CONGRÈS


Usage de drogue et réduction des risques

 

C'est à Florence, du 26 au 30 mars, qu'a eu lieu la 6e conférence internationale sur la réduction des risques. Bernard Kouchner a prononcé l'allocution d'ouverture, en insistant sur l'évolution et l'extension du phénomène « drogues » : 300 000 utilisateurs en France, 1,85 million dans la CEE. Contrairement au début des années 70, où faire usage d'une drogue était une attitude contre-culturelle, c'est devenu une banalité, expression d'un malaise social, symptôme d'un manque d'espoirs, de rêvesä

La plupart des spécialistes sont d'accord pour dire que la répression et la criminalisation font beaucoup plus de dégâts que les drogues elles-mêmes, à part peut-être le crack, dont les méfaits sont unanimement reconnus et dont l'usage se répand de façon de plus en plus alarmante en Angleterre et aux États-Unis. Pour ce produit, il n'existe aucune substitution efficace. La grande majorité des consommateurs de crack sont des gens en situation de très grande précarité, avec peu ou pas du tout de perspectives d'avenir.

Les Suisses, les Hollandais, les Canadiens, les Australiens sont en train de tenter des expériences apparemment concluantes de distribution contrôlée d'héroïne. Tim Rhodes, un ethnologue anglais, nous a démontré, chiffres à l'appui, que les usagers de drogues désinhibantes (cocaïne, ecstasyä et alcool) se protégeaient moins lors des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels. Pat O'Hare, l'un des organisateurs, a insisté sur le fait qu'il est plus important de réduire les comportements à risque que l'usage des drogues. Les soignants doivent arrêter de faire obstacle à ces changements indispensables, cesser d'être trop directifs. Ils ne doivent plus voir le sevrage comme une fin en soi.

Aux USA, la vente libre des seringues est interdite (pression des lobbies chrétiens fondamentalistes et de la middle class politically correct). Tout au plus tolère-t-on quelques programmes municipaux dans les très grandes villes (New-York, Philadelphieä). Pourtant, toutes les études montrent l'importance des programmes d'échange de seringues, pour réduire la séroprévalence du VIH et des hépatites B et C.

Côté français, Cocorico ! Anne Copel a obtenu le prix Rolleston, pour son implication dans la politique de réduction des risques. Et le magazine ASUD (auto-support usagers de drogues) a eu un très grand succès. On regrettera toutefois que, pendant cette conférence où il n'a été question que d'usagers de drogues, ceux-ci, quoiqu'invités et représentés, n'aient, une fois de plus, pas eu droit à la paroleä

 

Jimmy et Phuong

(AIDES Ile-de-France, groupe AUDVIH : Aide aux Usagers de Drogue confrontés au VIH).

 

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