même été jusqu'à faire fermer les grilles du square des victimes de la Gestapo par arrêté municipal.

Au mois de mars, le premier magistrat rémois a été condamné et son arrêté jugé abusif annulé par le tribunal administratif. Du coup, la préfecture de région a tout mis en oeuvre pour arrondir les angles et permettre à Ex Aequo de faire partie des officiels dans de bonnes conditions.

Dans un échange de courriers électroniques avec notre rédaction, Sébastien Lambeaux, le président d'Ex Aequo, a salué l'attitude du sous-préfet, qu'il a qualifiée de courageuse. «La cérémonie s'est donc déroulée comme souhaité» raconte-t-il «et les médias locaux audiovisuels (c'est-à-dire France 3 et Radio France Champagne) ont bien retranscrit l'information : le public et les associations d'anciens déportés ont bien compris que l'hommage était rendu à tous les déportés, y compris ceux pour homosexualité».

Dans les autres régions de France, les associations homosexuelles ont participé avec beaucoup moins de visibilité aux manifestations du souvenir. A Lyon, le Collectif des associations homosexuelles de la ville n'a pu intervenir qu'après la cérémonie officielle. Leurs représentants ont déposé une gerbe et ner-neshama (veilleuse israélite) à la mémoire de tous les déportés. Ils ont également lu des textes sur la vie des homosexuels dans les camps de concentration. Des scènes similaires se sont déroulées à Montpellier, à Marseille,...

Les associations homosexuelles attendent maintenant qu'après ce nouveau pas franchi à Reims, le Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants permettra à toutes les villes françaises de commémorer le souvenir de tous les déportés, sans distinction, et en leur présence officielle.

 

Pour en savoir plus :
consultez l'épais dossier sur trois ans de bagarre
avec la mairie de Reims constitué par Ex Aequo

 

Un film sorti le 28 avril dans les salles évoque cet aspect trop souvent occulté de la déportation. Il s'agit de Le plus beau pays du monde réalisé par Marcel Bluwal avec Jean-Claude Adelin, Marianne Denicourt, Claude Brasseur .

L'action se déroule à Paris, en 1942. La France occupée aspire à oublier et se divertir. Les théâtres et les cabarets font le plein, le cinéma ne s'est jamais mieux porté... Mais la Révolution nationale exige plus que des distractions et a besoin de héros rassembleurs pour stimuler les consciences amollies. Le colonel Valogne demande au producteur Couperin de financer un film sur Mermoz dont les exploits font vibrer les écoliers de France. Le tournage démarre dans l'incertitude et l'improvisation. Au moment où l'équipe se soude, Lambert, l'interprète principal est arrêté par la police allemande... lire la critique de G. de Monteynard

 

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7/5/99 © Gais et Lesbiennes Branchés