Lorsque mon médecin m'a conseillé la pose d'un cathéter à chambre implantable (Port-a-Cath®), après la confirmation d'une rétinite à CMV, je n'ai pas réellement pris conscience de ce que cela représentait : il s'agissait pour moi de bénéficier d'un traitement par perfusion, et la pose d'un tel dispositif me paraissait naturelle.
Peu à peu, j'ai appris à vivre avec ce système « d'accès » à mon système veineux central. Certes, la pose s'est faite sans problème particulier (opération chirurgicale bénigne nécessitant une hospitalisation d'une journée) mais le résultat était là : je vivrai désormais avec ce petit appareil implanté dans mon organisme, un corps étranger, un intrus presque.
Sur le plan esthétique (on peut avoir perdu 15 Kg et être toujours aussi soucieux de son « aspect »), les conséquences étaient très limitées : seule une petite boursouflure avec une cicatrice à peine visible sur la poitrine marquent la présence de ce cathéter. J'en ai fait l'expérience il y a peu de temps, en me baignant en public : personne ne semblait remarquer cette « intervention ». Sur le plan physique, je sens à peine la présence de l'appareil, pouvant effectuer tout mouvement sans contrainte particulière.
C'est bien évidemment dans sa manipulation pratique et journalière que mon cathéter me rappelle ma « différence ». Je m'administre chaque jour une perfusion en observant, comme j'y ai été formé, des règles d'hygiène et d'asepsie très strictes car, et c'est là le risque majeur, la crainte d'une infection est permanente et ne tolère aucun écart.
Je suis actuellement sous Cymévan® et j'utilise pour mes perfusions des diffuseurs « Intermate » Baxter, qui ont littéralement changé ma vie : remplissage et manipulation faciles, discrétion et autonomie totales (je peux faire tout autre chose pendant ma perfusion, et même sortir) et réduction du temps de perfusion, à savoir 1h15 environ.
Je me « pique » chaque soir et cet exercice m'a appris à manipuler mon cathéter de mieux en mieux : je sais exactement à quel endroit piquer efficacement, permettant ainsi une perfusion sans problème. Parfois, il arrive que l'écoulement ne se fasse pas du premier coup : dans ce cas, je ne m'affole pas et manipule légèrement mon cathéter et mon aiguille afin de trouver le «bon endroit». Cette intervention est de plus en plus rare car je pense bien maîtriser aujourd'hui mon « compagnon » de soins.
Si j'ai un conseil à donner, n'hésitez pas à demander à un patient déjà porteur d'un cathéter ses impressions, afin de vous faire une idée objective de cette implantation somme toute banale.
Yvon LEMOUX