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A quelles “bonnes mœurs” nos vies sont-elles contraires ?

date de redaction jeudi 24 novembre 2016


Le Centre LGBT Paris Ile-de-France s’indigne de l’interdiction d’une campagne de prévention.


communiqué de presse Centre LGBT Paris Ile-de-France - 23 novembre 2016

Ce sont des couples qui, vêtus, s’enlacent ou sont sur le point de s’embrasser, des couples comme on peut en croiser dans la rue. Seulement voilà : il s’agit de deux hommes, et les messages sur leurs photos laissent entendre qu’il peut s’agir d’une relation “pour la vie” aussi bien que d’une relation “pour un soir”, et que la prévention du VIH peut s’adapter à ces différents contextes. Et tout d’un coup, les “bonnes mœurs et la moralité” sont attaquées, des “désordres de toutes natures” pourraient en découler, voire même des “troubles à l’ordre public”.

C’est en ces mots que le maire d’Aulnay-sous-Bois a dénoncé la dernière campagne de Santé publique France pour le site SexoSafe.fr dans un arrêté visant à interdire la campagne sur sa commune, l’une des 130 où elle vient d’être lancée. A Angers, et dans une poignée de communes, d’autres maires ont également tenté de faire recouvrir ou supprimer ces affiches qui, semble-t-il, leur posent problème. Pendant ce temps, des campagnes commerciales pour des cuisines, des parfums, des voitures, peuvent sexualiser à outrance des corps de femmes ou même représenter des ébats à peine voilés sans que les “bonnes mœurs” des mêmes édiles ne soient choquées.

On estimait à 150 000 personnes la population vivant avec le VIH en France, dont 30 000 ignorant leur séropositivité. Depuis plusieurs années, près de la moitié des nouvelles contaminations ont lieu chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, et c’est la seule population pour laquelle les nouveaux cas sont en augmentation constante. Cette population a besoin d’information sur les différents outils de prévention, et seule une campagne ciblée peut efficacement faire évoluer les comportements. Or cette population, elle est à Aulnay-sous-Bois, elle est à Angers, elle est dans toutes les villes de France et du monde, dans toutes les classes sociales, elle est de toute origine et de toute option spirituelle. S’opposer à une campagne de prévention comme notre pays en connaît depuis 1987 sous prétexte que parler de sexualité à mots couverts mais sans jugement serait “choquant” est irresponsable. S’y opposer parce que la sexualité qui y est suggérée est entre hommes relève- en plus- de la discrimination homophobe.

Si la simple représentation de nos gestes d’affection, la simple suggestion qu’il puisse y avoir une sexualité entre hommes ou entre femmes est jugée incendiaire par des élus dans l’exercice de leurs fonctions, alors ce sont nos couples et nos vies qu’ils estiment avoir le droit de censurer sans raison. Si ”les bonnes mœurs” nous interdisent d’être visibles comme couples, comme n’importe quel couple, dans l’espace public qui est aussi le nôtre, alors ces “bonnes mœurs” ne sont ni bonnes, ni morales : elles ne sont qu’une chape de plomb hypocrite et malsaine. La décence ne peut pas être à géométrie variable selon la composition du couple dont on parle.

Le Centre LGBT Paris Ile-de-France accueille positivement la campagne SexoSafe.fr, ce d’autant que les atermoiements des pouvoirs publics s’agissant de cette campagne avaient créé une attente forte chez les acteurs de la prévention. Il est consterné par les réactions des élus qui, à quelques jours du 1er décembre, journée de lutte contre le VIH-sida, se permettent de censurer une campagne qui ne comporte ni nudité ni vulgarité. Et il déplore, en 2016, que des responsables politiques trouvent expédient de diaboliser la visibilité des couples homosexuels dans l’espace public par le biais de cette campagne.

Mobilisé comme tous les ans autour du 1er décembre, le Centre LGBT Paris Ile-de-France invite tous et toutes à la vigilance face à l’épidémie qui continue, mais aussi face aux discours de mépris et de haine qui eux aussi se portent bien.

Coprésidence Flora Bolter Jean-Charles Colin


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