A chacun de ses proches, il dit à peu-près : "j'ai un copain, depuis 3 ans, voilà, je voulais te le dire, mais c'est pas la fin du monde". Et il filme leurs réactions, traquant leurs regards.
Il en apprend encore plus sur sa famille (et même que son père aurait serait plus ou moins homo), dont les réactions sont parfois surprenantes : plutôt hostiles de sa soeur, plutôt encourageantes de son père.
C'est ainsi un portrait involontairement acide de la famille hétérosexuelle, dont les frustrations, le déficit affectif, l'instabilité sont révélés par les dialogues, face à sa relation, stable et heureuse, avec Antoine.
Après la projection, Rémi Lange a commenté son travail et répondu aux questions.
Après la présentation d'une nouvelle brochure éditée par l'AJCS et la Fédération GEMINI, "Garçons entre eux, Désir, Amour et Sexualité", le débat s'est rapidement étendu à la vie des jeunes gais.
Les campagnes de prévention se heurtent à la difficulté de parler de la sexualité, et en particulier de l'homosexualité aux jeunes. Il ne faut pas hésiter à parler des premiers rêves, de la première relation, de l'initiation, des lieux de drague. La situation peut être très différente en province et à Paris. Il est nécessaire de mettre en scène la prévention, de créer des lieux de dialogue, d'offrir des images positives de l'homosexualité aux jeunes gais et à leur entourage.
Doit-on passer par le sida pour en parler, au risque de lier l'image de l'homosexualité au sida ?
Même quand des brochures de prévention sont disponibles, tous n'ont pas le courage, face aux autres, d'aller les prendre ; même quand on est informé, on n'a pas toujours le cran d'appliquer ce qu'on sait, face à l'autre : timidité, confiance par amour, découragement, lassitude.
Les campagnes de prévention peuvent aussi avoir des effets secondaires non souhaitables.
Elles peuvent ainsi conduire à une surévaluation d'une pratique sexuelle, la sodomie, qui est en réalité minoritaire (pratiquée par seulement 1/4 des homosexuels, et, au fait, par combien d'hétéros ?) ; cette surévaluation, reçue indépendamment du message de prévention, est tout à fait dangereuse.
L'imposition d'un modèle hétérosexuel de référence, la fidélité, qui n'est pas nécessairement pertinent pour les relations homosexuelles, avec l'amalgame entre fidélité sexuelle et fidélité en amour ; d'ailleurs, ne peut-on pas aimer plusieurs personnes à la fois ?
Des polarisations homme/femme, homo/hétéro qui ignorent qu'il y a des bisexuels, lesquels veulent simplement aimer un être humain.
Il faut au contraire parler davantage d'amour, de l'amitié, des gestes de l'amitié (que les filles pratiquent davantage entre elles que les garçons, qui sont tenus à un code de la virilité).
Enfin, les campagnes de prévention, doivent aussi s'adresser à l'entourage des jeunes.
L'association Contacts regroupe des parents et amis d'homosexuels, qui sont allé de la simple acceptation, à la pleine reconnaissance.
Le rôle de la famille devrait être d'abord de faciliter l'insertion du jeune gai dans la société. Mais il ne faut pas s'arrêter à la déclaration "je suis gai" et croire que tout est fait. Les enfants éduquent leurs parents, qui doivent à leur tour promouvoir la même tolérance vis-a-vis des autres, être l'ambassadeur de leurs enfants, les protéger contre les discriminations. Les parents qui parviennet à ce stade regrettent de ne pas l'avoir su plus tôt. Mais il y a aussi des parents qui "acceptent" l'homosexualité de leur fils ou fille tout en préférant le silence, se souciant davantage des voisins que de leurs enfants ("n'en parle à personne, ça doit rester entre nous").
La famille est le premier lieu de tensions et de conflits que rencontre l'adolescent ; ce n'est pas toujours idyllique. Elle doit aussi être le premier lieu de respect de la vie privée de chacun de ses membres, en particulier de la sexualité.
La famille, c'est ce dont il faut être indépendant ; l'Unef-ID revendique l'allocation d'études pour tous, pour assurer l'indépendance matérielle, sans laquelle les jeunes n'ont pas de statut social, ne sont pas réellement citoyens. C'est une question politique. Alors le come out peut devenir libre, sans risque de se voir jeté à la rue.
Dans le come out, l'image du groupe (les "homos") priment sur l'individu ; il est plus facile de dire "je vis avec Rémi" que de dire "je suis homo". Il est aussi plus facile pour les parents d'accepter la simple orientation sexuelle que le mode de vie qui, quand il est non marital est déroutant pour les parents. De cette notion de groupe autre dérivent directement le racisme et l'homophobie. Malheureusement il s'avère plus facile d'être accepté comme séropo que comme homo ; solidarité devant la maladie.
Il faut rejeter l'argument stupide du prosélytisme utilisé par les politiques conservateurs, pour reconnaître la nécessité d'informations accessibles par tous les jeunes sur l'orientation sexuelle, comme en Hollande, à l'école.
Le rythme était un peu lent, puisque partis à 14h, les derniers chars arrivaient encore à 19h. On notait peu de slogans politiques, mais on remarquait la participation du dragon de Droit Devant, qui témoignait du thème adopté cette année : "Contre toutes les exclusions".
On regrettait la guéguerre entre les organisateurs de la marche et Act Up, qui a d'abord ralenti la marche, puis par sonos interposées a rendu difficile à écouter le podium de la Bastille.
L'ambiance était extraordinaire à la Bastille, noire de monde pendant plusieurs heures, autour d'un podium où des messages ont été lus par les organisateurs de la marche. On retiendra des moments émouvants quand Fabienne Thibault est sortie de la foule pour venir chanter a capella, quand un père est venu dire sa fierté d'être là avec son fils, et aussi la signification politique de plusieurs interventions, avec des messages de soutien des syndicats d'étudiants ainsi que de Bertrand Delanoé et de Dominique Voynet.
Les moins chanceux des autres, qui étaient arrivés trop tard, ont dû repartir après avoir attendu plus d'une heure ; certains tentèrent en vain de se rabattre sur la soirée "non-officielle" (Act Up-FG) du Queen qui était aussi plein à craquer.
L'Aquaboulevard offrait deux immenses pistes de dance, l'une techno, l'autre disco. Et des spectacles, dont une réincarnation de Dalida.
Copyright Gais et Lesbiennes Branchés,
1995
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