jeudi 16 février 2012
Philippe Couillet oppose noms et chiffres aux assertions du député du Nord qui a remis en doute la réalité de la déportation d’homosexuels pendant la deuxième guerre mondiale.
Communiqué de presse Les "Oublié-e-s" de la Mémoire - 15 février 2012
Notre réaction aux propos de Christian Vanneste, tenus dans un entretien audiovisuel le 10 février :
Nous tenons tout d’abord à rappeler que si des homosexuels français ont été visés par des mesures de déportation en raison de leur homosexualité, personne ne prétend que cette déportation s’est faite sur la même échelle que la déportation "de répression" ciblant les opposants politiques et résistants, ou encore de façon aussi systématique que la déportation raciale qui a principalement touché les populations juives en Allemagne et dans les territoires occupés par l’Allemagne nazie.
En France, les déportations massives ne touchent effectivement pas les homosexuels, mais le sujet mérite d’être abordé en connaissance de cause, dans un esprit objectif plutôt que polémique, en tenant compte de la spécificité française en la matière.
Lorsque Christian Vanneste parle des homosexuels et de leur "art consommé de la déformation systématiquement des faits", il donne entre autres exemples "la légende de la déportation homosexuelle", et affirme que celle-ci ne s’applique pas à la France en dehors des trois départements annexés. Certes les Français envoyés en camp de concentration pour ce motif sont quasiment tous issus des départements annexés, mais plus largement, le sujet demeure complexe et dépend aussi de la définition qu’on donne au terme "déporté". En effet, la loi française de 1948 étend cette notion à des personnes qui ne sont pas nécessairement passées par des camps de concentration (l’emprisonnement en Allemagne ou dans les territoires annexés pouvant dans certaines conditions rentrer dans ces critères - voir doc.).
Arguant également de la déformation systématique des chiffres, Christian Vanneste parle de 30.000 déportés [allemands]. On peut s’en étonner alors qu’à l’heure actuelle, les études sérieuses font état de 5 à 15.000 grand maximum sur l’ensemble du système concentrationnaire. Günter Grau, le grand spécialiste allemand de la question parle aujourd’hui plutôt de 6.000 personnes.
Pour autant, ces milliers de personnes, quel qu’en soit le nombre exact, relèvent selon Christian Vanneste de "la légende" !!
La déportation des homosexuels dans son ensemble concerne d’abord et avant tout les Allemands et touche aussi d’autres nationalités de façon marginale (étrangers résidant sur le sol allemand - cas de Rudolf Brazda notamment - ou encore ressortissants d’autres nationalités arrêtés dans les pays occupés et envoyés en camp de concentration, le plus souvent pour des raisons plus arbitraires qu’objectives, voire pour l’exemple. On dénombre ainsi des cas de déportés pour homosexualité parmi les ressortissants polonais, tchécoslovaques, soviétiques, norvégiens, mais aussi quelques Français.
Rappelons enfin qu’en France, la déportation pour motif homosexualité est reconnue par les historiens, par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et l’État par la voix de M. Lionel Jospin, Premier Ministre en 2001, M. Jacques Chirac, Président de la République en 2005... et depuis par les différents ministres de MM. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy qui se sont succèdés à la Défense et aux Anciens Combattants et Victimes de Guerre - de sa même famille politique.
Contact presse :
Philippe COUILLET