DECEMBRE 1998

Rester
ensemble
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J’ai connu Corinne en 1979. En 1988, nous avons dÈcidÈ de faire un test. Pour moi, le rÈsultat devait Ítre sans surprise : j’Ètais consommateur de drogues et j’avais depuis longtemps pris beaucoup de risques. Pourtant, j’Ètais sÈronÈgatif et, contre toute attente, Corinne, sÈropositive ! Bien sšr, Corinne a ÈtÈ dÈsespÈrÈe par cette annonce.
De mon cÙtÈ, le sida faisait dÈjý partie de mon quotidien : pratiquement tout mon entourage Ètait sÈropositif. C’Ètait un peu comme une fatalitÈ ý laquelle on ne peut pas Èchapper. Une galËre de plus parmi tant d’autres. J’avais intÈgrÈ l’idÈe d’Ítre sÈropositif, et le fait que Corinne soit atteinte n’a pas changÈ mon regard ni mes sentiments pour elle.

PassÈ le choc de l’annonce de sa sÈropositivitÈ, Corinne a repris le dessus. Elle Ètait asymptomatique ; ý cette Èpoque, ý part l’AZT, les traitements n’existaient pas. Corinne n’a donc pas jugÈ nÈcessaire de se faire suivre mÈdicalement. La vie a continuÈ comme avant. De toute faÁon, on n’avait pas le choix et on a fait avec. Corinne m’a juste paru plus prÈcieuse qu’auparavant. J’ai admirÈ son courage. Elle m’a vraiment ÈpatÈ.


Notre secret

La menace de la maladie a confortÈ notre dÈsir de rester ensemble, de vivre au jour le jour, d’en profiter au maximum sans nous projeter dans l’avenir. J’ai ÈtÈ plus attentif ý sa fatigue ou aux rares moments de dÈprime qu’elle a bien voulu montrer. J’ai veillÈ ý ce qu’elle ne fasse aucun excËs afin qu’elle ne tombe pas malade. Mais sinon, nous avons occultÈ la maladie. Nous n’en parlons pratiquement jamais entre nous. Personne ne le sait, pas mÍme notre famille. C’est notre secret. Un secret qui a resserrÈ nos liens.
Il y a deux ans, nous avons dÈcidÈ d’avoir un enfant. Corinne a fait un bilan. Ses T4 Ètaient bas et sa charge virale inquiÈtante. Depuis, elle suit un traitement. Nous n’avons pas pu avoir d’enfant pour le moment. Nous concentrons toutes nos forces pour tenir jusqu’ý l’arrivÈe d’un traitement qui pourra guÈrir Corinne. Nous sommes confiants : aprËs Ítre passÈs ý travers tant d’Èpreuves, nous finirons bien par retomber une fois de plus sur nos pieds.

Philippe

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Aider et soutenir les proches

Les volontaires de AIDES reÁoivent, informent et soutiennent toutes les personnes concernÈes par l’ÈpidÈmie ý VIH, ce qui inclut bien sšr les proches. De plus, des groupes spÈcialement destinÈs aux proches se sont constituÈs dans plusieurs comitÈs AIDES. C’est notamment le cas ý Paris, o˜ le groupe des proches accueille les premiers et troisiËmes jeudis de chaque mois,de 20 ý 22 heures, ý Arc-en-Ciel, 52, rue du Faubourg - PoissoniËre, 75010 Paris, 01 53 24 12 00.
On peut aussi appeler les animateurs de ce groupe chez eux :
Christiane (01 48 99 94 68), GÈrard (01 45 74 38 07), Michel-Yves (01 43 42 33 04).
Par ailleurs, les proches qui ont besoin d’Ítre informÈs sur la prÈvention, l’infection ý VIH et les traitements, ou simplement de parler, peuvent appeler Sida Info Service, au 0800 840 800 (24 heures sur 24, 7 jours sur 7).
Ligne de vie est plus particuliËrement destinÈe ý apporter un soutien et un accompagnement pour traverser une pÈriode difficile : 0801 037 037, lundi, mardi, jeudi, vendredi, de 18 ý 21 heures.

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