VOUS AVEZ LA PAROLE


Les mésaventures de Max au pays des docteurs

 

 

Max (c'est moi) : « J'ai une boule suspecte en haut de la cuisse gauche, elle me gêne pour m'habiller et c'est pas esthétique quand je me déshabille ».

Dr M. : « Ah bon, on va voir cela ».

On incise, ça pisse le sang. Beurk, on panse, « on attend 15 jours et si c'est pas arrangé vous revenez me voir ».

Max : OK

15 jours passent, la boule grossit et une croûte se forme.

Dr M. : « Ah oui et ben j'en sais trop rien. Il faudrait faire une biopsie à St Louis. On verra ! ».

Max : « Mais d'où ça peut venir ? ».

Dr M. : « Ah je sais pas. Est-ce que vous avez une maladie particulière ? »

Max : « Ben oui je vous l'ai dit l'année dernière (depuis un an que je le rencontreä) que je suis HIV+ ».

Dr M. : « Ah bon ! Et ben alors la Þche a due être égaréeä »

Max : vert

« Ah mais il ne faut pas rigoler avec cela ! »

Au bout d'une semaine (sans soins locaux) on se rend à St Louis, aux urgences, à 8h30 du matin. Je rencontre le Dr D.

Dr D. : « Bon, que vous arrive-t-il ? »

Max : « Je suis HIV+ depuis 87 et voilà ce qui m'arrive (j'explique) ».

On passe bien 10 mn à parler de séropositivité, du style à combien vous en êtes actuellement.

Max : « Je crois de l'ordre de 300 mais pas sûr car je suis suivi à la Salpé (hôpital de La Salpétrière NDLR) chez le Dr C. mais elle est très chargée et ne peut pas me recevoir facilement. Donc depuis novembre 93 je n'ai pas fait d'analyse ».

Dr D. : « Ah mais il ne faut pas rigoler avec cela ».

Max : « Ecoutez, je travaille dans le tourisme, je suis très positif, j'ai une alimentation saine, je me sens bien. Mais je viens vous voir pour me dire ce que cet ¶dème vient faire là (grossit de plus en plus) et éventuellement un traitement. Le reste, c'est à la Salpé ».

Dr D. : « Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais nous avons les moyens de vous maintenir en vie encore 2 ou 3 ans : c'est déjà pas mal ! ».

Max : Bleu, jaune, vert mais calme.

OK, examens sanguins le jour même mais il était 11h50 et l'inÞrmière très irritée a dû me piquer 2 fois et renverser du sang sur le sol car à 12H00 elle déjeune.

Max : calme.

Bon, radio des poumons OK. Puis biopsie : 2 h d'attente. OK, elle est faite. Je repars sans soins locaux ni autre.

En août, c'est fermé

Une semaine plus tard :

Dr D. « Eh ben, j'ai reçu vos résultats. Le foie, c'est bon. Les poumons, c'est bon. Mais c'est du Kaposi, oui oui, du Kaposi ».

Max : « C'est-à-dire ? »

Dr D. : « Et ben vous avez de la chance d'être à 240 T4 sinon c'est le syndrome qui se développe un peu partout à n'importe quel moment ».

Max : (Gris) « Mais y'a moyen de prévenir ? »

Dr D. : « Oui, en hôpital de jour, mais en août c'est fermé. Alors vous demandez l'avis de votre médecin, à la Salpé. Sinon je fais une lettre pour l'enlever chirurgicalement ».

Imaginez l'angoisse qui commence à prendre la totalité de mes cellules, je me voyais, du jour au lendemain, fermé pour cause de Kaposi etä

Max : « Allô Salpé (1 semaine plus tard), vous avez dû recevoir tous mes derniers résultats de St Louis et j'aimerais rencontrer le Dr C. pour avoir son avis ».

Secrétaire : « Ah, c'est impossible, elle est très chargée et puis elle part en vacances vendredi pendant trois semaines ».

Max : « Et alors qu'est-ce que je fais de ce machin qui commence à me hanter ? ».

Secrétaire : « Ah, je ne sais pas, il faut quand même prendre rendez-vous au moins trois semaines à l'avance ».

Max : « Oui mais un truc qui me pousse en 2 jours, vous pensez que je peux prévoir les 3 semaines ? ! ».

« Venez à ma clinique »

Chirurgien plasticien à St Louis, M. B. :

La lettre du Dr D. : « Je vous adresse M. ä avec un Kaposi ? Mais HIV+ 240 T4 ».

M. B. : « Montrez. OK. Bon. Demain vous venez à ma clinique, à Victor Hugo car ici je n'ai pas le matériel nécessaire. ».

Max : « Hic. Mais OK. EnÞn ce sera enlevé ».

Le mercredi matin : clinique Victor Hugo. OK, anesthésie locale. On me coupe 4 cm, pansement. Au revoir, vous rappelez dans 2 jours. Il était 14 h. Je me sentais bien. À 20 h je me tordais de douleur. Je n'ai plus de téléphone. J'avais quelques Dafalgan mais j'ai souffert, souffert. Les deux jours passent. Je vais le voir à son cabinet. Arrachage de pansements (Ouïe : je suis poilu) puis étonnement : « Vous avez mal ? ». « Je souffre » « Oui, c'est normal, vous avez fait un abcès ! Et pas n'importe quel abcès, il est énorme ».

Et j'ai crié - crié - crié - et pas Aline ! Bref, repansement et au revoir à lundi !

Le samedi matin, je décide quand même d'avoir l'avis d'un médecin (HIV) à La Salpé. Évidemment mes amis sont venus me chercher. Le médecin en question : Dr B examine effectivement l'abcès. « Et les antibio, c'est quoi ? » « Bristopen 2/jour ». Elle, affolée : « Quoi, dans votre état et avec vos 80 Kg : 6/jour».

Je retourne ces prochains jours à La Salpé et je vais m'occuper sérieusement de ma santé mais entre-temps j'ai tout laissé tomber, j'ai abandonné les postes qu'on m'avait proposés, les loyers en retard et les dettes qui s'accumulent et au moins, j'ai le sourire !

 

Max

 

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