MENACES SUR LA GAY PRIDE A TOULOUSE

La traditionnelle marche qui clôture la fierté gaie et lesbienne a failli ne pas avoir lieu commé prévu le 7 juin dans la ville rose. Fin mai, la mairie avait donné un avis défavorable au projet de parcours présenté par les organisateurs, qui traverse tout le centre ville, et la fameuse place du Capitole. Les organisateurs ont entamé pendant quelques jours un bras de fer avec la municipalité. Heureusement, les deux parties ont trouvé un accord qui satisfait tout le monde.


27 mai 1997 : Y aura-t-il une marche de la Gay Pride à Toulouse ?

Officiellement, le conseil d'aministration de la ville de Toulouse a rendu un avis défavorable motivé par les services de la circulation et par des plaintes des commerçants. Le centre ville de Toulouse est petit. L'itinéraire du cortège conduirait à l'asphyxier complètement. "Alors, vous comprenez", explique-t-on à la Mairie, "les gens qui voudraient faire leurs courses ce samedi-là abandonneraient pour aller à Carrefour, en banlieue. Les commerçants, qui ont beaucoup souffert d'une très longue grève des transports en commun cet hivers, ne le supporteraient pas".

Par ailleurs, le comité des Fêtes signale qu'il y aura déjà deux manifestations ce jour-là sur la place du Capitole : une exposition à l'occasion du trentenaire des parcs régionaux, et le championnat de France de Paddle qui a installé deux terrains.

"Il n'en n'est rien" estime Didier, le président de l'association 'La Marche Gaie et Lesbienne' qui coordonne les événements. "Il n'y aura pas de nuisances commerciales. Au contraire, nous pensons qu'une manifestation comme la Gay Pride attire sur son parcours de nombreux spectateurs. Il ne faut pas oublier non plus que parmi les manifestants, il y aura au moins cinquante commerçants qui sont installés en centre ville, et qui sont très attentifs à ce problème de fréquentation".

"Nous avons rencontré jeudi dernier les élus municipaux en charge du dossier" précise encore Didier. "Monsieur Cotonat et Madame Baylet nous ont présenté ces arguments. Il nous ont aussi déclaré que la population toulousaine n'était pas encore prête à voir des homosexuels défiler dans les rues, et que deux garçons ou deux filles qui s'aiment sont provoquants".

Ces propos, à la limite de l'homophobie ont déclenché immédiatement une campagne de protestation. Quoi qu'il arrive, "la marche aura lieu le 7 juin" écrivent les organisateurs dans un tract diffusé depuis lundi dans la ville rose. Le document appelle à de nombreuses actions tout au long de la semaine. Mardi, les toulousains étaient invités à bloquer le standard téléphonique de la Mairie pour demander des explications sur cette décision incompréhensible. Le point d'orgue de ce mouvement de réaction se déroulera mercredi soir. Un rassemblement de protestation est prévu à 18 heures sous les fenêtres de Dominique Baudis.

Cependant, le rassemblement sera peut être annulé. En effet, mardi soir, le cabinet du maire prenait contact avec 'La Marche Gaie et Lesbienne', pour proposer une réunion de concertation avec un représentant de la municipalité. Elle se déroulera mercredi en début d'après-midi, et aura pour but de trouver un parcours acceptable par les deux parties. "C'est un effort réel de conciliation" se félicite Didier. La mobilisation ne faiblit pas pour autant. Comme le confiait peu de temps après l'annonce de la réunion un responsable du Centre Gai et Lesbien de Toulouse, "la Gay Pride est une manifestation de visibilité, nous ne pouvons pas accepter qu'on nous interdise de défiler en centre ville".


28 mai : ville et organisateurs trouvent une solution pour maintenir la marche

Le ciel s'éclaircit à Toulouse : les menaces qui pesaient sur la marche gaie et lesbienne sont partiellement levées. Mercredi 28 mai, les organisateurs ont rencontré un chargé de mission pour trouver une solution après l'avis défavorable rendu par le comité des fêtes de la ville sur le projet de parcours de la manifestation prévue le 7 juin.

"Nous avons eu une rencontre extrêmement positive" déclarait Didier, président de l'association 'La Marche Gaie et Lesbienne', organisatrice du défilé, quelques instants après sa sortie du bureau de Claude Llabres, chargé par Dominique Baudis d'aplanir les difficultés. "Nous nous sommes entendus sur un itinéraire qui convienne à chacun".

Pour ne pas trop gêner la circulation, les manifestants parqueront leurs chars à l'entrée de la place du Capitole, et c'est à pied qu'ils la traverseront pour se rendre devant le Donjon où ils observeront une minute de silence à la mémoire des victimes du SIDA. Les marcheurs reprendront ensuite leurs véhicules et le cortège ira se disloquer place Arnaud-Bernard, comme prévu. Ainsi, le centre ville ne sera pas complètement asphyxié par le défilé, et les marcheurs pourront investir pendant un temps la plus fameuse place de la ville rose.

Au cours de cette rencontre, Claude Llabres a aussi tenu a rassurer les organisateurs de la Gay Pride sur les bonnes intentions de la municipalité à leur égard. A titre personnel, il a apporté tout son soutien au mouvement, et s'est fait l'interprête du maire pour assurer que, même en cas de désaccord, Dominique Baudis s'engageait à ne rien interdire.

Malgré cette solution, qui ménage la chèvre et le choux, les organisateurs restaient très vigilants mercredi soir. Ils maintenaient leurs mots d'ordre de blocus téléphonique de la mairie et de rassemblement en fin d'après-midi pour garder la pression jusqu'à l'obtention de l'accord définitif.

Jean-Benoît RICHARD

Copyright Gais et Lesbiennes Branchés, © 1997

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