DOSSIER


Le cathéter veineux central, auxiliaire de vie

 

Force est de constater que depuis le début de l'épidémie, beaucoup de nouveaux traitements sont apparus dans l'infection par le VIH. C'est dans le traitement des affections opportunistes, infections et cancers, que ces progrès ont été les plus spectaculaires : bon nombre d'entre elles peuvent de nos jours être maîtrisées. Malheureusement certains traitements obligent à recourir à la voie intraveineuse pour une efficacité optimale. Notamment en cas de maladie sévère du tube digestif.

 

Au cours de l'infection par le VIH, de nombreuses situations peuvent à l'heure actuelle conduire à la pose de perfusions intraveineuses : chimiothérapie en cures répétées pour sarcome de Kaposi ou lymphome, traitement antiviral pour infection par le CMV (rétinite surtout), traitement antifungique pour candidose ¶sophagienne résistante ou méningite à cryptocoques, antibiothérapie pour pneumonie ou septicémie, réhydratation en cas de diarrhées sévères, transfusion de culots globulaires en cas d'anémie ou apport calorique pour syndrome de cachexie (amaigrissement) sont les principales.

Mais la répétition des perfusions dans les veines des avant-bras peut s'avérer difficile, douloureuse voire impossible : on est alors amené à proposer la pose d'un cathéter veineux central.

C'est au patient que revient la décision de se faire poser ou non un cathéter et de son choix : à émergence cutanée ou à chambre implantable, l'un et l'autre ayant leurs avantages et leurs inconvénients. Le médecin le plus compétent pour poser le cathéter reste l'anesthésiste-réanimateur car les veines, c'est son métier ; mais certains chirurgiens y sont aussi très entraînés. Dans tous les cas sa mise en place doit avoir lieu comme une opération, dans un bloc opératoire non septiqueä et pas sur un coin de table !

Pour devenir autonome, une éducation soigneuse par des infirmier(e)s est indispensable. Le temps pris pour se « brancher » ou se « débrancher » devient très court après quelques semaines de pratique. Certains préféreront ne pas s'en mêler et ce sont les infirmier(e)s qui manipuleront le « cathé ».

Le risque principal étant l'infection, l'asepsie («propreté», absence de microbes) doit être draconienne : les mesures les plus importantes sont le lavage soigneux des mains, le port d'une bavette (masque de papier) par le patient et par celui qui manipule le cathéter, l'usage généreux de Bétadine®, le port de gants stériles et le rinçage obligatoire au chlorure de sodium à 9 % (« sérum physiologique » stérile). Les règles sont strictes même si des aménagements sont possibles : héparinisation (rinçage du cathéter avec de l'héparine, pour éviter que du sang y coagule et le bouche) facultative en cas d'utilisation quotidienne, bains possibles même avec un cathéter à émergence cutanée (avec bien sûr un pansement étanche)ä

D'importants progrès ont été réalisés dans le matériel nécessaire pour les perfusions à domicile : diffuseurs portables dispensant du pied à perfusion et permettant de sortir, la perfusion dans la poche, pompes délivrant à débit constant les mélanges nutritifs, etc.

Lorsqu'on est opéré d'une appendicite ou des amygdales, on accepte le fait d'être perfusé sans se poser de questions métaphysiques. Pourquoi des perfusions répétées, ce qui est infiniment plus confortable par un cathéter veineux central, représenteraient-elles un quelconque acharnement thérapeutique parce qu'il s'agit du sida ? Non, décidément, la maladie a beaucoup changé et c'est être moderne que d'accepter et de dédramatiser le bénéfice des nouveaux traitements, fût-ce par voie intraveineuse. La qualité de la vie et sa durée en sont tributaires ! Et les séjours à l'hôpital n'en seront qu'écourtés voire évités. À la condition que tout le monde soit très vigilant sur les règles d'asepsie. La recherche de traitements par voie orale aussi efficaces doit bien entendu se poursuivre parallèlement (le Cymévan® en gélules par exemple).

 

René FROIDEVAUX

 

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