Université d'été
euroméditerranéenne des homosexualités



30/7 : Soirée nautique de clôture en rade de Marseille!



Le dîner achevé, tout le monde part pour le Vieux Port, le rendez-vous est à 21 heures.
Chacun sait qu'il s'agit d'une sortie en rade de Marseille, qui devrait finir au Frioul, mais Gogo, le maître de cérémonie, a prévenu : "il y aura des surprises!"

Peu à peu, les arrivants se regroupent sur le quai des Belges (voui madame, il y a un quai des Belges à Marseille! vous croyez qu'on accueille que les sudistes ici? Peuchère!), en bas de la Canebière (dont l'étymologie serait cannabis...), au départ du promène-couillons pour les îles.




Sur le quai foulé par les promeneurs...

Instant de flânerie, le soir sur le port, air tiède du couchant.
Les lumières s'allument, je m'offre une minute de méditation devant la plaque commémorative de la fondation de la ville par les phocéens, dont on fête cette année les 2600 ans.
La Mairie n'a d'ailleurs pas cru bon de les inviter, et les gays marseillais ont raté le coche et l'occasion de rétablir publiquement Dionysos et ses ménades, Sappho, et bien d'autres anciens dans leurs droits légitimes.
Un joyeux cortège païen aurait pourtant relevé la fête et le niveau d'une commémoration assez chiche, pour ne pas dire terne.
Mais la foule a eu ses athlètes, puisque le Maire a présenté en grande pompe l'Olympique de Marseille, que les fantasmes gays n'épargnent pas (s'ils savaient!).


A gauche, la Mairie illuminée, à droite, notre promène-couillons

Un vieux gréement quitte le quai, glisse sur l'eau, et me rappelle que l'esprit grec ou latin qui règne ici, pour discret qu'il soit, n'est pas près de capituler devant l'homogénéisation des anglo-saxons qui s'étend, surtout dans notre communauté gay.
Les roumains qui demandent des livres en français vont dans le même sens, il est temps que la communauté gay méditerranéenne relève la tête, et tisse des liens assez forts avec nos voisins pour que tous soient entendus autour de la Méditerranée.
C'est après tout une tâche que l'UEEH est seule à remplir, la Gay Pride est un produit d'importation.



Nos vedettes offrent le spectacle à la population

Assez rêvé, les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence sont là, et les Gays Musettes, improvisant sur le quai un numéro avec chansons ("quand il me prend dans ses bras", etc), volant la vedette à un groupe catho qui racole sur le quai en chantant des cantiques à l'américaine. Dépités, ils plieront bagage, sous les regards narquois des gays et lesbiennes présents.
La foule des badauds est sidérée, bouche ouverte, regarde notre troupe assez conséquente, ose quelques photos.
Des femmes maghrébines en burnous ne sont pas les moins étonnées, mais la population marseillaise, bien que surprise, s'attarde à ce spectacle improvisé, sourit, se laisse séduire, et personne ne nous agresse.


Les badauds ébahis, sous la banière lumineuse des 2600 ans, en bas de la Canebière

Finalement, tout le monde embarque sur deux grosses vedettes, et nous quittons le quai.
Ceux qui ne connaissent pas Marseille comprennent combien la ville est tournée vers son port, avec ce grouillement de population, le charroi des voitures, l'Hôtel de Ville illuminé, un trois mâts devant le quai d'honneur, les forts de Vauban qui ferment le port, Le Théâtre national de la Criée illuminé, et Notre Dame de la Garde sur sa colline.
Chacun s'extasie, les étrangers ne sont pas les derniers.
La croisière nous fait faire un tour de rade, passant par le château d'If, la corniche, le vallon des Auffes, Endoume, illuminés dans le soir qui tombe.

Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence célèbrent des bénédictions en mer.

Nous arrivons aux Iles du Frioul, en milieu de rade. Le port est bordé de cafés et de restaurants, un temple dorique surplombe le bassin d'honneur.


Le bassin d'honneur du Frioul et son temple dorique

Les bateaux sonnent les sirènes, se rassemblent devant la digue.
"Tout le monde à bâbord, chéri, il y a un feu d'artifesse!"
Pendant plusieurs minutes, les fusées éclatent dans le ciel, les gerbes colorées s'étalent, tout le monde est ravi et applaudit. Non seulement la surprise est très jolie, mais en plus, c'est pas discret!








Le Frioul est un endroit retiré, où à cette heure-ci ne restent que des habitants, quelques clients de café, et les plaisanciers en escale, avec une ambiance nocturne bien insulaire et tranquille.
Inutile de dire que quand nous débarquons enfin, tout le monde rameuté par la pétarade vient voir qui sont ces gens qui s'offrent un feu d'artifice privé!

Surprise générale devant les soeurs, les travestis, les garçons et les filles en couples homonymes, les paons divers qui mènent la fête.

Le cortège passe fièrement devant toutes les terrasses médusées, pour finir au pied de la grande digue.
Nouvelle surprise, des chichis marseillais tout frais venus de l'Estaque nous attendent, arrosés de rosé ou de coca. Ce beignet marseillais enchantent les bouches, et un participant marocain offre de surcroît des pâtisseries orientales préparées pour l'occasion.
La joyeuse troupe s'étale, s'installe, des badauds viennent jusqu'à nous voir ce qui se passe, s'assoient sur le bord du quai.


Un choeur chante à capella quelques airs classiques, sous les applaudissements conjoints des plaisanciers, installés dans leur cockpit pour ce spectacle inattendu.



Puis certains se sont perdus dans la nuit des îles, d'autres ont regagné la vedette qui rentrait à Marseille, pour se coucher ou aller à la fête du CGL.

Pour ma part, j'ai fini la nuit sur place, bercé sur un voilier, en compagnie d'un cambodgien charmant, avec un peu de rosé frais et beaucoup de douceur.
Nous avons découvert que nos amis gays parisiens les plus chers étaient les mêmes, et avons agit en conséquence, avec une poésie brûlante que Constantin Cavafy n'aurait pas désavoué.

A l'année prochaine, nous comptons sur vous et vos amis.



Donald SUZZONI


à suivre ... l'année prochaine

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