LIVRES

Avertissement : sauf mention contraire, les thèses exprimées dans cette page sont celles de l'auteur de l'ouvrage, telles qu'on peut les appréhender à la lecture de celui-ci. Ces thèses ne correspondent pas nécessairement aux opinions de l'auteur de l'article, Sylvie DUGEAY, ni à celles du comité rédactionnel de REMAIDES.


 

Mourir, Réþexions sur le dernier chapitre de la vie

 

Voilà un livre terriÞant, impitoyable comme la mort qu'il veut cerner : selon l'auteur, il n'y a pas de mort idéale, « paisible », avec adieux en règle, c'est une mythologie de vivants qui entendent le rester. Ou la mort subite, accidentelle, violente, ou la mort au terme d'une maladie qui a altéré la personne, l'a distordue, roulée dans la souffranceä

Chapitre après chapitre, les principales causes de mort sont examinées, disséquées. Maladies cardiaques, attaques cérébrales, maladie d'Alzheimer, cancer, pendaison, noyadeä

Mais le gros du livre traite d'une cause de mortalité non admise sur un certiÞcat de décès : la vieillesse. Dans notre société, on ne meurt plus de vieillesse. Infarctus du myocarde, insufÞsance rénale, urémie : oui, voilà du concret, du technique, quelque chose de saisissable et traitable. Pourtant les vieux, pardon, les personnes du 4è âge, meurent de maladies qui ne les auraient pas tuées à l'âge de 50 ans. Si l'espérance de vie croît, son maximum est invariable : 100-110 ans est la longévité ultime de notre espèce. Et, selon l'auteur, c'est bien ainsi : il faut mourir pour que nos enfants vivent ; il faut mourir pour agir : un temps limité pousse à l'action. Les immortels dégénèrent. Les dieux sont inhumains, les dieux ne sont pas vivants.

Que dire alors du sida, lequel frappe les êtres en pleine période de production et de reproduction ? Rien. C'est injuste et cela justiÞe les moyens mis en branle pour le circonvenir. Chapitre clos.

En résumé, l'auteur afÞrme que la mort est toujours sale, douloureuse, inhumaine mais il espère que savoir quelles seront les souffrances effacera craintes et fantasmes inutiles. Accepter la mort permet d'en parler et resserrer les liens affectifs quand il est encore temps. Espérer au-delà de tout espoir, savoir et faire comme si alors que tous savent, dresse une barrière entre le malade et sa famille, ses amis. D'ailleurs nul n'est à l'abri de ce travers et l'auteur y a lui-même succombé lors du cancer de son frère. Et il est vrai que parfois ce livre sonne comme un exorcisme.

 

Mourir, Réþexions sur le dernier chapitre de la vie ; Sherwin B. Nuland ; InterEditions.

 

Sylvie DUGEAY

 

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