24 Octobre 1997
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Polémiques autour d'une subvention à AIDES-Provence

Le Conseil Général du Var ne subventionnera pas cette année les activités d'AIDES-Provence. L'association de lutte contre le sida s'est vu refuser 130.000 francs au motif que l'institution varoise n'apprécie pas les dépliants qu'elle distribue. Dans deux courriers, datés d'avril et de septembre, Hubert Falco (UDF-DL), président du Conseil, a jugé les outils de prévention d'AIDES "totalement déplacés" et même "attentatoires à la dignité humaine".

En fait, Monsieur Falco a voulu sanctionner une distribution de plaquettes un peu trop explicites à des enfants d'une douzaine d'années, au cours d'une manifestation dans les collèges du département. Les membres d'AIDES avaient été débordés par les gamins qui avaient littéralement pris d'assaut leur stand. Des plaquettes destinés à leurs aînés étaient tombées malencontreusement entre leurs mains. La vice-présidente varoise de l'association n'avait pas manqué de s'en expliquer et de s'en excuser.

AIDES-Provence a vivement réagi au refus de subvention en publiant un communiqué qui stigmatise "cette prise de position rétrograde" . Elle n'a pas hésité à se placer sur un plan politique en rapprochant la décision d'Hubert Falco de celle de la municipalité Front National de Toulon, qui depuis deux ans déjà a supprimé tout financement. "Ces deux institutions locales", écrivent les responsables d'AIDES-Provence, "en refusant de soutenir [nos] actions de prévention, en choisissant des stratégies allant à l'encontre de tous les indicateurs de santé publique, ne peuvent que contribuer à l'extension de l'épidémie et compromettent la vie et la santé de leurs administrés, qu'elles sont pourtant censés protéger".

Le texte a provoqué une cascade de réactions, et d'abord celle de Jean-Marie Le Chevallier. Le maire de Toulon, a apporté son soutient au président Falco. Dans un communiqué, l'édile toulonnais a considéré que "l'argent du contribuable ne [devait] pas servir à financer le prosélytisme homosexuel et les prises de position politiciennes d'AIDES".

D'autres élus varois ont mis leur grain de sel dans la polémique à travers les colonnes de la presse locale. Dans l'édition varoise de Nice-Matin, le député socialiste Robert Gaïa critiqué le refus de subventionnement et a dénoncé "le retour à l'ordre moral...Il ne faut pas céder à des lobbies d'un autre temps".

Le patron R.P.R. du département , le député Jean-Pierre Giran, lui aussi a regretté la décision du Conseil Général en déclarant qu'"une association agréée par l'Etat et dont l'action est reconnue doit avoir dessubventions stables qui ne doivent pas être liées à un jugement de valeur sur un document d'information".

Il est regrettable que des considérations de santé publique servent aux hommes politiques à se situer en vue des prochaines échéances électorales. Le Var est-il vraiment un département à part, comme l'affirmait récemment Jean-Pierre Chevènement, le ministre de l'Intérieur, mais à propos d'une autre affaire ? En tout cas, cette polémique a conforté les bénévoles varois d'AIDES dans leur engagement, avec ou sans l'aide de leur département.

Jean-Benoît RICHARD

FQRDLa France Gaie et Lesbienne / France QRD
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