Collectif pour le contrat d’union sociale et le PActe Civil de Solidarité 3 rue Henri Ranvier - 75011 Paris -------------------------- Message du collectif pour le PACS aux manifestants de la Lesbian & Gay Pride du 26 juin 1999 Le 30 ème anniversaire des émeutes de Stonewall permet de prendre la mesure d'une action politique s'inscrivant dans le temps. La vie quotidienne des homosexuels américains et encore moins celle des lesbiennes n'a pas changé radicalement le matin du 1er juillet 1969, après quatre jours d'affrontements avec la police New-yorkaise. Ce qui fut un point de départ ne peut pas être « commémoré » comme un résultat. Si la suppression de l'article 331 alinéa 2 du code pénal, en 1982, a permis de faire sortir l'homosexualité de la catégorie des infractions, elle n'a pas non plus entraîné immédiatement une modification des attitudes à l'égard des homosexuels. En revanche, ces deux événements, avec d'autres, ont contribué à ce que la vie d'un homosexuel en 1970 soit radicalement différente de celle d'un gay vivant en 1999. Le PACS s'inscrit dans ce type de processus-là. Dire qu'il y aura une nette différence entre l'avant et l'après entrée en vigueur du PActe Civil de Solidarité serait excessif. En revanche, il est clair que les huit années de combat - les deux dernières furent particulièrement denses - ont profondément modifié la place des couples non mariés - hétérosexuels, homosexuels ou duos de solidarité - dans le débat public et par voie de conséquences dans la société française. La traditionnelle et méprisante réponse : « les concubins ignorent la loi, la loi les ignore » datant de Napoléon 1er, a laissé la place à une prise en compte aujourd'hui incontournable de ces situations de vie. Même le Sénat s'est mis à examiner en détail la proposition de loi relative au PACS. Certes, la tonalité du travail qu'il a engagé fut conforme à la réputation réactionnaire que sa majorité cultive. Une fois votée, qui osera revenir sur cette législation originale qui, comme l'a déclaré la Garde des Sceaux, fut une initiative des homosexuels qui intéresse l'ensemble de la société ? Vraisemblablement personne. Les huit années de débats publics à travers toute la France, les plus de cent cinquante heures de discussions parlementaires, les manifestations ratées et outrancières agiront comme autant de garde-fou (dans tous les sens du terme) pour préserver cette nouvelle loi des effets d'alternances politiques. On comprend dès lors l'intérêt de passer du stade de la revendication, de la menace ou de l'ultimatum, à celui de l'action politique prolongée. L'homosexualité n'étant ni de gauche ni de droite, l'homophobie a donc reculé à gauche comme à droite. Elle s'est aussi diversifiée. Ne revenons pas sur les propos - bien longs ! - de madame Boutin ou les odieuses propositions de monsieur Dord envisageant la conclusion d'un PACS dans les services vétérinaires (sic). A gauche, si les attaques furent rares, les véritables soutiens ont parfois encore du mal à se faire connaître franchement. On a accusé facilement les députés absents le 9 octobre de tous les maux. Pareil accident fut pour le moins regrettable mais relève plus de la bêtise et de la négligence que de l'homophobie caractérisée. En revanche, les charges répétées « d'experts » de tout sauf de la réalité, ne furent pas simple à contrer. Elles le furent d'autant moins qu'ils et elles manient la démagogie avec un art consommé et qu'il s'est trouvé des militant/e/s pour s'y laisser prendre. Bref, il nous faut bien constater que le PACS va devenir une réalité législative grâce à l'engagement militant des uns et des autres, notamment du Collectif que nous avons animé et grâce à la Gay Pride, mais aussi parce que la gauche politique en a fait l'un de ses projets. Le rôle d'Elisabeth Guigou, de Catherine Tasca, de Patrick Bloche et de Jean-Pierre Michel fut décisif. Il est utile de s'en souvenir. Le soutien ferme, constant et durable de Roselyne Bachelot-Narquin et de Jean-Luc Roméro a laissé espérer un éclatement des clivages politiques traditionnels qui ne s'est finalement pas produit. On le voit, les militants de demain ne manquent pas de travail pour mettre enfin la question de l'homosexualité à sa place : au-delà des clivages partisans. Puisque nous sommes en fin d'année scolaire, nous pourrions indiquer sur le carnet de notes de la gauche : « Une petite faiblesse au cours du premier trimestre ne remet pas en cause un bon résultat global. Ne doit pas s'endormir sur ses lauriers. ». Celui de la droite pourrait porter comme appréciation : « De trop rares éléments qui ne permettent pas d'éviter un redoublement » ! Mais venons-en au proche avenir. Nous nous sommes battus pendant huit ans pour que le PACS devienne réalité concrète et applicable. Oui, demain, un homosexuel ou une lesbienne ne pourra plus être expulsé de son logement au décès de sa compagne, de son compagnon ! Si dans cette affaire les questions d'argent n'ont jamais été essentielles pour nous, nous avons toujours gardé à l'esprit des mots qui nous sont chers : AMOUR - AMITIÉ - ENGAGEMENT - RESPECT - SOLIDARITE - DROITS ET DEVOIRS... ! Sitôt la loi entrée en vigueur, il faut s'emparer du PACS. Désormais les entreprises qui accordent des droits aux concubins hétérosexuels devront les accorder à tous les concubins et concubines et aux signataires d'un PACS. Si chacun et chacune ne se préoccupe pas de cela sur son lieu de travail, quel qu'il soit, on peut penser que les entreprises privées ou publiques ne se précipiteront pas pour faire appliquer la loi. Par des contacts sérieux nous avons ouvert des portes. Des discussions avec la M.G.E.N. laissent à penser que cette mutuelle réagira rapidement aux progrès législatifs. Mais nous ne pouvons mener à bien l'ensemble de ce travail à votre place. C'est à vous de prendre votre destin en mains ! Par ailleurs, si le PACS n'est pas signé en mairie, ce que nous regrettons, rien n'empêche les élus à relayer cette nouvelle disposition législative auprès des citoyennes et citoyens pour les informer complètement par un moyen approprié : point d'information, article dans le bulletin municipal... Déjà, plusieurs municipalités se sont engagées à agir en ce sens. C'est à chacun de vous d'interpeller votre maire ! Enfin, nous sommes persuadés que si le PACS est soutenu par une majorité de françaises et de français, c'est parce que ce n'est pas une disposition communautariste mais qu'elle intéresse toute la société. Il faut continuer à chercher à s'adresser au plus grand nombre. En ouvrant les yeux sur toute la société, on découvre que des gens très divers rencontrent des difficultés qui leur sont communes. Ainsi, depuis quelques années, la question de la « coparentalité » est de plus en plus abordée, alors que la France compte de plus en plus de familles recomposées. Une fois encore, ce sont les homosexuels et les lesbiennes qui ont posé le problème. Pourquoi, comme pour le PACS, n'arriveraient-ils/elles pas à convaincre ? Plutôt que de cultiver sa nuance à la marge, agir au cœur de la société, même si personne ne vous y invite, reste un des plus sûrs moyens pour la faire progresser et pour y être mieux inséré. Contacts : Jan-Paul Pouliquen et Denis Quinqueton Président et Secrétaire Général du collectif national Tel & fax : 01 43 70 42 35 . Tel portable : 06 85 70 01 34 Internet : http://www.club-internet.fr/perso/ccucs - e-mail : ccucs@club-internet.fr