Le Conseil
Général du Var ne subventionnera pas cette année
les
activités d'AIDES-Provence. L'association de lutte contre le
sida
s'est vu refuser 130.000 francs au motif que l'institution
varoise
n'apprécie pas les dépliants qu'elle distribue. Dans
deux
courriers, datés d'avril et de septembre, Hubert Falco
(UDF-DL),
président du Conseil, a jugé les outils de
prévention
d'AIDES "totalement
déplacés" et même
"attentatoires
à la dignité humaine".
En fait, Monsieur
Falco a voulu sanctionner une distribution de plaquettes
un peu trop
explicites à des enfants d'une douzaine d'années,
au cours
d'une manifestation dans les collèges du département.
Les
membres d'AIDES avaient été débordés par
les
gamins qui avaient littéralement pris d'assaut leur stand.
Des
plaquettes destinés à leurs aînés
étaient
tombées malencontreusement entre leurs mains. La
vice-présidente
varoise de l'association n'avait pas manqué
de s'en expliquer et
de s'en excuser.
AIDES-Provence a vivement
réagi au refus de subvention en publiant
un communiqué qui
stigmatise "cette prise de position rétrograde"
.
Elle n'a pas hésité à se placer sur un plan
politique
en rapprochant la décision d'Hubert Falco de celle de la
municipalité
Front National de Toulon, qui depuis deux ans
déjà a supprimé
tout financement. "Ces deux
institutions locales", écrivent
les responsables
d'AIDES-Provence, "en refusant de soutenir
[nos] actions de
prévention, en choisissant des stratégies
allant à
l'encontre de tous les indicateurs de santé publique,
ne peuvent que
contribuer à l'extension de l'épidémie
et
compromettent la vie et la santé de leurs
administrés,
qu'elles sont pourtant censés
protéger".
Le texte a provoqué une cascade
de réactions, et d'abord
celle de Jean-Marie Le Chevallier. Le maire
de Toulon, a apporté
son soutient au président Falco. Dans un
communiqué, l'édile
toulonnais a considéré que
"l'argent du contribuable
ne [devait] pas servir à
financer le prosélytisme homosexuel
et les prises de position
politiciennes d'AIDES".
D'autres élus varois ont
mis leur grain de sel dans la polémique
à travers les
colonnes de la presse locale. Dans l'édition
varoise de Nice-Matin,
le député socialiste Robert Gaïa
critiqué le
refus de subventionnement et a dénoncé
"le retour
à l'ordre moral...Il ne faut pas céder
à des lobbies
d'un autre temps".
Le patron R.P.R. du département
, le député Jean-Pierre
Giran, lui aussi a regretté la
décision du Conseil Général
en déclarant
qu'"une association agréée par
l'Etat et dont
l'action est reconnue doit avoir dessubventions stables
qui ne doivent pas
être liées à un jugement de valeur
sur un document
d'information".
Il est regrettable que des
considérations de santé publique
servent aux hommes
politiques à se situer en vue des prochaines
échéances
électorales. Le Var est-il vraiment un
département à
part, comme l'affirmait récemment
Jean-Pierre Chevènement,
le ministre de l'Intérieur, mais
à propos d'une autre affaire
? En tout cas, cette polémique a
conforté les bénévoles
varois d'AIDES dans leur
engagement, avec ou sans l'aide de leur département.
Jean-Benoît
RICHARD |