Marseille 1998

 

 
Noyées le 11 juillet au beau milieu des festivités du Mondial de Football, la Gay Pride de Marseille n'a pas mobilisé les foules. Dans l'euphorie footballistique, les organisateurs annoncent qu'ils ont dénombré 6.000 participants. Tous les marcheurs s'accordent à reconnaître que s'il y avait 1.500 personnes sur le Vieux-Port, c'était bien le diable.

Peut-on vraiment parler de démobilisation à voir ces petits chiffres de participation ? La date tardive du défilé, et la désynchronisation avec les autres Gay Pride françaises concentrées au début du mois du juin, a beaucoup contribué à clairsemer les rangs des manifestants.

Les mesures de sécurité imposées par les autorités pour cause de Coupe du Monde ont aussi rebuté des marcheurs potentiels. Au dernier moment, le parcours de la manifestation a été bouleversé. Lors de la Gay Pride de Canne, le 28 juin, certains nous ont confié "j'irai sûrement à la fête, mais pas question d'aller me faire casser la gueule par les supporters de foot".

Il faut reconnaître aussi que l'organisation de la Gay Pride a été source de nombreux conflits entre associations, et entre individus. Les associations lesbiennes - le CEL et les 3G - les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence, le Collectif Gai Marseillais et le groupe motocycliste AMA n'ont pas pris part au cortège.

Dans un courrier envoyé à la coordination Interpride - gardienne de l'appellation et de l'esprit Lesbian & Gay Pride - le CGL de Marseille explique les raisons d'une décision aussi grave. Il dénonce "les méthodes des organisateurs" qui ont préparé les choses dans leur coin, sans prendre l'avis des autres.

Les filles ont aussi été particulièrement choquées par les "inqualifiables propos" tenus dans le programme présentant les diverses activités, et diffusé à plusieurs milliers d'exemplaires.Elles ont trouvé misogynes l'humour de certaines définitions du lexique final. Un comble pour une manifestation placée sous le thème de l'homophobie, du sexisme du racisme et des droits de l'Homme !

Heureusement, si les homosexuels marseillais ont partiellement boudé la marche, les politiques de la région ont répondu plus favorablement. Pour la première fois dans la cité phocéenne, des élus ont défilé en tête du cortège et ont pris la parole à l'arrivée sur le Vieux-Port.

On a surtout entendu les représentants politiques de gauche. Sylvie Andrieux, député PS des Bouches-du-Rhône, a tenu a dire son plaisir d'être présente, et a assuré les marcheurs de son soutien au PaCS, promettant que le débat de la rentrée "aboutira, car c'est dans le sens de l'histoire, de la vie et de la nature". Pour le PC, Jean Dufour, conseiller général, prenait également l'engagement de tout faire "pour qu'en septembre le PaCS aille le plus loin possible".

Finalement, les grandes fêtes du soir de la marche ont réconcilié tout le monde autour de la musique. 3.000 ont fait la fête toute la nuit au son des rythmes techno pour la Gay & Lesbian Unity III, la plus grande rave du sud-est organisée dans les lieux magiques d'anciens entrepôts. Plus calmement, mais tout aussi joyeusement, 600 personnes ont dansé dans les salons de la Réale pour le bal du Collectif Gay et Lesbien Marseille Provence.

Jean-Benoît RICHARD

 

FQRDLa France Gaie et Lesbienne France QRD 

Gay Pride '98 

 page réalisée par Jean Benoit Richard mail 

Dernière mise à jour le 1/9/1998 Copyright Gais et Lesbiennes Branchés © 1998