DECEMBRE 1998

Notre sÈropositivitÈ
nous rapproche
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Gabriel et Victor, tous deux sÈropositifs, se sont rencontrÈs voici un peu plus d’un an et vivent ensemble. Gabriel parle de leur relation et de l’aide mutuelle qu’ils s’apportent.

J’avais vÈcu pendant plusieurs annÈes avec un homme sÈronÈgatif et il m’Ètait parfois arrivÈ de me demander si, ý sa place, j’aurais acceptÈ de vivre avec un sÈropositif. «a me culpabilisait de me poser cette question : comment moi, personne atteinte par le VIH, pouvais- je m’interroger ý ce propos ? Pourtant, quand j’ai rencontrÈ Victor, la question ne s’est pas posÈe. Je suis tombÈ amoureux de lui, de toute sa personne, avec sa sÈropositivitÈ. Et sans vraiment y rÈflÈchir, il y a un an, nous avons commencÈ ý habiter ensemble.
Je crois que notre sÈropositivitÈ nous rapproche. Nous sommes tous les deux positifs depuis environ dix ans, alors je comprends ce qu’il a vÈcu, ses peurs, ses doutes ; lui sait me rassurer, me parler, tout en vivant son virus diffÈremment de moi car il est autre. Il est mon alter ego. MÈdicalement, notre relation est bÈnÈfique. Lorsque l’un ne va pas bien, l’autre le secoue pour qu’il aille voir un mÈdecin. Nous sommes en trithÈrapie, alors, quotidiennement, on se rend de menus services. Par exemple, il nous arrive de nous rappeler l’heure de telle ou telle prise. Le matin, comme je me lËve plus tÙt, je lui prÈpare son petit dÈjeuner avec ses mÈdicaments ý cÙtÈ. Par contre, nous avons chacun nos mÈdicaments et nos pilules sont rangÈes dans deux endroits : nous avons chacun notre coin.

´ Une vraie ÈgalitÈ ª
Dans notre relation en gÈnÈral, il y a une vraie ÈgalitÈ : quand il m’apporte quelque chose, je sais que je l’aiderai ý un autre moment. Dans ma prÈcÈdente vie commune, c’Ètait mon compagnon qui Ètait le plus amenÈ ý s’occuper de moi. On avait tendance ý nÈgliger ses petits soucis devant mes problËmes et c’Ètait parfois gÍnant. Lý, les apports sont mutuels, Áa va dans les deux sens. Cet apport, bien sšr, ne vient pas uniquement de notre sÈropositivitÈ : je suis timide, il me pousse ; il est trop expansif, je le freine. Sans se le dire, on s’aide. Nous sommes bien renseignÈs sur le safer sex : les protections sont les mÍmes qu’avec un partenaire sÈronÈgatif. «a a ÈtÈ trËs facile d’en parler car les risques - se transmettre un virus rÈsistant ý un mÈdicament - sont mutuels, contrairement ý ce qui se passe pour une relation avec un partenaire sÈronÈgatif.
La peur de la perte de l’autre est un sujet que nous avons peu abordÈ. De maniËre gÈnÈrale, j’ai du mal ý me projeter dans l’avenir. Mais ma relation avec Victor m’aide ý oser faire des projets. Par exemple, nous recherchons un nouvel appartement et, derniËrement, sans y rÈflÈchir, nous nous sommes inscrits dans une salle de gym pour deux ans. Et nous avons payÈ pour deux ans ! Ce n’est que quelques jours plus tard que nous avons rÈalisÈ la dose d’optimisme en l’avenir qu’il avait fallu pour s’engager ainsi pour une pÈriode aussi longue. Nous nous sommes soutenus pour y aller. Je ne l’aurais pas fait seul, et lui non plus. Notre couple, indubitablement, est fondÈ sur l’entraide et le partage.

Propos recueillis par Sophie CLIQUET


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