mardi 5 octobre 2010
SOS Homophobie propose aux rapeurs des pistes pour rattraper le mal qu’ils ont fait.
communiqué SOS-Homophobie - 29 septembre 2010
Le groupe de rap français Sexion d’Assaut est l’objet d’une polémique de plus en plus importante depuis plusieurs jours, suite à la grande médiatisation de l’interview donnée au magazine International Hip Hop en juin dernier où le groupe se déclare, entre autres, "100% homophobe".
SOS homophobie se félicite que de tels propos scandaleux aient été remarqués et relayés par plusieurs organes de presse, et que l’opinion publique ait marqué suffisamment fort sa désapprobation pour que le groupe revienne sur ses déclarations - même si les motifs avancés peuvent paraître douteux, le groupe invoquant notamment le fait qu’il ne connaissait pas très bien la définition du terme "homophobe"... Doit-on rappeler au groupe que, chaque jour, trois actes homophobes sont rapportés à SOS homophobie ? Que des personnes se font discriminer, injurier, frapper, tabasser voire tuer (15 meurtres à caractère homophobe depuis 2001 en France) en raison de leur orientation sexuelle ?
Sexion d’Assaut a envoyé un nouveau communiqué de presse le 28 septembre, dans lequel il présente publiquement ses excuses, affirmant que les propos ont été mal retranscrits dans l’interview. "Nous considérons au contraire comme une invitation au courage la remise en cause et la réflexion déclenchées par cette polémique" : SOS homophobie prend acte de ces déclarations d’intentions.
Mais que propose concrètement Sexion d’Assaut ?
Les chanteurs acceptent-ils de retirer tous les propos homophobes contenus dans leurs chansons ? [1]
Acceptent-ils de ne pas chanter les chansons contenant des propos homophobes lors des multiples concerts prévus dans les mois à venir ?
Acceptent-ils de les retirer de la vente, pour cesser de s’enrichir sur des propos discriminatoires ?
Acceptent-ils de faire connaître la lutte contre l’homophobie, et de diffuser des messages des associations qui, au quotidien, accompagnent des victimes, lors des concerts ou via leur site internet ?
Acceptent-ils de reverser une partie de leurs bénéfices à des associations bénévoles qui luttent depuis plusieurs années pour accompagner les milliers de personnes victimes d’homophobie en France ?
Le groupe déclare : "Nous souhaitons au contraire qu’il soit l’occasion, pour nous et pour tous, de poser notre regard sur ce que nous ne voulions pas voir, d’écouter celles et ceux que nous ne voulions pas entendre et de nouer avec eux un dialogue jusqu’alors inexistant" : SOS homophobie est disponible pour faire découvrir aux membres du groupe la réalité que recouvre le terme "homophobie". Mais si ces excuses ne sont pas suivies d’actions, l’hypocrisie du groupe, déjà palpable quand il déclare ne plus proclamer son homophobie car cela ne serait pas bon vis-à-vis du public ("on nous a fait beaucoup de réflexions et on s’est dit qu’il était mieux de ne plus trop en parler parce que ça pouvait nous porter préjudice"), ne ferait plus aucun doute.
SOS homophobie demande que le mal que Sexion d’Assaut a fait en incitant à la haine envers les gays et lesbiennes soit réparé par des actions
concrètes du groupe pour la lutte contre l’homophobie.
Sexion d’assaut n’est pas digne de représenter la France aux MTV Europe Music Awards, dont le site internet présente ainsi le groupe : "des textes forts, frais et bien plus dynamiques que ce qui se fait d’habitude".
[1] Florilège :
Dans le morceau « Œil de verre » (Maska) : "Ya à mon goût beaucoup trop de gays" ;
Dans le morceau « On t’a humilié » : « Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent, coupe leur le pénis, laisse les morts, retrouvés sur le périphérique » ;
Dans le morceau « Cessez le feu » : « Lointaine est l’époque où les homos se maquaient en scred / Maintenant se galochent en ville avec des sapes arc-en-ciel / Mais vas-y bouge, vas-y bouge Toutes ces pratiques ne sont pas saines »
Dans le morceau « Choqué » : « Il est devenu gay à croire que ça manque de chattes » ;
Dans le morceau "22h45" (Maître Gims) : « bande de PD, de pédales, de bâtards, les singes ne mangent pas que des bananes ».