Gabriel et Victor, tous deux
sÈropositifs, se sont rencontrÈs voici un peu plus dun an et vivent ensemble.
Gabriel parle de leur relation et de laide mutuelle quils sapportent.
Javais vÈcu
pendant plusieurs annÈes avec un homme sÈronÈgatif et il mÈtait parfois arrivÈ
de me demander si, ý sa place, jaurais acceptÈ de vivre avec un sÈropositif. «a
me culpabilisait de me poser cette question : comment moi, personne atteinte par le VIH,
pouvais- je minterroger ý ce propos ? Pourtant, quand jai rencontrÈ Victor,
la question ne sest pas posÈe. Je suis tombÈ amoureux de lui, de toute sa
personne, avec sa sÈropositivitÈ. Et sans vraiment y rÈflÈchir, il y a un an, nous
avons commencÈ ý habiter ensemble.
Je crois que notre sÈropositivitÈ nous rapproche. Nous sommes tous les deux positifs
depuis environ dix ans, alors je comprends ce quil a vÈcu, ses peurs, ses doutes ;
lui sait me rassurer, me parler, tout en vivant son virus diffÈremment de moi car il est
autre. Il est mon alter ego. MÈdicalement, notre relation est bÈnÈfique. Lorsque
lun ne va pas bien, lautre le secoue pour quil aille voir un mÈdecin.
Nous sommes en trithÈrapie, alors, quotidiennement, on se rend de menus services. Par
exemple, il nous arrive de nous rappeler lheure de telle ou telle prise. Le matin,
comme je me lËve plus tÙt, je lui prÈpare son petit dÈjeuner avec ses mÈdicaments ý
cÙtÈ. Par contre, nous avons chacun nos mÈdicaments et nos pilules sont rangÈes dans
deux endroits : nous avons chacun notre coin.
´ Une
vraie ÈgalitÈ ª
Dans notre relation en gÈnÈral, il y
a une vraie ÈgalitÈ : quand il mapporte quelque chose, je sais que je
laiderai ý un autre moment. Dans ma prÈcÈdente vie commune, cÈtait mon
compagnon qui Ètait le plus amenÈ ý soccuper de moi. On avait tendance ý
nÈgliger ses petits soucis devant mes problËmes et cÈtait parfois gÍnant. Lý,
les apports sont mutuels, Áa va dans les deux sens. Cet apport, bien sšr, ne vient pas
uniquement de notre sÈropositivitÈ : je suis timide, il me pousse ; il est trop
expansif, je le freine. Sans se le dire, on saide. Nous sommes bien renseignÈs sur
le safer sex : les protections sont les mÍmes quavec un partenaire sÈronÈgatif.
«a a ÈtÈ trËs facile den parler car les risques - se transmettre un virus
rÈsistant ý un mÈdicament - sont mutuels, contrairement ý ce qui se passe pour une
relation avec un partenaire sÈronÈgatif.
La peur de la perte de lautre est un sujet que nous avons peu abordÈ. De maniËre
gÈnÈrale, jai du mal ý me projeter dans lavenir. Mais ma relation avec
Victor maide ý oser faire des projets. Par exemple, nous recherchons un nouvel
appartement et, derniËrement, sans y rÈflÈchir, nous nous sommes inscrits dans une
salle de gym pour deux ans. Et nous avons payÈ pour deux ans ! Ce nest que quelques
jours plus tard que nous avons rÈalisÈ la dose doptimisme en lavenir
quil avait fallu pour sengager ainsi pour une pÈriode aussi longue. Nous nous
sommes soutenus pour y aller. Je ne laurais pas fait seul, et lui non plus. Notre
couple, indubitablement, est fondÈ sur lentraide et le partage.
Propos recueillis
par Sophie CLIQUET
remaides vous donne la parole :
envoyez-nous ce que vous aimeriez voir publier dans remaides : textes, photos, dessins...
Nous avons besoin de vos tÈmoignages.
AIDES, remaides
247, rue de Belleville
75019 Paris

[sommaire] |