FQRD GAGE Gageure 59
avril - mai 95

Gageure 57
Gageure 61

Sommaire



Edito

Ces dernières semaines ont été marquées par les premières étapes de la campagne que le Gage mène en milieu étudiant. Après notre participation au débat de Campus Action Sida à Rouen, après l'action de visibilité des associations homosexuelles organisée avec l'association AUTRE dans le hall de l'université Panthéon-Sorbonne, c'est avec le collectif Jussieu Action SIDA que nous organisons le débat Sexe, Amours et Libertés sur le campus de Jussieu le 12 mai 1995. Bonne surprise, nous ne sommes pas seuls sur le terrain. La volonté du Gage coincide avec des initiatives nées à l'intérieur des facs et c'est pour cela que ces actions réussissent.

Qu'il s'agisse d'encourager la naissance d'associations de jeunes homosexuel(le)s en Province, ou de renouveler la nature des actions de prévention, notre role est d'aider, pas de récupérer. Nous mettons notre expérience, notre notoriété, nos contacts et nos moyens à la disposition de toutes les initiatives intéressantes : celles qui contribuent à mieux faire connaître et à rendre visible l'homosexualité auprès des étudiants, et celles qui favorisent l'effort de chacun dans la lutte contre l'épidémie de sida.

Jean-Baptiste Bouin


Agenda


Bons Plans

Nos copains ont du talent

Coup de pouce, coup de coeur pour Cédric Marcillac, jeune et talentueux styliste dont les créations toujours plus imaginatives et conceptuelles commencent à poindre dans le milieu. Sa gourmette très kitch est déjà dans le dernier 20 ans. Ses premières créations sont diffusées à la boutique TGV : Thanks God I'm a V.I.P. Très tendance, très people ! Enfin quelque-chose à se mettre pour aller lundi soir au queen ?
TGV : Thanks God I'm a V.I.P. Fripes multi-ethniques et parisiennes. 60 rue Grenata, 75002 Paris.

Quand l'Amour est Gai

Rompre le silence qui entoure l'homosexualité masculine, briser l'image négative que la société majoritaire entretient encore fréquemment à l'égard des minorités sexuelles : voilà ce à quoi nous invite ce documentaire à la fois percutant et tendre dans lequel des homosexuels de tous âges et de toutes conditions sociales témoignent. Quand l'Amour est Gai, moyen métrage du réalisateur québécois Laurent Gagliardi, sera présenté le vendredi 12 mai 1995 à 20 heures à l'American Center, 51 rue de Bercy, 75012 Paris, en présence du réalisateur. La projection sera suivie d'un débat animé par Edmund White, écrivain américain, et Lionel Povert, journaliste.


Brêves

Le numéro du bonheur

"Allo le Gage, je viens de trouver votre numéro dans les affaires de mon copain. Pouvez-vous préciser l'heure du Rendez-vous à l'entrée du Queen, je dois lui apporter son body à résille repassé ?" Si vous aussi vous rencontrez des problèmes de vie quotidienne, le Gage met désormais à votre disposition une ligne directe, mis en place avec la collaboration de Sida Info Service. Le numéro à apprendre par coeur est le 44 93 16 93. Ce numéro entrera en fonctionnement à partir du mois de Mai. Il proposera tout d'abord des informations sur les activités du Gage, sous la forme d'un message enregistré. Mais la finalité de cette ligne est de créer un service d'accueil sensibilisé aux étudiant(e)s gai(e)s qui souhaitent entrer en contact avec le Gage. Tous les volontaires sont donc les bienvenus pour organiser cet accueil téléphonique.
Contact : Benoît au 42 29 10 83.

Extra-Muros

Une nouvelle association gaie et sportive à Toulouse. L'association Extra-Muros est jeune mais a déja un calendrier très dense. Au programme : des soirées jeux, des restos, des visites culturelles, mais surtout beaucoup de sorties sportives (marche, ski, vélo, etc.).
Extra-Muros, BP 439, 31009 Toulouse cedex.

Très Grande Télévision Lesbienne

Les organisatrices du festival Quand les lesbiennes se font du cinéma (7ème édition en octobre prochain) rêvent d'une Très Grande Télévision Lesbienne . Plus raisonnablement, elles comptent proposer une manifestation vidéo lors du 7ème festival (qui comme chaque année sera non-mixte). En outre, elles organisent un concours de scénarios doté d'un prix de 10 000 F.
Association Cineffable, 37 avenue Pasteur, 93100 Montreuil (Tél : 48 70 77 11)

Tontines de la Bastille

S'inspirant de la Tontine africaine, groupement de femmes qui mettent ensemble l'argent dont elles disposent pour ensuite financer les projets de chacune d'elles, l'association les Tontines de la Bastille veut promouvoir une nouvelle forme de solidarité active en direction des malades du sida en situation matérielle et médicale précaire. Une tontine est constituée par un réseau de garants solidaires formé et animé par un garant principal autour d'un malade menacé par l'exclusion. Les tontines sont des créations singulières dégagées de toute contrainte institutionnelle, et ne sont fondées que sur la confiance mutuelle et le don. Déjà 250 garants environ contribuent à l'existence d'une douzaine de tontines.
Association les Tontines de la Bastille, 20 rue Larrey, 75005 Paris (Tél : 43 37 68 34)

Euro-Games

Plus de 1 800 sportifs gais et lesbiennes venus de 12 pays ont participé au troisième Euro-Games, à Francfort, du 14 au 17 avril. Etaient au programme : le badminton, le basket, le tennis de table, le bowling, le football, le handball, la natation, le volley, la danse gymnique, et les échecs. Les deux premières éditions des Euro-Games, organisées par la Fédération Sportive Eutropéenne des Gays et Lesbiennes (EGLSF), s'étaient déroulées à La Haye. Pour 1997, la fédération sportive gaie et lesbienne CGPIF a décidé de présenter la candidature de Paris. En 1998, ce seront les 5èmes Gay Games qui se tiendront à Amsterdam.
Comité Gai Paris-Ile-de-France (CGPIF), BP 120, 75623 Paris cedex 13 (tél : 43 64 32 75)

Ressourcement

Depuis décembre 1993, les SÏurs de la perpétuelle indulgence organisent et animent des séjour de ressourcement, déstinés à des personnes séropositives, malades du sida ou à leurs proches. Du 14 au 21 mai, le couvent de Paris séjournera à la montagne, près de Villard de Lans. Au programme : échanger ses émotions, ses expériences, et surtout se détendre, rire, se balader, faire la fête, se souvenir dans la joie de ceux qui nous manquent.
Les Soeurs de la perpétuelle Indulgence - couvent de Paris, 18 rue Pierre Larousse, 75014 Paris (tél : 48 22 45 42)

Préservatifs

L'utilisation massive des préservatifs par les jeunes lors de leur premier rapport sexuel est l'un des phénomènes marquants soulignés par une enquête de l'Agence Nationale de la Recherche sur le Sida (ANRS) menée auprès de plus de 6 000 jeunes de 15 à 18 ans, entre janvier et mars 1994. Plus des trois quarts des jeunes déclarent avoir utilisé des préservatifs lors du premier rapport sexuel, et un cinquième la pilule.


Gage dans les Facs

Rouen

Le jeudi 16 février 1995, Campus Action Sida, association de lutte contre le sida qui agit sur le campus de la fac de Rouen, a organisé une conférence intitulée Homosexualité et sida, premier thème d'un triptyque Sida et Tabous. Le débat s'est déroulé en présence d'une soixantaine d'étudiants, réunis pour écouter les interventions de Laurent Gallissot, chargé du service culturel de l'Université de Rouen, de Benoît Leclerc, président du Front Rose d'Actions et de Protestations, Guillaume Houdan, représentant l'association Chrétiens et Sida, Yannick Boufandeau, président de l'association Persona plus, et Yves Roussel pour sa dernière intervention publique en tant que président du Gage.

Les intervenants ont largement évoqué tous les problèmes qui se sont posés et qui se posent autour de l'homosexualité, soit en évoquant l'histoire du mouvement homosexuel, soit en rappelant quelques constats élémentaires sur le degré d'acceptation de l' homosexualité au niveau le plus quotidien. Qu'est-ce qui se passe pour un jeune qui découvre son homosexualité, comment se passe sa rencontre avec le milieu homosexuel, qu'est-ce que les étudiants et les étudiantes du Gage racontent sur leur vie et leurs amours, comment l'épidémie de sida a transformé le vécu homosexuel et sa représentation, comment les gens se protègent-ils ou ne se protègent-ils pas ? On s'est efforcé de faire le point, plus ou moins adroitement : l'important est-il la reconnaissance de certains styles de vie gay, et l'acceptation de certains comportements lorsqu'ils

La grande originalité du débat tenait à la confrontation de personnalités bien différentes : entre le sermon un peu précautionneux du représentant de l' association Chrétien et Sida, et les colères déclarées des militants d'associations homosexuelles, s'est fait sentir une certaine distance assez représentative de la diversité du public présent. Débat difficile à mener, donc, mais c'était une grande première, pour nous riche d'enseignement. A retenir : une association d'étudiants, petite soeur du Gage, est née dans la foulée.
Renseignements sur les prochaines actions de Campus Action Sida : 35 66 27 34

Jussieu

L'association Jussieu Action SIDA, le Gage et les organisations étudiantes du campus de Jussieu organisent un débat intitulé Amour, sexe, libertés le 12 mai 1995. Il s'agit d'une action d'information et de prévention de l'infection VIH, qui s'accompagne d'une démarche d'écoute et de dialogue sur la sexualité, et l'homosexualité en particulier.

En plus de favoriser la visibilté du Gage dans les facs, l'objectif de cette action est de faciliter la communication d'étudiants à étudiants sur les facons de se protéger de l'épidémie de sida. Il est en effet important que le discours de prévention ne soit pas exclusivement identifié à des acteurs institutionnels, mais puisse être incarné par des intervenants étudiants. Enfin, cette action vise à offrir un espace de parole et de dialogue inédit au sein de la vie étudiante, afin de faciliter l'abord par les participants de leurs préoccupations les plus personnelles relatives à leur vie affective et sexuelle.

Vendredi 12 mai 1995 de 12h30 à 13h30, amphi 34A - Tour 34 ; Campus de Jussieu, Place Jussieu (Paris Ve). Débat animé par Eric Lamien. Intervenant : Claude Guyomar'ch de Sida Info Service, Alexandre Dekkil de AIDES, Yves Roussel du Gage.


Pascal(e) aime Pascal(e)

Aujourd'hui encore, il existe des gays et des lesbiennes qui souffrent de se croire seuls. En outre, nombreux sont les hétérosexuels qui, sur la base de malentendus, nous rejettent. Pour ces deux raisons, à l'initiative des Lesbiennes Se Déchaînent, un groupe inter-associatif travaille depuis un mois pour développer la visibilité gay et lesbienne dans les facs.

A ce jour, déjà deux projets ont été menés à bien :

D'autres projets sont en cours :

- Organiser dans les autres facs ce que nous avons fait à Paris I.

- Participer le 12 mai à Jussieu, amphi 34A au débat Amour, Sexe et Libertés organisé par le Gage et Jussieu Action SIDA en collaboration avec les syndicats étudiants.

- Un débat sur "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'homosexualité sans jamais oser le demander" prévu à la rentrée de septembre.

D'autre part, il semblerait que certains gageux aient le désir de s'investir dans une action militante. Or, les mercredis au Duplex ne répondent pas à cette attente. L'idée serait donc de prévoir une réunion mensuelle (un jour autre que le mercredi) ou seraient conviés tous ceux et celles qui auraient envie à un titre ou un autre de faire avancer les choses.

Si vous êtes intéressés par un de ces projets vous pouvez donc contacter Mathieu au 45 49 28 50 ou Philippe au 48 52 25 38.

Mathieu Simonet


Les Lesbiennes se déchaînent

Gageure : Pascal(e) aime Pascal(e), c'est aussi Pascal aime Pascale. Cette action s'adressait donc aussi aux hétérosexuels ?

LSD : Oui. Nous avons essayé d'interpeller les hétérosexuels aussi bien que les homosexuels. L'homosexualité concerne aussi les hétérosexuels, puisque beaucoup d'entre eux connaissent des homosexuels dans leur entourage. D'autre part, l'ambivalence de ce message était un moyen d'atteindre des homosexuel(le)s qui ont du mal à s'affirmer. Le tract est rédigé de telle manière qu'un homo mal dans sa peau peut l'accepter sans se sentir gêné.

Gageure : Comment l'action a-t-elle été accueillie par les étudiants ?

LSD : Avec agacement. Ils ne refusent pas de dialoguer, mais ils ne se sentent pas concernés. Beaucoup d'entre eux nous ont trouvé provocants. Ils nient connaître des homosexuels autour d'eux. Et de manière générale, ils ne comprennent pas notre militantisme.

Gageure : Qu'est-ce qui ressort du dialogue que vous avez engagé ?

LSD : Les préjugés sont toujours très forts. Beaucoup de gens pensent encore que c'est une maladie. Les notions de sexe, d'amour et d'amitié sont confuses. Cette ignorance tend à montrer qu'il y a encore très peu de coming-out dans le cercle des amis. C'est assez étonnant de la part d'étudiants. Et surtout, faire bouger la société dans ces conditions, ca sera un travail de longue haleine.

Gageure : Avez-vous rencontré des homosexuel(le)s ?

LSD : Oui, mais beaucoup d'entre eux niaient l'être. Par exemple, nous avons discuté avec deux filles qui semblaient très proches, comme un couple. Mais elles se prétendaient hétéro. Plus tard, l'une d'entre elles est revenue nous voir seule, et nous a avoué être lesbienne. Elle était amoureuse de sa copine, mais lui avait toujours caché. Elle s'était même inventé un faux petit-copain pour faire diversion !

Gageure : Parlons de LSD. Quel est le but de votre association ?

LSD : Les lesbiennes sont mal représentées dans la plupart des associations homos. Alors nous avons décidé de créer notre propre association vraiment active. Notre but ? Foutre le bordel le plus possible. Le mal être des lesbiennes, il vient du défaut de visibilité. Or si on n'entend pas assez parler de l'homosexualité en général, on entend encore moins parler des lesbiennes en particulier. Les LSD sont là pour taper du poing sur la table.

Gageure : êtes-vous féministes ?

LSD : Pas du tout. Contrairement à d'autres associations lesbiennes, nous avons même des adhérents garcons. (15 adhérents bienfaiteurs pour 40 adhérentes). Mais ils n'ont pas le droit de vote : nous restons tout de même une association lesbienne.

Gageure : Pratiquement, quelles sont vos revendications ?

LSD : Nous voulons à tout prix aider les jeunes à s'affirmer, forcer la société à prendre de nouveaux repères. Nous revendiquons aussi le droit à l'insémination artificielle. Enfin, nous demandons une meilleure information sur le sida chez les lesbiennes. A la demande de LSD, une conférence sera organisée pour en débattre avec le CRIPS, SIS, Aides, et des médecins, afin d'élaborer un discours commun. Cette conférence fermée aboutira à une conférence publique.

Propos recueillis par Sylvain Demongeot.


Les présidentielles

Chirac : le sida, mais c'est tout

Le programme de Jacques Chirac en matière de lutte contre le sida, très complet, est axé sur le refus du dépistage systématique et de la discrimination, le renforcement de l'accueil des personnes atteintes, le renforcement des moyens des hopitaux, et le rééquilibrage des soins entre Paris et la Province. Parmi les différents points du programme de Chirac : des campagnes de prévention ciblées sur des médias généralistes, la création de kiosques mobiles pour aller au devant des populations à risques, la poursuite du préservatif à 1F et, une amélioration du programme de soins précoces. De plus, Chirac compte rattraper le retard de la France en matière de soins palliatifs et de vie quotidienne des malades. Enfin, il compte développer la recherche clinique en augmentant le nombre de bourses de recherches.

Coté CUC, par contre, ce n'est probablement pas un hasard si le maire de Paris n'a pas répondu à la lettre du journal HumÏurs. Le CUC n'est tout simplement pas au programme. Pour la reconnaissance officielle de la déportation homosexuelle, pas plus d'écho.

SD

Jospin : le doute persiste

Les homosexuels ont peut-être encore le cÏur à gauche (globalement à gauche ?), mais ils ont nettement pris leurs distances avec le parti socialiste. A la réunion publique Homosexuels Libres dans la cité, organisée le 15 mars par Bertrand Delanoe et Dominique Bertinotti, les candidats PS pour la mairie de Paris et le 4ème arrondissement ont vainement tenté de convaincre leur public de l'attachement du PS aux questions qui touchent les homosexuels : lutte contre le sida, valorisation de l'image des homosexuels, contrat d'union civile, des questions en réalité liées. Mais si chacun s'accorde à reconnaître les problèmes, les solutions à apporter ne font pas l'unanimité. De nombreux homosexuels trouvent timorées les propositions des représentants du PS et sont partisant d'une action plus franche. De plus, même si le langage de Bertrand Delanoe est très progre

Réponses des candidats au CUC

Edouard Balladur

J'ai bien recu la lettre que vous m'avez adressée et je vous en remercie. Elle témoigne de l'attention que vous portez aux problèmes de notre société. ( )

La réponse à ces problèmes et la poursuite d'un objectif de non-discrimination ne passent pas nécessairement, à mes yeux, par l'institution d'un nouveau contrat de droit civil entre les personnes. J'estime en effet qu'un tel contrat pourrait en lui-même être à l'origine de nouvelles dicriminations, qu'elles soient d'ordre juridique ou, plus gravement, de fait.

Robert Hue

Nous sommes sensibles au retard du droit sur l'évolution des mÏurs, particulièrement en ce qui concerne les couples vivant en dehors du mariage. Même si la législation, la règlementation, et surtout les pratiques - notamment au sein des organismes sociaux - ont évolué et pris en compte partiellement cette réalité de vie commune, il reste encore beaucoup à faire. Il revient aux citoyens d'élaborer des propositions conformes à leurs intérêts et de les faire entendre.

C'est dans ce cadre que le groupe communiste à l'assemblée nationale a déposé dès 1989 une proposition de loi relative à l'union de fait affirmant que le principe fondamental de l'égalité des droits devait être assuré à tout ménage, qu'il soit ou non sanctionnés par le mariage, mais aussi l'égalité des obligations, le droit de l'un étant souvent l'obligation de l'autre en matière financière ou patrimoniale.

Jean-Marie Le Pen

Le contrat d'union civile, baptisé médiatiquement mariage homosexuel, ne peut susciter mon agrément même si, comme vous le soulignez, certaines personnes lui trouvent des charmes incomparables. Soit ce type de contrat vise à résoudre certains obstacles fiscaux inhérents à la vie en commun, et alors il convient de prendre des mesures fiscales en la matière, notamment en ce qui concerne les successions. Soit il s'agit de permettre l'union légale de personnes du même sexe, et cette perspective ne me réjouit guère.

Je crains que ce fameux CUC ne soit un moyen supplémentaire de détruire cette institution essentielle à notre société qu'est la famille. C'est pourquoi j'y suis franchement hostile.

Dominique Voynet

Je réponds bien-évidemment positivement à vos deux questions, comme je l'avais d'ailleurs exprimé dans le n¡5 de HumÏurs. Je profite de l'occasion pour vous renouveler mon soutien. Sachez que je suis à votre disposition pour toute initiative que vous prendrez pour appuyer la lutte en faveur du CUC.

Antoine Waechter

Depuis 1992, j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de soutenir la proposition de création d'un contrat d'union civile pour les personnes ayant un projet de vie en commun : cohabitants, concubins, Aussi je souhaite vivement que ce projet soit rapidement soumis à discussion au parlement.

Lionel Jospin

Si l'image traditionnelle de la famille reste celle du couple hétérosexuel marié avec enfants, force est de constater que les structures juridiques instituées en sa faveur ne répondent pas, loin s'en faut, aux situations très diverses dans lesquelles se trouvent nombre de nos concitoyens.

Ce constat a conduit les parlementaires socialistes de l'Assemblée nationale et du Sénat à déposer des propositions de loi prévoyant la création du contrat d'union civile . Un tel contrat a pour objet de mieux protéger et d'offrir ainsi une plus grande sécurité à chaque citoyen quel que soit le modèle sur lequel il entend lier son destin personnel à celui d'autrui.


Cinéma

Prêtre

Un jeune prêtre catholique conservateur, sur de lui, est affecté dans une paroisse pauvre de Liverpool. Jusque là, pas de surprise. Le spectateur qui connaît le thème du film peut raisonnablement s'attendre à ce que le personnage soit soudainement ébranlé par la découverte brutale de son homosexualité. Or le film de Antonia Bird est plus fin : elle ne nous montre pas un prêtre tiraillé entre son homosexualité et sa foi. Au contraire, son personnage mène depuis longtemps une double vie sans heurts, et surtout sans mélange des genres.

Mais comment un jeune prêtre homosexuel peut-il être l'auteur de sermons aussi conservateurs ? Il devrait être compâtissant, lui qui pêche. C'est que sa dureté est l'arme intérieure qui lui permet de cacher sa sexualité et ses sentiments au plus profond de lui-même. Pour enfouir son démon homosexuel, il lui faut revêtir les habits du sacré. Mais ce jeu de cache-cache ne durera pas éternellement. Le masque tombe le jour ou son amant le rejoint en pleine communion, brisant la glace qui séparait le profane du sacré.

A ce point nodal du film, mis en images avec une charge émotionnelle extraordinaire, le sens du film peut basculer dans une direction imprévisible. Or l'homosexualité de ce prêtre, qui va éclater au grand jour, sera à la fois la source de sa déchéance sociale et de son salut spirituel. Progressivement, sa perception des autres hommes s'enrichit. Mais surtout, il découvre sa propre humanité. En même temps qu'il admet sa condition d'homme, il admet sa condition de prêtre. Il admet que le plus difficile n'est pas d'être fort, mais d'être faible.

Plus qu'une apologie de l'homosexualité, c'est donc une réflexion sur la foi et sur les principes chrétiens que nous propose la cinéaste. A la fin du film, le personnage, meurtri, comprend pourtant mieux son homosexualité et sa foi. Nous aussi sans doute.

SD

Cité Ciné 2

Selon les termes du scénographe, Francois Confino, Cités Cinés 2, "c'est un spectacle où l'on raconte une histoire. Le public va vivre dans une pièce de théâtre comme s'il était sur scène. Il sera acteur. On va lui demander d'agir, de rire, d'avoir peur, d'entrer dans un monde imaginaire et d'y vivre une grande aventure. Ce n'est pas une exposition sur le cinéma, mais un parcours cinématographique dans lequel chacun se fait son cinéma." La magie de Cités Cinés 2, en effet, c'est cette alliance subtile de la réalité et de l'onirique, qui intègre le spectateur dans le spectacle. Ainsi, dans la Cour des miracles, qui figure une cour d'immeuble, un drive-in et la routine du métro boulot robot, le jeu des lumières associe les spectateurs au décor.

Cités Cinés invite à un nouveau regard sur la ville. 80% des films ont la ville pour décor. Le sujet de l'exposition est la ville, et l'exposition a lieu dans une ville. Quand le spectateur sortira et se retrouvera à la Défense, il regardera sans doute son environnement différemment, estime Francois Confino.

Dans Cités Cinés 2, vous avancerez dans un univers en trois dimensions, fait de décors spectaculaires, de lumières, de sons et de projections cinématographiques, l'ensemble étant piloté par les technologies les plus sophistiquées. Le scénario vous permet de cheminer dans ce foisonnement d'images et, en fin de parcours, rêve ultime, de devenir image vous-mêmes.

Tout débute avec Retour vers l'avenir, machine à voyager dans le futur symbolisée par un escalier en forme de long cylindre, ou les lumières de plus en plus dynamiques marquent le défilement des années de 1995 à 3000. A cette date, vous entrez dans Archéologie 3000 , chantier de fouilles archéologiques: la banquise a rejeté tout ce qui a servi à produire et diffuser de l'image et du son. Les archéologues y ont reconstruit la ville des images qu'ils pensent être datée, sans aucune certitude, aux environs de 2095. Puis vous progresserez vers la cour des miracles, cinéculte, fantasmania, la maison du savant fou, métamorphoses ...

Le plus insolite des spectacles, c'est probablement le messager des voyages virtuels, gardien de l'image. Le messager possède plusieurs niveaux de conscience. Au premier niveau, il est en sommeil et initie les visiteurs aux images du futur et au futur de l'image. Au deuxième niveau, il interagit avec le public au moyen d'une torche virtuelle. Enfin, dans un troisième niveau de conscience, il dialogue avec les spectateurs, en racontant des histoires sur lui-même ou sur ses voyages dans l'espace temps.

Mon préféré, enfin, c'est Rêves, qui dans un décor blanc et cotonneux, invitant à un demi-sommeil, projette les plus belles images que le cinéma ait produite sur le thème du rêve.

Tous ces jeux scéniques s'enchaînent, selon Francois Confino, dans un cheminement ou l'image remplace progressivement le monde construit. Nous commencons avec le travail, la voiture, puis le culte voué au cinéma avec les archéologues expliquant que l'image a eu une importance énorme à une certaine époque... Cela continue ainsi jusqu'à la Maison du savant fou qui travaille en fait sur l'image et sur le nouveau pouvoir de l'oeil. Ensuite, le décor s'efface complètement: nous basculons dans l'imaginaire.

Le choix des extraits est très respectueux des pionniers, mais aussi très moderne. Ainsi, on peut retrouver L'entrée du train en gare de La Ciotat des frères Lumière aux cotés de Mask, Terminator ou le Frankenstein de Branagh.

Guillaume Dauchy

Comment y aller ?


Gai Kitsh Camp

GAI sans commentaire, KITSCH comme le temps qui passe, CAMP comme le temps qu'il fait.

Avouons que l'association Gai-Kitsch-Camp perturbe un peu avec un nom aussi barbare et des préoccupations un peu trop intello. Mais voyons de plus près.

D'abord (car elle a au moins deux cordes à son arc : l'édition et un festival de films gais et lesbiens) ses Cahiers. L'ensemble (sauf les premiers, épuisés) est aisément consultable à la librairie Les Mots à la bouche, grande débitrice, ou à la Fnac du Forum des Halles, plus timide. Bon d'accord, la collection Université paraît trop studieuse malgré quelques illustrations coquines mais ou trouver ailleurs que dans son cinquième numéro des informations sur Les mésaventures des sodomites au Brésil entre les XVIe et XVIIe siècle s ou encore une relation des procès de Newport dans le Rhode Island (USA) en 1919 ou on apprend qu'y existait sans trop de problèmes une subculture gaie entre des marins et une partie de la population - sans parler de témoignages sur Les relations homosexuelles en Algérie en 1900, témoignage qui nous vaut aussi des po

Mais pourquoi aussi un nom aussi curieux et difficile à prononcer ? Pour gai, c'est clair, pour kitsch, un peu moins, mais quelques-uns savent que ce mot désigne la qualité humoristique de quelque chose de dépassé, comme le mot inverti par exemple ; et camp, on ne peut plus l'ignorer : ce mot anglo-saxon désigne un mode de provocation opposé systématiquement à tout comportement politiquement correct . C'est le contraire du respectable. Gai-Kitsch-Camp est donc tout un programme !

La troisième édition de leur festival Question de Genre (car ils organisent aussi un festival de films presque annuel autour de la sensibilité gaie. Scoop : en novembre 1995, le thème retenu est pour Question de Genre 4 est celui de l'amitié) a retardé la sortie du sixième numéro de la collection Université : Un sujet inclassable ? Approches sociologiques, littéraires et juridiques des homosexualités. Il est enfin disponible au même prix que le précédent (120 F). Il aura demandé plus d'un an de travail. Un numéro qui donne des allures d'encyclopédie à cette collection dirigée par Rommel Mendès-Leite !

On nous promet pour très prochainement une conférence interdite par le préfet de police de Paris en 1949, Considérations objectives sur la pédérastie de Gabriel Pomerand, ami lettriste d'Isidore Isou ; un érotique du 17e siècle italien, Alcibiade enfant à l'école ; une étude de Gustave Fréjaville sur Les travestis chez Shakespeare. Les pamphlets du 18e siècle qui ont fait la fortune (au sens de réputation, les finances sont au plus just) des Cahiers GKC (Les Enfants de Sodome à l'Assemblée Nationale etc.) viendront après que leur appareil critique sera terminé. Pour cette période, il vous faudra vous contenter des Infâmes sous l'Ancien Régime, procès de sodomites recueillis par Paul d'Estrées au début de ce siècle, augmenté de diverses études sur le même sujet par des contemporains ainsi que des nouvelles,

On trouvera d'autres informations (catalogue entre autre) sur 3615 GKC... On peut aussi écrire à GKC, BP 36, 59009, Lille cedex, ou téléphoner au 16 20 06 33 91.

Patrick Cardon


Conseil Nocturne:

Ce Conseil a donné l'occasion de rappeler l'importance des activités d'accueil pour notre association. Il est décidé de renforcer la structure d'accueil au Duplex, sous l'autorité de Youness. Les administrateurs assureront un accueil renforcé chacun à leur tour, pendant la période 20h30 - 21h30 et le planning des tours sera fixé à chaque C.N. Le CN a souligné de plus l'importance - tant politique que financière - des adhésions pour l'association. Dans le cadre de la Lesbian & Gay Pride, Guillaume propose un événement cinématographique du type rétrospective de films homos. (Le projet définitif est l'organisation d'une projection du film Omelette à l'exposition Cités Cinés 2). Ludovic met de plus sur pied un nouveau voyage inter associatif. Destination prévue : Londres.

Le CN a décidé de s'intégrer davantage aux projets à venir de Gémini, la fédération d'associations que nous avons contribué à créer.

Un débat approfondi a porté sur les actions du Gage dans les facs. Philippe, invité, a présenté l'action du groupe inter associatif Pascal(e) aime Pascal(e) : visibilité homosexuelle, distribution de tracts, discussion avec des étudiants. Le CN confirme la participation du Gage à l'action du 13 avril 1995 à l'université de Panthéon - Sorbonne. L'intitulé et le contenu du débat prévu le 12 mai à Jussieu, avec le collectif Jussieu Action SIDA sont précisés.

Le CN a ensuite procédé à l'élection de Sylvain Demongeot au poste de Rédacteur en Chef de Gageure, et accepté la démission pour raisons personnelles de René Doursat, Secrétaire. Il s'est enfin réjoui des succès rencontrés par le serveur Minitel du Gage, et par la première des soirées filles à l'Entracte.


Le CGL a 1 an

Le CGL vient de fêter son 1er anniversaire (c'était le 22 avril). Disposant d'une vitrine donnant directement sur la rue, le Centre Gai et Lesbien a su se trouver d'une identité et se forger une réussite. Son identité : être à la fois un lieu de services, un carrefour des associations et un espace de convivialité (si, si, j'ai tout bien lu la plaquette et j'ai vérifié). Ainsi, se mirent en place des permanences téléphoniques, juridiques, une structure d'accueil, une bibliothèque... Ceci entraînant cela, la réussite ne se fit pas attendre, grâce en particulier au travail des volontaires (Ah! on ne rappellera jamais assez à quel point le travail sur le terrain est primordial pour les associations). Aujourd'hui, le CGL compte 800 cartes de soutien et 55 associations membres.

Devant ce succès (et aussi parce que le Gage est membre du CGL et donc complètement subjectif), nous avons décidé de rencontrer Fleury DRIEUX, le nouveau Président du CGL. Instituteur et joueur de jazz, Fleury DRIEUX est tombé rapidement dans la soupe associatitive : d'abord au sein de GENEPI (aide aux personnes incarcérées) puis à la GAY PRIDE (devenue depuis LESBIAN & GAY PRIDE). C'est de retour du Quebec ou un équivalent du CGL existe depuis longtemps, que notre globe-trotteur décide d'importer le concept en France avec des amis. Aujourd'hui, c'est chose faite. Reste, pour le nouveau Bureau, à consolider l'acquis, agrandir les locaux pour satisfaire la demande croissante, et intensifier les services proposés. Alors bonne chance!

CGL - 3, rue Keller 75 011 Paris - Tél. : 43 57 21 47 ouvert du lundi au samedi de 14h à 20h et le dimanche de 14h à 19h. ... et pour écouter Fleury DRIEUX jouer du jazz au sein du QUINTET, sachez qu'ils sont en tournée actuellement!

Frédéric GUIZOT


WANTED : projectionniste

Dans le cadre de la Lesbian & Gay Pride 1995, le Gage organise la projection du film Omelette de Rémy Lange. La séance se déroulera le lundi 19 juin à Cité Ciné 2. Pour ce, nous avons besoin du savoir faire d'un projectioniste (en super 8). Alors, étudiants en cinéma ou amateurs éclairés, venez nous apporter la lumière.

contact : minitel 3614 NGS*Gage - Bal Guillaume ou tél. : 40 41 99 95 (Jean-Baptiste)

Radio Service Sida

Programme des émissions de mai 1995

Samedi 6 mai 1995 : Lycées, facs, et prévention
Samedi 13 mai 1995 : La nutrition (avec Sida Info Service)
Samedi 20 mai 1995 : Les homos, le désir d'enfant, l'adoption (avec Ecoute Gaie)

Emission animeé par Eric Lamien tous les samedi matin sur FG98.2 de 10h00 à 12h00. Possibilité d'intervenir pendant l'émission en téléphonant au 40 13 88 00. Eric Lamien anime également tous les mercredis l'émission "De Vive Voix" de 20h à 21h. Une heure de témoignages sur la vie avec ou autour du VIH.

lecompte@email.enst.fr
jbbouin@imaginet.fr
 


20/04/1997, page actualisée par David Lecompte, © 1995 - 1997 Gais et Lesbiennes Branchés et Gage
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