\ FGL : Garcons entre eux

FQRD Garçons entre eux
Désir, Amour et Sexualité

État des connaissances : février 1995

Conseils médicaux :
Institut de médecine sociale et préventive de l'Université de Zurich
Equipe Mobile d'Information et de Prévention de la Mairie de Paris

Editeurs de la brochure originale : Aide Suisse contre le Sida, Spot 25 et ISJLG

Editeurs de la version française : AJCS - Fédération GEMINI

Texte de base : rédigé par le groupe de jeunes Spot 25
et aimablement délivré par la Deutsche Aids-Hilfe et l'Aide Suisse contre le Sida

Copyrights : © 1992 by ASS - Aide Suisse contre le Sida
© 1995 by AJCS - Association des Jeunes Contre le Sida
Reproduction intégrale autorisée
Reproduction partielle uniquement avec l'accord des éditeurs

AVEC LE SOUTIEN DE :

Association des Artistes Contre le Sida

Ensemble Contre le Sida

Ministère de la Santé Publique et de l'Assurance-Maladie

Mairie de Paris

Pour Marc

Introduction

Comme son nom l'indique cette brochure a été écrite spécialement par de jeunes homosexuels pour de jeunes homosexuels et bisexuels. Mais l'important n'est pas que tu préfères les hommes ou les femmes. Ni que tu t'intéresses à la question pour une raison ou une autre. Par exemple en tant que mère, enseignant ou responsable d'activité de jeunesse et de sport. Les infommations sur le «coming out», l'amour et la sexualité entre hommes et la vie homosexuelle concernent tout le monde - tout comme le VIH et les manières dont ce virus est transmis.

En fait l'amour entre hommes est plus répandu que l'on a coutume de le croire. A maintes reprises, des études scientifiques ont montré qu'un tiers des hommes avaient déjà eu un rapport sexuel avec un autre homme et qu'environ 5% d'entre eux avaient exclusivement des contacts homosexuels.
Leur visibilité est plus ou moins affirmée selon les régions.

Nous voulons en parler. Car se sentir bisexuel ou homosexuel, c'est bien. Même si ce n'est pas toujours facile à assumer. Et faire l'amour, c'est agréable. Malgré le sida. Et tomber amoureux c'est merveilleux.

Parler entre nous, c'est important. Le plus simple pour faire connaissance de jeunes bisexuel(le)s ou homosexuel(le)s, c'est d'entrer en relation avec un groupe de jeunes lesbiennes et de gais. Pour cela n'hésite pas à prendre contact avec la Fédération GEMINI ou l'association la plus proche de chez toi.

Nous remercions l'Aide Suisse contre le Sida (ASS), d'avoir permis la réalisation de cette brochure et de nous avoir autorisé à l'adapter au public français.

Les infommations médicales ont été mises à jour grâce aux informations fournies par l'association Le Kiosque Info Sida.

Enfin nous adressons nos chaleureux remerciements à tous ceux qui nous ont aidés moralement et financièrement.

Le groupe de jeunes gais et lesbiennes SPOT 5/octobre 92
Loic, Jean-Baptiste, Malik, François, Stéphane, Lise
Luc - Dominique - Gérard - Brigitte - Paris/Juin 95

Rêves

Vous vous êtes allongés ensemble sur ton lit, vous avez parlé pendant des heures. De tout ce dont on peut parler. Et puis tu as commencé à le caresser tout doucement. Sans dire un mot. Tu ne pouvais pas faire autrement, tu devais simplement le faire. Et vous vous êtes sentis heureux. Après, vous étiez complètement épuisés et vous vous êtes tout de suite endormis. Tu étouffais presque de joie. Tu ne t'étais jamais senti comme ça...

Quand tu as fait ce rêve pour la première fois, tu n'y as guère attaché d'importance. Mais il est revenu, presque toutes les nuits. Tu t'es dit : «Ca va passer». Mais ça n'a pas passé. Même quand tu as eu ta première petite amie. Au contraire. Tu es tombé amoureux de garçons, tu n'arrêtais pas de penser à eux.

Bien sûr, tu t'entends bien avec les filles aussi. Mais c'est seulement avec les garçons que tu ressens cet émoi. Tu n'y peux rien. Et tu ne veux plus attendre. Tu veux qu'enfin tes rêves deviennent réalité.

Si tu le pouvais, tu essaierais dès aujourd'hui. Mais tu t'interroges : «va-t-il me comprendre ou se moquer de moi ? Comment les autres vont-ils réagir ? Qu'est-ce que mes parents vont dire ? Et le sida ? » Voilà bien des questions. Souvent tu ne sais plus où tu en es, tu ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer.

Trop jeune pour s'en passer ?!

Les instants où l'on peut vivre tranquillement sa sexualité ne sont pas monnaie courante. Sur la voie du désir qui mène dans le lit d'un partenaire il y a quelques obstacles à surmonter - par exemple celui d'adresser la parole à l'autre. Celui qui se contente d'observer son prince charmant de loin sans lui avouer ses sentiments ou sans lui faire les yeux doux risque de prendre racine avant que ses voeux ne soient exaucés. Toutefois adresser la parole à quelqu'un signifie sortir de soi-même oser le pas vers l'inconnu être sincère - et aussi devenir vulnérable.

Mais partons de l'hypothèse que ça a fait tilt entre deux hommes (ce qui doit tout de même arriver de temps en temps). Ils se regardent les yeux dans les yeux et finissent par se retrouver dans le même lit. Ou non, plutôt, imaginons qu'un de nos deux tourtereaux veuille aller vite en besogne et exige de l'autre un genre de preuve de son amour pour ainsi dire. Ce dernier n'est pas d'accord et dit : «Attends un peu s'il te plaît. Je ne me sens pas encore prêt». Si le partenaire impatient est vraiment amoureux il acceptera cette attitude et attendra ; il comprendra que le «droit au rapport sexuel avec autrui» n'existe pas. Sinon peut-être qu'il abandonnera et alors notre histoire d'amour se sera terminée avant même que ses protagonistes aient couché ensemble.

Il peut exister mille raisons pour lesquelles un homme ne veut pas «s'envoyer en l'air» - ou pas tout de suite - avec un autre homme même s'il l'aime beaucoup. Par exemple : la peur de la «première fois» (avec le nouveau partenaire) ou la peur de la «toute première fois» ; le manque de confiance dans le partenaire la crainte d'établir un lien profond que l'on ne souhaite pas ou de menacer une relation existante ; l'appréhension de révéler par cet acte sa préférence pour les hommes ou encore : la peur du sida. C'est précisément cette dernière que nous souhaitons chasser par les informations qui suivent.

Malgré le sida, tu devrais pouvoir jouir pleinement de ta sexualité sans minimiser pour autant la gravité de cette maladie.

Qu'est-ce que le VIH ? Et qu'est-ce que le Sida ?

Sida signifie Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise. C'est une diminution de nos capacités de défense qui présuppose une contamination par le virus de l'immunodéficience humaine, désigné par le sigle VIH.

La médecine actuelle dispose de connaissances relativement étendues sur ce virus qui provoque le sida. On sait où il est présent et comment il est transmis. On sait aussi que le VIH est un virus trés fragile. S'il est exposé à l'air libre, c'est à dire s'il ne se trouve plus dans l'organisme, il meurt en quelques heures. En revanche, certaines questions relatives à l'origine du virus, restent sans réponses.

Le plus souvent, une personne qui vient d'être contaminée par le VIH ne remarque rien. Il arrive parfois qu'elle ressente des symptômes rappelant la grippe, avec de la fièvre et un gonflement des ganglions lymphatiques. Apres quelques semaines, l'organisme produit des anticorps qu'il est possible de mettre en évidence par un test. Cette situation est désignée par le terme de «séropositivité». Une personne infectée par le VIH peut le transmettre à d'autres pendant toute sa vie.

Le VIH envahit des cellules du système immunitaire (par ex. les lymphocytes T) et finit par le neutraliser. On entend par sida un état où l'organisme, en raison d'un affaiblissement immunitaire avancé, n'est plus en mesure de se défendre contre d'autres maladies (par ex. pneumonies, inflammations intestinales etc.). Dans le cas où l'une de ces maladies se déclare, seul un médecin peut déterminer s'il s'agit seulement de la maladie proprement dite (par ex. une pneumonie) ou si l'on est en présence d'un symptôme du sida.

Malgré les efforts menés dans le monde entier, il ne faut pas s'attendre à disposer d'un vaccin dans un avenir proche. Il n'existe actuellement aucune thérapie capable de guérir le sida. L'AZT, le DDI et d'autres médicaments qui sont en cours d'expérimentation peuvent permettre de retarder l'évolution de la maladie. Toutefois, les résultats varient considérablement d'un individu à l'autre.

...et comment le VIH se transmet-il ?

Si du virus contenu dans le sperme, les sécrétions vaginales ou le sang d'une personne touchée par le VIH pénètre dans le système sanguin d'une autre personne, il existe un risque élevé de transmissibilité. Concrètement, cela peut se produire lors d'un rapport sexuel non protégé (anal ou vaginal) ou en cas d'utilisation en commun d'une seringue.

Les muqueuses de l'anus, du vagin et du gland sont très minces. En outre, les tissus qu'elles recouvrent sont très fortement irrigués par le sang. Il est fréquent que la pénétration occasionne de trés petites blessures (micro lésions), invisibles à l'oeil nu mais suffisantes pour permettre le passage du VIH. On comprend ainsi pourquoi la pénétration non protégée est trés risquée. Bien que la salive ait un effet inhibiteur sur le VIH, on ne peut exclure totalement une infection par la bouche. C'est pourquoi les principaux messages du sexe à moindre risque (safer sex en anglais) sont les suivants :

pénétration toujours avec préservatif

pas de sperme, ni de liquide séminal dans la bouche


Le fait qu'une personne soit séropositive ou atteinte du sida ne pose pas de problème de transmissibilité dans la vie de tous les jours et dans la pratique du safer sex. En effet :

Même deux partenaires séropositifs devraient respecter les règles du safer sex. En effet, il est possible que des réinfections accélèrent l'apparition du sida.

Un sexe gai plus sûr

Nous disons ouvertement ce que nous aimons. En effet, une personne informée, qui connaît le safer sex, peut mieux évaluer ses risques et vivre sa sexualité d'une manière plus sûre.

Baisers et Câlins

Tu peux embrasser et câliner sans hésiter. Même les baisers profonds sont sûrs, en l'absence de lésions buccales (gingivites, aphtes, blessures, ...) Tu peux explorer tout le corps de ton partenaire avec ta langue. Pas de problèmes, alors profites-en !

Caresses érotiques

Délicatement ou vigoureusement, à deux ou plus, devant la cheminée ou dans le foin : les caresses, la branlette et autres papouilles remportent toujours un succès mérité ! Et on peut se tripoter et se branler tant qu'on veut en toute sécurité. Aussi se frotter l'un contre l'autre, c'est très excitant (tu peux essayer avec un gel).

Fellation, pipes

Beaucoup de gens croient que sucer est une des principales voies de transmission du VIH parce que le virus contenu dans le sperme peut pénétrer dans l'organisme par la bouche. Mais, le risque d'attraper le VIH en taillant une pipe est très faible. En outre, il est prouvé que la salive et le suc gastrique ont un effet anti-infectieux. Malgré tout, nous te recommandons de ne pas jouir dans la bouche (et de ne pas te faire jouir dans la bouche). Mieux vaut être prudent et se retirer de la bouche avant l'orgasme. Si tu veux jouir dans la bouche, utilise un préservatif. De plus, ça protège d'un risque d'infection de blennorragie orale («chaude-pisse»).

Pénétrations (anale et vaginale)

«Don't be silly, put a condom on your willy» La pénétration, c'est à dire l'introduction du pénis dans l'anus ou dans le vagin, est très risquée sans préservatif. C'est vrai aussi bien si tu te fais pénétrer sans protection que si tu pénètres sans protection. Le «coitus interruptus» (se retirer avant de jouir) est aussi hors de question !

La plupart des hommes séropositifs ont été infectés lors d'une pénétration non protégée. Donc, emploie toujours un préservatif et beaucoup de gel à base d'eau.

Godemichés

Les «godes» et autres accessoires ne présentent pas de risque si tu ne les partages pas avec tes partenaires. En cas d'emploi à plusieurs, un préservatif que l'on change entre chaque utilisateur assure la protection requise.

Anulingus

«Bouffer le cul» n'est pas une pratique anodine. Elle est souvent considéré comme pouvant transmettre des maladies (par ex. l'hépatite).

Pas de limites à l'imagination

Non rien ne peut arrêter ton imagination. Le sexe, c'est donner libre cours à sa fantaisie, c'est réaliser des fantasmes partagés. Le sexe, c'est tout ce que tu peux imaginer, tout ce qui te permet de sentir ton corps et celui de l'autre et qui vous fait du bien. C'est un voyage à la découverte d'innombrables possibilités, plein de tendresse et de sensualité, plein de désirs et de plaisir.

Du moment que les partenaires font ce qui leur plaît et que c'est sans risque, il n'y a pas de problème. Le rapport sexuel est un moment où l'on se détache de soi-même, où l'on se donne et s'abandonne. Prenez tout votre temps : la précipitation ne fait pas bon ménage avec le désir. «Safer sex» signifie aussi se sentir en confiance l'un avec l'autre, se comprendre mutuellement.

Pourquoi pas, par exemple, se doucher ou prendre un bain ensemble ? ou se sucer les orteils et se lécher les pieds. Se caresser tendrement les oreilles, les tétons et les cuisses. Ou un massage sportif revigorant. Certains gourmands lèchent volontiers un corps enduit de miel et de crème au chocolat, d'autres, plus élitistes, sirotent leur champagne dans le nombril de leur amant. Les vidéos ou le sauna peuvent être excitants, tout comme une folle soirée en boîte - ou un ballet classique. Une dernière remarque : parler de sexe avec son partenaire, c'est souvent très bandant. Et en plus, ça permet de savoir ce qu'il aime.

Conseils pour l'utilisation du préservatif

L'emploi du préservatif est une question d'habitude. Si la capote ne t'est pas familière, le mieux est d'en acheter un paquet et de faire les premiers essais seul. Tu verras qu'après deux ou trois tentatives ce sera un jeu d'enfant.

Tu peux acheter les préservatifs et du gel au supermarché, dans les grands magasins ou les pharmacies. Ils sont aussi vendus par correspondance en toute discrétion, notamment par : Le Kiosque Info Sida et le GAGE.

N'utilise que des préservatifs qui ont reçu la norme NF, tu ne dois d'ailleurs trouver que ceux-là sur le marché. Constitué d'une membrane en latex extrêmement mince et trés extensible, le préservatif empêche le passage du VIH si il est correctement utilisé. Vérifie bien la date limite d'utilisation imprimée sur l'emballage. Des capotes, de fantaisie, de couleurs vives, avec ou sans aspérités, parfumées à la fraise et autres subtilités, peuvent mettre un peu de couleur dans nos chambres à coucher. Si tu penses que les préservatifs courants sont trop petits ou trop grands pour toi, tu trouveras un vaste choix dans le commerce, il existe d'ailleurs des préservatifs plus résistants conseillés pour la sodomie (pénétration anale) ou plus minces pour les fellations.

Passons à la pratique : tu as une érection et tu as envie d'une pénétration, c'est le moment de sortir le préservatif. Attention en ouvrant l'emballage : les dents et les ongles risquent d'endommager la capote. Une goutte de lubrifiant soluble dans l'eau sur le gland peut augmenter le plaisir. Essaie donc !

Il faut maintenant placer le préservatif sur le gland, partie enroulée à l'extérieur, et le dérouler jusqu'à la base du pénis. Si tu n'es pas circoncis, «décalotte» (découvre le gland) pendant l'opération. Ton partenaire peut aussi t'aider.

Sur certaines capotes, le bout est muni d'un réservoir à sperme. Cet espace n'est pas vraiment nécessaire. En revanche, il importe qu'il n'y ait pas de bulle d'air au bout du préservatif, car sinon il subira des contraintes excessives à cet endroit, ce qui risque de l'endommager.

N'utilise que du gel à base d'eau et en quantité suffisante. Ce produit réduit le frottement entre le caoutchouc et la peau, diminue le nombre de lésions et empêche la capote de se déchirer. Nous te déconseillons de lubrifier avec la salive. Son pouvoir lubrifiant et sa quantité sont insuffisants. Les corps gras comme les lotions pour le corps, les crèmes pour les mains et la peau, la vaseline, la graisse, le «Cetavlon», les huiles de massages et autres devraient rester à la salle de bain ou à la cuisine. Ils détruisent le préservatif, même si ça ne se voit pas à l'oeil nu.

Après l'orgasme, retire ton pénis pendant qu'il est encore en érection. Ce faisant, retiens la capote par la base. Jette-la à la poubelle et non dans les toilettes ou dans la rue. Il va de soi qu'un préservatif ne doit jamais être réutilisé.

Il n'aime pas non plus le soleil : ne pas l'exposer des heures sur la plage ou sous le pare-brise d'une voiture. . .

Es-tu fidèle ?

Pour certains couples, le risque de transmission du VIH ne constitue pas un problème : ils sont fidèles et seronégatifs vis à vis du VIH. Si deux hommes non infectés couchent ensemble et n'ont pas d'autres rapports, ils ne peuvent pas s'infecter, c'est logique. Toutefois, quelques remarques doivent retenir notre attention.

On ne trouve généralement pas du jour au lendemain la personne qui compte pour soi plus que toute autre. En la cherchant, tu vas peut-être tomber plusieurs fois amoureux et vouloir avoir des rapports sexuels. Il se peut que tu passes des mois merveilleux avec des partenaires sans finalement rester avec eux «pour toujours». Alors, le «safer sex» s'impose.

Quand tu couches avec un homme, tu couches aussi avec son passé et lui avec le tien.

Même si vous êtes prêts à la fidélité sexuelle mutuelle, le « safer sex » reste de mise. Car avant d'envisager des rapports non protégés, il faut mener pendant au moins trois mois une vie sexuelle absolument fidèle et protégée puis ensuite avoir des résultats négatifs au test. Apres cette période, vous vous connaîtrez assez bien pour pouvoir parler de la pratique du safer sex en cas d'écarts éventuels.

A propos du couple : il se peut que les homosexuels aient une approche plus décontractée de la sexualité que les hétéros, et les couples durables entre hommes sont loin de constituer des exceptions. Pourtant, les partenariats homosexuels ne sont encore reconnus qu'au Danemark. En France, les bisexuels et les homosexuels subissent des inégalités de traitement. Pour autant, des progrès ont été réalisés récemment. La Sécurité Sociale permet à un conjoint homosexuel de bénéficier de la couverture sociale de son ami sous certaines conditions.

Que signifie le test ?

Les tests couramment employés actuellement visent à déceler la présence dans le sang d'anticorps contre le VIH. En effet, l'organisme réagit à l'infection par le VIH en produisant des anticorps. Chez la plupart des gens, ces derniers apparaissent au cours des deux mois qui suivent l'infection par le virus.

Si des anticorps anti-VIH sont mis en évidence, le résultat du test est positif. Sinon, il est négatif. Mais attention : un résultat négatif signifie uniquement que des anticorps n'ont pas pu être décelés au moment du prélèvement sanguin. Si le test des anticorps anti-VIH est pratiqué trop tôt (c'est-à-dire si tu n'as pas attendu au moins deux mois après une infection éventuelle), le résultat négatif peut être trompeur.

Les tests qui permettent de mettre en évidence la présence du virus lui-même ne sont pas encore pratique courante. L'expression commune de «test du sida» est erronée. En effet, le test des anticorps anti-VIH permet uniquement de constater ou d'exclure une infection à VIH.

Chez certaines personnes, le sida se déclare peu de temps après la contamination par le VIH. La plupart vit «séropositif» depuis des années sans présenter de symptômes du sida. D'après certaines statistiques, on observe un sida déclaré chez 50% des séropositifs après dix ans.

Il n'est pas nécessaire de se soumettre au test pour se protéger et protéger les autres. Ce qui importe surtout, c'est d'identifier les situations à risque et d'adopter le cas échéant un comportement plus sûr.

Dois-je faire le test ?

Il n'est pas facile de répondre à cette question. L'expérience montre que certaines considérations doivent étre examinées avant de se soumettre au test.

Il est recommandé de se demander avant tout si l'on a déjà pris le risque de s'infecter. Un test ne nous parait indiqué que si tu as couru un risque. La crainte de l'infection est partagée par beaucoup de jeunes. Une discussion avec une personne de confiance pourrait t'apporter un soulagement psychologique et peut-être t'aider à mieux évaluer la gravité éventuelle du risque que tu as pris. De nombreux centres proposent des consultations anonymes et gratuites et des groupes de discussions.

Nous te recommandons vivement de ne te soumettre au test que si tu as la possibilité d'être conseillé (de façon personnelle et anonyme). Demande que le résultat te soit communiqué au cours d'un entretien et non par lettre ou par téléphone. Qu'il soit positif ou négatif, il faut discuter de sa signification et de ce qu'il peut impliquer pour ton comportement futur. Si le résultat est positif, l'entretien donne surtout la possibilité de trouver un appui. Il faut aussi déterminer si tu as des amis ou des proches sur lesquels tu peux compter. Il nous semble pratiquement impossible de résister psychologiquement à l'annonce d'un résultat positif sans pouvoir se confier à quelqu'un. Partager son angoisse, sa colère, son désespoir et son chagrin avec des amis peut apporter un soulagement.

N'oublie pas qu'il faut généralement plusieurs jours au centre d'analyse pour communiquer le résultat du test, qui aura si nécessaire fait l'objet d'examens complémentaires de vérification. Cette période qui s'écoule entre la prise de sang et l'annonce du résultat définitif est parfois très éprouvante.

En France, tous les actes médicaux sont protégés par le secret médical. Mais si tu préfères tout de même conserver l'anonymat et bénéficier de la gratuité, nous te conseillons de l'effectuer dans un Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG). il en existe plus de 200 en France, 34 rien qu'en région parisienne.

Tu peux aussi demander ton test auprès d'un médecin et l'effectuer dans un laboratoire. Dans ce cas tu devras avancer l'argent. Le test est remboursé à 100% par la Sécurité Sociale.

Un des arguments en faveur du test c'est qu'il existe aujourd'hui certains médicaments pour les personnes séropositives qui peuvent retarder l'apparition du sida et peuvent ainsi améliorer la qualité de vie. Toutefois il ne faut pas se leurrer : on ne dispose actuellement d'aucun médicament qui permette d'éliminer le virus ou de guérir le sida.

Il est irresponsable de vouloir se soumettre au test en passant par le don du sang. Supposons que tu te sois infecté mais que ton organisme n'ait pas encore réagi en produisant des anticorps : ton sang infecté serait classé «négatif» et pourrait être donné à un patient. Outre qu'elle fait encourir des risques à d'autres personnes cette pratique doit être écartée car elle ne garantit pas I 'anonymat et ne permet pas d'assurer un encadrement suffisant en cas de résultat positif. Ne donne de sang que si tu n'as jamais pris aucun risque.

Une dernière information : le test ne peut être effectué qu'avec le consentement exprès de l'intéressé (c'est-à-dire qu'il faut avoir reçu l'information, étre en pleine capacité de ses moyens et avoir accepté de faire le test). Cette règle s'applique aux cabinets médicaux, aux hôpitaux, à l'armée, aux établissements pénitentiaires et à plus forte raison aux examens de routine en cas d'embauche. Tu n'es aucunement tenu de communiquer le résultat de ton test.

Si un ami est séropositif...

Peut-être ne connais-tu actuellement personne qui soit atteint d'un sida déclaré. Peut- être crois-tu ne connaître personne qui soit séropositif - car l'infection n'est pas visible. Pourtant, en France le nombre de malades du sida s'accroît. Au début de l'année 1995, on évaluait entre 100.000 et 150.000 le nombre d'individus infectés par le VIH dans notre pays. Plus de 40.000 personnes vivent déjà avec un sida déclaré ou en sont mortes. Tôt ou tard, tu seras obligé d'y faire face. car le sida, comme d'autres maladies, fait partie de notre vie. C'est une réalité que nous devons accepter, bon gré mal gré, même s'il est tentant et plus facile de la refuser.

Imaginons que je sois séropositif ou atteint du sida : j'ai besoin de soutien. Certes je peux l'obtenir dans les antennes de AIDES ou d'autres associations, auprès de Sida Info Service (05 36 66 36) et dans des services de santé, à l'hôpital... Mais j'ai aussi bien besoin de mes amis et de ma famille. Mes proches sont les mieux placés pour me donner espoir et amour.

La situation sera nouvelle pour tous. Pour mon partenaire, mes amis et ma familles tout comme pour moi-même. Il faudra bien un certain temps et de nombreuses discussions pour s'adapter à cette réalité. Je ne souhaite ni indifférence ni fausse pitié à mon égard. Au contraire, je voudrais pouvoir sentir que tu n'exclus pas, que tu n'évites pas les contacts, que tu ne prends pas avec moi d'égards inutiles, que tu continues simplement à me traiter comme avant. J'ai besoin d'amis qui me donnent du courage pour vivre avec cette infection. Oui, je crois que c'est ce qui m'aidera le plus à continuer à lutter et à vivre.

Si tu devais te trouver dans la situation où ton ami, un ami ou une amie était séropositif ou malade, essaie de te mettre à sa place. Comment aimerais-tu être traité ? Peut-être cela t'aidera-t-il à sentir la manière dont tu devrais te comporter. Si tu as encore des hésitations, ou si tu crains un contact personnel, plusieurs services peuvent te conseiller et t'apporter de l'aide. Ne te surestime pas si tu te trouves soudain dans un rôle d'assistant. Les associations peuvent t'offrir un soutien et te proposer de participer à des groupes spécialisés.

Autres maladies sexuellement transmissibles

Outre le sida il existe diverses maladies sexuellement transmissibles que l'on peut généralement guérir sans difficulté actuellement. Le principe suivant s'applique dans tous les cas : «Plus tôt une maladie est décelée, plus simple et rapide sera sa guérison». N'hésite pas à consulter un médecin si tu ressens des brûlures en urinant, si tu te découvres soudain de petites ulcérations au pénis, à l'anus ou à la bouche ou si tu remarques d'autres troubles.

Tu devrais avoir un médecin de confiance à qui tu peux parler ouvertement et concrètement de tes ennuis. Si tu as l'impression qu'il est homophobe ou qu'il ne te prend pas au sérieux, changes-en. Même si tu vis encore chez tes parents et dépends d'eux financièrement tu as le droit de choisir librement ton médecin. Si nécessaire renseignes-toi auprès d'une permanence téléphonique gaie.

Si on décèle chez toi une maladie sexuellement transmissible, informes-en toutes les personnes avec lesquelles tu as eu récemment des rapports sexuels. Il est possible qu'elles soient infectées sans le remarquer.

Nous te présentons ci-après les maladies sexuellement transmissibles les plus courantes.

Blennorragie (chaude-pisse)

La blennorragie est une infection courante. Elle se caractérise par une sensation de brûlure au pénis en urinant. Il arrive plus rarement que la blennorragie apparaisse dans l'anus ou dans la bouche. Tu peux attraper les bactéries de la blennorragie par la fellation ou la pénétration (active ou passive) sans préservatif avec une personne infectée.

Les symptômes apparaissent entre un et cinq jours après l'infection. Outre la sensation de brûlure citée plus haut, tu constateras l'écoulement d'un pus épais par le pénis. Si tu ne te soignes pas immédiatement il se peut que les symptômes disparaissent mais la maladie, elle, poursuivra son évolution. La blennorragie est traitée par antibiotiques.

Syphilis

La syphilis est moins fréquente que la blennorragie. Comme cette dernière, elle est provoquée par des bactéries que tu peux attraper par la fellation ou la pénétration non protégées (actives ou passives) avec un partenaire infecté.

Le plus souvent, la syphilis se manifeste après deux à dix semaines sous la forme d'une ulcération (chancre) de la taille d'un petit pois environ et de couleur rougeâtre aux endroits de contact sexuel (pénis, anus, lèvres, gencives). ce symptôme est indolore et disparaît après quelques temps. Mais attention : l'apparition du chancre est un signal d'alarme qui doit te faire consulter immédiatement un médecin. A ce stade, la syphilis peut encore être soignée assez facilement. Si elle reste non traitée, elle peut s'attaquer à de nombreux organes et provoquer des troubles graves.

Hépatites

Les hépatites sont des infections à virus qui attaquent le foie et occasionnent parfois des nausées prononcées et persistantes. Les yeux et la peau peuvent prendre une couleur jaune. Il existe plusieurs types d'hépatites : A, B, C, D et E. Toutes les formes peuvent être transmises par des rapports sexuels ou par l'anulingus. On peut se protéger efficacement des hépatites A et B par des vaccins que nous te recommandons. La durée d'action du vaccin contre l'hépatite A est d'au moins un an. Pour le vaccin contre l'hépatite B. un rappel tous les cinq à dix ans est nécessaire en règle générale. Ce vaccin protège aussi contre l'hépatite D, car celle-là n'apparait qu'en même temps ou après une hépatite B.

Une personne infectée ne tombe pas forcément malade. Si l'hépatite passe souvent inaperçue, elle peut aussi devenir chronique et entraîner des dommages tardifs. Tant que tu es porteur du virus, tu peux transmettre l'hépatite à tes partenaires.

Morpions

Les morpions ne provoquent pas de maladies. Ils sont des parasites relativement courants qui se fixent principalement sur les poils pubiens, mais que l'on peut aussi trouver sur les poils de la poitrine et sous les aisselles.

Tu peux attraper des morpions si tu as des contacts physiques rapprochés avec des personnes qui en ont. S'ils ne sont pas dangereux, les morpions occasionnent par contre de fortes démangeaisons. Inutile d'essayer de déloger ces petites bêtes en se grattant. On les éliminera facilement en appliquant une lotion spéciale achetée (sans ordonnance) en pharmacie (Spray Pax).

Ce que tu as toujours voulu savoir

Adresses utiles

Malheureusement, il existe encore trop de groupes d'experts et autres (hommes politiques, moralistes autodésignés) qui imposent leurs idées, déformant ainsi la campagne et brouillant ou édulcorant son message. Ce phénomène est surtout visible dans le cas des campagnes destinées à la jeunesse. Le fait que beaucoup d'entre-nous soient des "ex-jeunes" ne nous permet pas nécessairement de comprendre les perspectives, les besoins et les préoccupations des jeunes d'aujourd'hui. Le seul moyen de les toucher consiste à les faire participer à l'élaboration, au choix et à la diffusion des messages. En effet, seul un message issu directement du groupe cible peut contribuer à modifier les normes, les attitudes et les comportements de ce dernier.

Jonathan M. Mann
professeur à l'Université de Harvard, directeur de l'International Aids Center et du Harvard Aids Institute, ancien directeur du "Programme mondial contre le sida" de l'OMS, président de la VIIIème conférence internationale sur le sida de 1992 à Amsterdam.


Association des Jeunes Contre le Sida

et les associations membres de GEMINI

avec la collaboration du SNEG


Copyright Gais et Lesbiennes Branchés, © 1996

FQRD Page d'accueil
Sommaire