Cet article est consacré à quelques études présentées lors de la conférence interdisciplinaire sur les médicaments anti-infectieux (ICAAC), qui a eu lieu début octobre à Orlando, aux États-Unis. Deux bonnes nouvelles y ont été annoncées ; nous commencerons par celles-ci.
Cytomégalovirus (CMV)
Le ganciclovir (Cymévan®) en gélules semble prévenir l'apparition d'infections par le CMV. À l'ICAAC, le Dr. Spector a présenté une étude portant sur 725 patients ayant moins de 100 T4/mm3 (88 % avaient moins de 50 T4/mm3). Au début de l'essai, tous les patients avaient du CMV dans l'organisme, mais aucun n'avait d'infection déclarée à CMV. Les personnes recevant le Cymévan® en gélules (3 grammes/jour) ont développé moins d'infections à CMV que celles qui recevaient le placebo (16 % contre 30 %). De plus, il semble que leur espérance de vie eût été plus longue que celle des personnes recevant le placebo, si l'étude avait continué plus longtemps.
Les effets secondaires semblent identiques à ceux du Cymévan® intraveineux, quoique moins fréquents : baisse des globules blancs (neutropénie), baisse des globules rouges (anémie), diarrhée, nausées.
Ces résultats devraient être conÞrmés par une autre étude qui s'achèvera au début 1995.
Actuellement, le Cymévan® en gélules n'est disponible que dans le cadre d'un essai à accès élargi (protocole compassionnel), pour des personnes qui ont déjà eu une rétinite à CMV et ne peuvent plus être traitées par perfusions. Le groupe TRT&endash;5 a demandé l'ouverture d'un autre protocole compassionnel, en prévention primaire (pour les personnes ayant moins de 50 T4/mm3 et n'ayant jamais eu d'infection à CMV).
Mycobactéries atypiques (MAC)
Pour la prévention des infections à MAC, chez les personnes ayant moins de 100 T4/mm3, on disposait déjà de la rifabutine (Ansatipine®). La clarithromycine (= Zéclar®, Maclar® ou Naxy®) vient de faire la preuve de son efÞcacité.
Une étude portant sur 684 personnes ayant moins de 100 T4/mm3 a comparé Zéclar® (500 mg x 2fois/jour) à un placebo. Elle montre que le Zéclar® divise par trois le risque de développer une infection à MAC pendant la première année de traitement, et réduit d'un tiers le risque de mortalité pendant cette période.
Les personnes recevant le Zéclar® ont aussi présenté moins de toux et de Þèvre ; des nausées et un goût désagréable dans l'arrière-bouche ont été les principaux effets secondaires. Cependant, certaines personnes ayant pris du Zéclar® ont quand même développé une infection à MAC. Et, dans la moitié des cas, celle-ci était résistante au Zéclar®. Ce qui oblige à utiliser d'autres médicaments (Ansatipine®, Lamprène®, Myambutol®) pour traiter ces cas résistants.
Aux États-Unis, certains médecins préfèrent, pour la prévention des MAC, alterner les médicaments (Zéclar®, puis Lamprène®, puis Zéclar®ä) ou les associer (Zéclar® + Lamprène® ou + Myambutol®). Une étude est en cours pour comparer Zéclar® et Ansatipine® en prévention et pour étudier l'efÞcacité de leur utilisation en association.
d4T
Soixante-quinze personnes n'ayant jamais reçu de traitement contre le VIH ont pris du d4T (Zerit®) (2 mg/kg/jour). Les résultats ont été comparés à ceux obtenus auparavant chez des patients similaires, prenant de l'AZT (Rétrovir®). Les patients recevant du d4T ont vu leurs T4 augmenter de manière plus importante et plus durable que ceux qui avaient reçu du Rétrovir®. Cependant cet essai demande à être conÞrmé.
Par ailleurs, il semblerait que 50 % des souches de VIH résistantes au Rétrovir® soient aussi résistantes au d4T. Cela pourrait expliquer les résultats inégaux observés chez les personnes passant au d4T après des années de traitement par le Rétrovir®.
EnÞn, on commence à avoir une meilleure expérience du d4T chez les enfants séropositifs : il semble que ce médicament soit bien toléré et efÞcace.
Rappelons que le d4T est disponible dans le cadre d'une autorisation temporaire d'utilisation (protocole compassionnel).
Hépatites virales
Le futur des traitements contre les hépatites B, C et D semble être l'association de plusieurs molécules. L'association interféron alpha (Introna®, Roféron A®) + ribavirine semble efÞcace, au moins pour une courte durée, dans 80 % des cas d'hépatite C. Une autre étude évaluait interféron alpha + lamivudine (3TC), dans le traitement de l'hépatite B chronique active. D'autres molécules ont été citées : le famciclovir (un médicament proche du Zovirax®), et les stimulants de la moelle osseuse comme le GM-CSF (Leucomax®).
Actuellement, seul l'interféron alpha a une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.), pour le traitement des hépatites.
Stéphane KORSIA
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