Paris - 24 juin
L'homophobie, fléau social

La commission politique du conseil de la Lesbian & Gay Pride a choisi cette année de faire marcher les participants sur le thème L'homophobie est un fléau social. Elle s'explique sur son choix :

Le débat sur le pacs, dans la rue comme dans les hémicycles, a rendu visible l'homophobie en tant que haine, compassion misérabiliste, assignation à la subversion, ou encore comme disqualification, laquelle justifie toutes les formes de discrimination. L'homophobie est un fléau social que nous combattons, parce qu'il reste dans la société, dans les pratiques administratives et judiciaires, et jusque dans la loi, des discriminations, des violences, des brimades et des paroles de haine qui stigmatisent l'individu à cause de sa sexualité ; parce que l'homophobie se fonde sur le sexisme et se combine à lui pour former une lesbophobie en niant la sexualité des femmes.

La discrimination est l'exercice d'une distinction qui fait qu'une personne est traité de manière différente d'une autre. Notre législation, qui interdit certaines discriminations fondées sur les moeurs, doit être étendue pour qu'elle soit plus homogène, plus complète et plus efficace : par la pénalisation des propos discriminatoires, de la discrimination indirecte et des brimades, par la possibilité accordée aux associations de se porter partie civile, par l'aménagement de la charge de la preuve (le responsable d'une différence de traitement devrait prouver qu'il ne s'agit pas d'une discrimination interdite) et l'interdiction des représailles (envers les personnes qui se plaignent d'une discrimination).

Une législation anti-discriminatoire globale doit être complétée par une politique sociale spécifique contre l'homophobie et la lesbophobie : sensibilisation du public sur la diversité des sexualités et sur la violence homophobe, ligne d'appel, formation de certaines professions, information des familles, soutien aux enfants exclus de leur domicile, campagnes de prévention spécifiques en matière de santé. Cette politique doit aussi reconnaître le rôle des associations, qui aident à reconstruire le lien social fragilisé par la discrimination : reconnaissance des associations gaies et lesbiennes en tant que partenaires du dialogue social et politique, soutien à leur fonctionnement et à leurs projets.

La discrimination résulte aussi de carences du droit, qui ignore volontairement des situations réelles. Corriger ces carences consiste notamment à améliorer le pacs et ses modalités d'applications, à reconnaître comme fondamentale la liberté de sa sexualité, à créer un cadre juridique pour le parent social, à permettre le partage de l'autorité parentale en cas d'adoption de l'enfant de sa/son partenaire, et à autoriser l'adoption pour tous les couples, indépendamment du mode de conjugalité et du sexe des partenaires.

Quand ceci sera accompli - mais y a-t-il une volonté politique pour y parvenir ? -, l'homophobie n'aura peut-être pas disparu, mais la société aura les moyens d'en combattre les effets plus efficacement.

La commission politique du Conseil

 

FQRD

[LGP Paris 2000]

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