ACTUALITE


Les infos de TRT-5

 

 

Le groupe TRT-5 est constitué de représentants de cinq associations : Actions-Traitements, Act-up, AIDES, Arcat-sida, Vaincre le sida (VLS). Sa vocation est d'agir pour que les besoins des personnes touchées soient mieux pris en compte, en matière de traitements et de recherche thérapeutique (TRT). C'est grâce l'action de TRT-5 qu'ont été mis en place plusieurs protocoles compassionnels (D4T, 3TC, ganciclovir oralä).

 

Le groupe travaille également à l'amélioration des protocoles d'essais thérapeutiques. TRT-5 rencontre régulièrement les laboratoires pharmaceutiques, l'A.N.R.S (Agence nationale de recherches sur le sida), l'Agence du médicament (ministère de la Santé). Dans les précédents numéros de REMAIDES, nombre d'informations citées dans les pages «Actualité» provenaient de ces réunions. Voici quelques nouvelles, collectées ces derniers mois.

 

L'association AZT + 3TC est nettement plus efÞcace que l'AZT seul sur les paramètres biologiques (T4, antigène p24, virémieä). L'effet bénéÞque de l'association est aussi plus durable et sa toxicité ne semble pas supérieure à celle de l'AZT seul. C'est ce que montrent deux essais comparant ces deux traitements, chez des personnes ayant entre 100 et 400 T4/mm3. Ces études relativement courtes (24 à 48 semaines) ne prenaient pas en compte les critères cliniques. L'un de ces essais concernait 129 patients n'ayant jamais pris d'AZT. L'autre regroupait 220 patients ayant déjà pris de l'AZT (pendant 2 ans en moyenne). Dans ce cas, la dose de 300 mg/jour de 3TC semble aussi efÞcace que celle de 600 mg/jour. Ces résultats, présentés notamment au congrès de Glasgow, en novembre, ont suscité un grand intérêt.

TRT-5 critique vivement l'essai saquinavir, l'anti-protéase (nouveau type de médicament anti-VIH) des laboratoires Roche. Cet essai s'est ouvert à l'automne. Il s'adresse aux personnes qui n'ont jamais pris d'AZT, ou en ont pris pendant peu de temps. Les patients sont répartis au hasard entre quatre bras : AZT seul, AZT + saquinavir, AZT + ddC, AZT + ddC + saquinavir.

 

Parmi les reproches qu'on peut faire à cet essai :

- Rien n'est prévu, dans le protocole, en cas de baisse des T4. Dans ce cas, une seule solution : sortir de l'essai. À Seules les personnes qui sortent de l'essai en raison d'un événement clinique entrant dans la déÞnition du sida auront ensuite droit au saquinavir.

- Sauf cas de toxicité majeure, le double aveugle ne sera pas levé avant la Þn déÞnitive de l'essai (au moins trois ans après l'entrée des premiers patients). Lorsqu'un patient sortira de l'essai, ni lui, ni son médecin, ne sauront quel traitement il a pris. Comment, dans ce cas, bien choisir le traitement futur ?

- Cet essai ne servira probablement à rien. Lorsqu'il s'achèvera, en 1998 au plus tôt, cela aura-t-il encore un sens de comparer AZT seul à AZT + saquinavir ?

 

L'ABT-538, l'anti-protéase (médicament anti-VIH) des laboratoires Abbott, a donné des premiers résultats encourageants : sur trois mois, on a observé une hausse des T4 et une baisse de la charge virale. La tolérance semble bonne. Un essai est prévu en France en 1995. Il porterait sur une triple association (AZT + ABT-538 + un troisième médicament, qui sera probablement le ddI ou le 3TC). Pour le moment, l'ABT-538 ne sera pas disponible en dehors des essais.

 

L'Agence du médicament (ministère de la Santé) étudie depuis plusieurs mois une demande d'A.M.M. (autorisation de mise sur le marché) pour le Cymévan® oral. Elle concerne la prévention secondaire de la rétinite à CMV (pour éviter les récidives, chez les personnes qui ont déjà été traitées). L'Agence ne semble pas convaincue de l'efÞcacité des gélules de Cymévan®, dans cette indication. Actuellement, ce médicament est disponible dans le cadre d'un essai à accès élargi (protocole compassionnel), pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus recevoir de perfusions, pour raisons médicales ou sociales.

 

Prélever du plasma à des personnes séropositives asymptomatiques, ayant un fort taux d'anticorps anti-VIH ; le chauffer pour inactiver le virus ; le transfuser à des personnes malades du sida : tel est le principe de l'immunothérapie passive. Deux chercheurs français, les Dr. Vittecoq et Lefrère, avaient afÞrmé, Þn 1993, avoir obtenu des résultats intéressants avec cette technique. Depuis, ils ont présenté leurs résultats dans plusieurs congrès, mais ne les ont toujours pas publiés dans une revue scientiÞque. Par ailleurs, l'analyse des données biologiques n'est toujours pas achevée. Faute de moyens Þnanciers et de personnel. Face à cette situation, l'attitude de l'A.N.R.S (Agence nationale de recherches sur le sida) semble incompréhensible. L'A.N.R.S a de l'argent en abondance, mais a toujours refusé de s'intéresser sérieusement à l'immunothérapie passive.

 

Les médecins français apparaissent, dans leur majorité, très (voire trop) raisonnables dans leurs prescriptions de médicaments anti-VIH : c'est ce que montre l'ATAR (Enquête sur les attitudes thérapeutiques antirétrovirales, réalisée en mars et avril 1994). 409 médecins (surtout hospitaliers) y ont répondu. Les recommandations ofÞcielles (rapport Dormont) semblent connues et appliquées. En revanche, les pratiques plus innovantes, comme les associations d'antiviraux, ne sont mises en ¶uvre que par une minorité de médecins.

 

 

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