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Ce compte-rendu a été réalisé
par Yannis Delmas, des Gais
et Lesbiennes Branchés, pour la
France Gaie et Lesbienne, à partir des notes en séance.
Il se veut fidèle mais les propos ici rapportés n'engagent
pas les intervenants signalés.
La table-ronde est introduite et animée par Alain Piriou,
Lesbian & Gay Pride Île-de-France.
Les réformes prioritaires pour lutter contre la discrimination
fondée sur l'orientation sexuelle.
Alain Piriou
Lesbian & Gay Pride Île-de-France
En 1997, Paris réunissait la Lesbian & Gay Pride Européenne,
ou Europride, autour du thème : « Gais et lesbiennes :
pour une vraie citoyenneté européenne ». Aujourd'hui, la Charte
du Traité de Nice, protège contre la discrimination pour
orientation sexuelle.
Restent pourtant encore des points de blocage :
- réforme du code pénal permettant aux associations
homos de se porter partie civile
- loi sur la presse contre les propos homophobes
- harcèlement lié à l'homosexualité
- inclusion de l'orientation sexuelle au sein des autres discriminations
dans tous les cas
- politiques sociales
- Voir aussi :
- Lesbian
& Gay Pride Île-de-France
- Europride
Paris '97
- dossier "Europe" de la
France Gaie et Lesbienne
Analyse de la lesbophobie et propositions.
Raymonde Gérard
Coordination Lesbienne Nationale
La Coordination Lesbienne Nationale regroupe des associations et quelques
individus pour environ 1 000 membres. Née en 1997, elle couvre
toute la France.
Par rapport à l'homophobie en direction des gais, la lesbophobie
a des spécificités :
- La plus "visible" est l'occultation que subissent
les lesbiennes, le déni d'existence d'une homosexualité
réelle des femmes.
- La lesbophobie apparait souvent comme une manifestation de sexisme,
et parfois même comme redoublement du sexisme.
Exemple parmi d'autres : « lesbia magazine » est souvent vendu au
rayon « porno ». Autant les gays sont stygmatisés en tant que « pédophiles
» autant les lesbiennes sont faites « rabateuses du porno ».
Pour ces raisons, il est important que la lesbophobie bénéficie
d'une visibilité spécifique entre sexisme et homophobie.
Elle doit, notamment, apparaître comme circonstance aggravante dans
les violences et viols « punitifs ».
- Voir aussi :
- fiche
de présentation de la Coordination Lesbienne Nationale
(rubrique "associations"
de la France Gaie et Lesbienne)
Étranger-e-s et homosexuel-le-s :
la double discrimination.
Danièle Lochak
GISTI et LDH
La double discrimination à l'encontre des étrangers homosexuels
n'apparaît pas d'abord comme de l'homophobie mais comme un effet
de la fermeture extrême des frontières. Les concubins hétérosexuels pouvaient
avoir des enfants et alors étaient protégés, mais le seul mariage n'était
pas toujours suffisant.
Depuis 1981 et 1984, il existe une certaine protection sur la base de
la vie familiale (époux, épouse ou parent de français) mais elle n'étend
pas la protection aux cas de simple concubinage.
En 1998, la loi Chevènement intègre une référence aux liens personnels
et familiaux (rappelant l'article 8 de la Convention
européenne des droits de l'Homme). Pourtant, dans la 1ère circulaire
d'application, la vie privée n'est pas indiquée comme motif de résidence
légale et les associations, dont le GISTI, doivent intervenir pour
la faire partiellement annuler. Cela dit, pour l'instant, aux yeux de
la cour européenne, il n'y a pas de vie familiale pour un couple homosexuel.
Au titre de cette loi, le PaCS apparaît comme indice d'une vie privée
ou familiale, mais un indice seulement. Une circulaire est bien émise
dès le 10 décembre mais elle ne change rien aux situations de concubinage.
On distingue alors 2 cas : avec ressortissant français ou de l'Union
Européenne il faut pourvoir prouver une vie commune de 3 ans en
France, avec un citoyen d'un état tiers, il faut au moins 5 ans ou un
PaCS plus 3 ans.
Du point de vue de la jurisprudence, la situation est plutôt encourageante :
des mesures d'éloignement injustifiées ont été
annulées.
Le GISTI demande une modification de l'ordonnance de 1945 avec une réelle
intégration du PaCS. Une autre solution consiste à annuler la discrimination
de l'accès au mariage.
- Voir aussi :
- GISTI

- LDH -
groupe de travail Homosexualité

- ARDHIS

Homophobie au quotidien.
(titre provisoire)
Hussein Bourgi
Collectif national contre l'homophobie et pour l'égalité des droits
L'homophobie est un phénomène de rejet du même type que le racisme, le
sexisme ou l'antisémitisme. Elle née de l'ignorance, de la peur et du
refus de l'autre.
Le collectif créé en 1997, d'abord pour soutenir le CUS, futur PaCS.
Il s'agit au départ d'un collectif non communautaire puisqu'il
comprend également des associations non-homos. Un questionnaire sur l'homophobie
a été diffusé dans la région montpelliéraine. Des centaines
de formulaires sont revenus qui montrent que nombreux sont ceux qui ont
été touchés depuis la moquerie jusqu'au viol.
Pour autant, ces manifestations d'homophobie n'entraînent pas plainte,
pour des raisons qui vont de la « peur des flics »
à l'idée que le dévoilement peut leur être
néfaste en passant par l'impression que « ça
ne sert à rien ». Ce phénomène rappelle les problèmes
de révélation du viol des femmes. Le collectif a donc décidé
de nouer des contacts avec la police. En conséquence, notamment,
des rondes appropriées ont été instituées près des endroits de
drague. Le collectif accompagne également des personnes agressées
pour les aides à porter plainte et faire constater les agressions.
Le collectif a une action insistante sur les cérémonies de commémoration
de la déportation, qui restent difficiles même avec le soutien de la mairie.
Une gerbe est déposée en silence au moment de la Lesbian
& Gay Pride.
Le collectif demande l'information et la formation des fonctionnaires :
aussi bien en IUFM que pour les personnels de police et de gendarmerie.
Marie-Pierre de la Gontrie
déléguée nationale du PS à la justice,
vice-présidente du Conseil Régional d'Île-de-France,
maire-adjointe de Paris à la vie associative
M.-Pierre de la Gontrie est responsable des contacts avec les associations
à la Mairie de Paris depuis 12 jours. Le combat contre l'homophobie
doit se mener par chacun là où il est.
Personnellement, elle s'est toujours opposée aux discriminations.
C'est pour cela qu'elle est avocate. Elle rappelle que les parlementaires
de gauches sont très actif sur ce plan depuis quelques années.
Le Parti Socialiste reste très déterminé, même
si les objectifs ne sont pas toujours atteints.
Pour ce qui concerne Paris, la relation avec les associations doit être
clarifiée. Que la précédente mandature n'aie pas reçu les associations
homos est un affront. Les associations homos auront désormais un
traitement semblable aux autres. Une attention particulière sera
portée aux situations de discrimination, notamment au sein de la
Mairie (en interne et dans les contacts avec le public). Un soin sera
porté à l'accueil des personnes en situation de grande précarité,
notamment des jeunes. Un effort sera fait, également, pour la prévention
du suicide, en particulier des jeunes. Le travail se poursuivra sur le
sida.
- Voir aussi :
- Homosexualités
et socialisme
Alima Boumediene-Thiery
eurodéputée, Les Verts
En Europe les niveaux d'avancée sont très différents. En général
cette avancée est importante mais sans aucune harmonie. Au sein
même des états, la situation n'est pas homogène :
la Navarre va jusqu'à l'adoption, mais l'Espagne ne va même pas jusqu'au
concubinage.
Les principaux outils Européens sont :
- Le traité de Maastricht (1992) : §141 et l'égalité sexuelle
- Le traité d'Amsterdam (1997) : l'art. 13 est le premier
texte explicitant de l'expression « orientation sexuelle »
- La Charte des droits fondamentaux (Nice, 2000) : encore
très en retrait mais affirme (art. 21)
L'égalité des droits, base pour une véritable citoyenneté, est le principal
élément de recul de la discrimination.
Reste également l'importance du droit d'asile pour cause d'orientation
sexuelle.
Il faut encore agir pour la prévention de la violence.
Enfin, il existe un rapport sur l'orientation sexuelle et l'union européenne
qui est toujours diffusé.
- Voir aussi :
- Les Verts
- Commission Nationale Gais et Lesbiennes
- dossier "Europe" de la
France Gaie et Lesbienne
Nicole Borvo
présidente du groupe communiste au Sénat
Au cours des dernière années, les associations homos ont fait la démonstration
d'une activité citoyenne remarquable que les Hommes politiques ont eu
beaucoup de mal, et ont mis du temps, à prendre en compte. Les politiques
devraient pourtant en prendre de la graine pour parfaire leurs rapports
avec la société. Il faut savoir que bien souvent les parlementaires ne
connaissent pas les phénomènes réels. Il y a d'abord
le problème d'un manque de plainte : les cas est, de ce point de
vue, similaire aux viols de femmes ou aux agressions d'enfants. Il faut,
ensuite, une appréhension concrète des phénomènes.
Les discriminations liées à l'orientation sexuelle rentrent dans le cadre
des autres discriminations. Ce sont des affronts aux droits humains.
Lié à des problèmes généraux tels
celui du logement, notamment des jeunes, ou de l'asile territorial pour
les migrants.
Les communistes ont déposé en février 2000 une proposition
de loi portant sur le code pénal, le code de procédure pénal et la loi
sur la presse. Les associations auraient possibilité de se porter partie
civile et les propos homophobes seraient pénalisés. Problème :
les lois touchant à la presse sont toujours difficiles à faire
passer.
- Voir aussi :
- PCF
- Commission Lutte contre les dominations et les discriminations

-
discussion avec la salle
Camille Cabral, directrice du PASTT, témoigne et intervient
pour rappeler que ces discriminations concernent également les
transgenres, durement touchés.
Intervention d'un membre du cabinet du Ministère de la jeunesse et des
sports : il existe un soutien aux associations de jeunes et d'éducation
populaire. Actuellement une dizaine d'associations sont agréées au titre
de la lutte contre les discriminations. Cependant, à titre indicatif,
le budget du Ministère de la jeunesse et des sports est de l'ordre 10%
de celui de la Ville de Paris.
François Vauglin, président de Homosexualités
et Socialisme, témoigne d'actions en justice tentées
par cette association. Dans son récent procès contre le
groupe d'extrême droite Jeune Nation, la Cour de Cassation
considère que la plainte déposée par HES et une personne
physique n'est pas recevable : pour HES, l'association n'est pas
fondée à se porter partie civile, pour la personne physique,
elle estime qu'elle aurait dû préciser dans le dossier juridique
qu'elle était homo (!).
- Voir aussi :
- le MAG,
association parisienne de jeunes gais et lesbiennes, agréée
Jeunesse et Sports
- Ministère
de la jeunesse et des sports

- Homosexualités
et socialisme
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