L'université d'été euroméditerranéenne
des homosexualités

Marseille 23 juillet 2000

Besoin d'en parler ? Un atelier ! C'est ainsi que ça fonctionne. En dehors des grands cycles maîtrisés par l'UEEH elle-même, chacun peut proposer un thème d'intervention et demander un espace pour le tenir.
Reste à assurer une promotion le plus souvent sauvage et anarchique, si bien que le panneau d'affichage est le seul instantané à peu près exact.

Celles et ceux qui voulaient s'exprimer sur l'organisation des dernières Lesbian & Gay Pride et dire leurs attentes pour l'avenir ont ouvert un atelier. Marseille et Paris ont été sur la sellette. En résumé, l'une pour la sous-représentation des associations dans l'organisation et dans l'ordre de marche, l'autre pour la sur-représentation des associations organisatrices...
Il faut bien dire que la dernière LGP à Marseille a été suffisamment houleuse et disloquée pour justifier un débat public.

Un autre atelier était consacré au temps de la mémoire. Les organisateurs avaient invité Pierre Seel, déporté pour homosexualité, à témoigner.
Autant ému qu'heureux de s'exprimer, il a lancé un appel à lutter contre l'homophobie, qui est d'abord politique, et à résister à une montée du fascisme en Europe. Son voeu le plus cher : qu'un monument à la mémoire des déportés pour homosexualité soit installé au camp de Struttof.
Beaucoup de jeunes ont d'ailleurs préféré assister à ce séminaire plutôt qu'à la projection - débat d'un film italien les concernant.

Côté cinémathèque, donc, un film italien d'interview parmi des jeunes, sur l'homosexualité telle qu'ils la perçoivent et l'accueil qu'ils font à ceux qui se déclarent gays. L'association AGEDO, venu présenter le film, expliquait qu'il avait finalement été retenu pour introduire le débat sur l'homosexualité dans les écoles italiennes.

Après dîner, tout le monde se retrouvait au forum pour un débat sur l'international.
Des invités du Maroc, de Russie, de Turquie, d'Autriche et du Chili faisaient part de la situation dans leur pays. Notre cher René des GLB avait été sollicité par l'UEEH pour assurer la modération de ce débat.

La déléguée russe faisait état de l'absence de texte législatif entre 1917 et 1934, qui permettait tous les abus. Le 7 Mai 1934, une répression juridique de l'homosexualité se mettait en place, envoyant en camp 1000 hommes par an jusqu'en 1980.
La situation change en 1986 avec la perestroika, mais les années précédentes ont consolidé la haine de la marginalité, les mentalités ne bougent pas.

Il faut attendre 1990 pour voir le premier journal gay (THEMA) et en mai 1991, la loi discriminatoire est abrogée. Il existe maintenant des boites à Moscou et Saint Petersbourg, mais la décomposition de la société russe incite les autorités à sévir en général et une nouvelle loi sur la moralité publique est en vue...

En Turquie, tiraillée entre l'orient et l'occident, on peut retrouver deux formes d'homosexualité : une forme occidentalisée, faite de jeunes gays urbains et friqués, et une forme rurale hérité du passé, bien acceptée si l'un des partenaires se positionne comme une femme dans son rôle social et conjugal.

Un jeune autrichien nous fait part de l'existence d'un article 209 dans la loi autrichienne, qui établit une discrimination dans l'accès à la sexualité entre homosexuels (18 ans) et hétérosexuels (14 ans).

Encore une journée vite passée, rythmée aussi par les stations au patio de la cafet, la recherche d'ateliers pas encore en place, comme le musée érotique, et un succès immédiat de l'espace internet qui dépasse nos espérances. Une liste de réservation ouverte imprudemment se remplit en un clin d’œil sur plusieurs jours. Ceux qui accèdent à la machine sont enchantés, ceux qui attendent ou ne nous trouvent pas beaucoup moins...

Une chaleur lourde s'est installée, on sent que l'orage menace, quelques grosses gouttes ponctuent l'extinction des feux.

Donald SUZZONI

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