Questionnaire adressé aux candidats à la mairie de Paris

1 - Le Maire et le couple homosexuel

Les maires des communes de France ont eu un rôle important dans le débat sur le pacs, que ce soit en délivrant les certificats de vie commune qui ont permis de faire progresser l'idée de la reconnaissance du couple homosexuel, ou que ce soit, à l'inverse, en signant la pétition des maires « contre le mariage homosexuel ». Aujourd'hui, le rôle du maire vis-à-vis des couples gais et lesbiens, pacsés ou non, est tout à la fois pratique (non-discrimination des couples dans l'attribution d'un logement, droits accordés aux agents de l'Hôtel de ville selon leur statut légal, accès au logement) et symbolique (reconnaissance républicaine des couples pacsés dans les mairies).

Comment considérez-vous le rôle du maire vis-à-vis des personnes pacsées, de même sexe ou de sexes différents ? Seriez-vous prêt à soutenir politiquement l'idée d'une signature du pacs sur les registres de l'État Civil à la Mairie ?

2 - Le Maire et la lutte contre la discrimination

Le Maire dispose de multiples moyens de faire reculer la discrimination, et plus particulièrement la discrimination homophobe et lesbophobe. En tant qu'employeur, il doit mettre en oeuvre le principe de non-discrimination, et dispose d'une large marge de manoeuvre pour le rendre effectif.

Quels moyens comptez-vous mettre en oeuvre pour lutter contre la discrimination, les attitudes discriminantes entre employés et vis-à-vis des administrés, et l'homophobie et la lesbophobie dans votre administration ?

Le Maire dispose de moyens de communication importants (bulletin municipal, panneaux d'affichage municipaux, espaces réservés à la mairie dans les écoles et collèges, médias locaux, etc.). Le Conseil de Paris et les conseils d'arrondissements sont représentés dans de nombreux conseils d'administration (hôpitaux, CROUS, collèges, écoles, HLM, bibliothèque, salles de sport, etc.) où il peut faire entendre ses options en matière de lutte contre la discrimination. Le Maire a un rôle de médiation de premier plan, notamment sur les questions de sécurité (contrats locaux de sécurité, relations avec la préfecture de police) : son rôle dans la lutte contre la violence homophobe peut-être décisif (sensibilisation des agents de police aux affaires d'agressions homophobes). Enfin, sur un autre registre, ce rôle de médiation peut-être mis à profit dans le cas de conflits entre habitants et établissements gais et lesbiens.

Comment comptez-vous utiliser ces moyens pour lutter contre la discrimination en général, et contre l'homophobie et la lesbophobie en particulier ? Comment comptez-vous appuyer et élargir l'action de la Commission Départementale d'Accès à la Citoyenneté ?

3 - Le Maire et les familles homo parentales

Lors des procédures d'adoption, à l'issue de l'enquête administrative qui rend un avis sur les capacité d'un individu à adopter un enfant, le Président du Conseil Général - le Maire pour la ville de Paris - décide ou non de délivrer l'agrément à la personne concernée.

Elu maire, serez-vous prêt à pratiquer la non-discrimination dans la délivrance de l'agrément, et de l'accorder - ou de la refuser - sans tenir compte de l'orientation sexuelle du/de la candidate ? Soutenez-vous politiquement l'idée de l'ouverture des procédures d'adoption aux couples de même sexe ?

4 - Le Maire et les jeunes gais et lesbiennes

Des études nord-américaines ont montré une plus forte prédisposition des jeunes homosexuels au suicide que l'ensemble de la population de la même classe d'âge. Passé ce constat, l'affirmation des jeunes gais et lesbiennes n'est jamais une affaire facile, et ce souvent en raison de l'entourage (famille, école, travail, tradition, etc.). Les jeunes issus de l'immigration sont plus encore exposés à ces difficultés. Les associations de jeunes gais et lesbiennes et les associations étudiantes réalisent un travail de création de lien social souvent exemplaire, mais non soutenus par le pouvoir municipal. Des projets novateurs prenant en compte l'orientation sexuelle des jeunes (centres d'accueil et d'écoute sur les sexualités, appartements relais pour les jeunes jetés à la rue par la famille) sont en panne, quand d'autres capitales européennes ont dépassé depuis longtemps le stade expérimental de leur mise en oeuvre.

Quelle politique comptez-vous mettre sur pied vis-à-vis des jeunes gais et lesbiennes ?

5 - Le Maire et les associations de gais et de lesbiennes

Les associations de gais et de lesbiennes (militantes, sociales, culturelles, de convivialité, d'entraide, d'accueil ou sportive) affrontent un déni le plus total de la part de l'actuelle mairie, alors que d'autres municipalités engagent des partenariats fructueux avec des associations du même type, notamment en les finançant sur la base de leur activité réelle, non systématiquement liée à la lutte contre le sida. Aujourd'hui, les associations de gais et de lesbiennes n'ont accès ni aux subventions de la Mairie, ni aux locaux municipaux (école, conservatoire…) ni aux outils de communication municipaux, ni aux instances de consultation. Le dialogue avec les élus de la mairie centrale est systématiquement refusé. Le parrainage de manifestations associatives par la mairie est dans ce contexte hors de portée. D'une façon plus générale, la vie associative n'est guère facilitée à Paris (manque de locaux, subventions inéquitablement réparties).

Sur quelles bases comptez-vous définir vos relations avec le milieu associatif gai et lesbien ?

6 - Le Maire et la lutte contre le sida

Paris est en tête des villes européennes pour la contamination par le virus du sida. Les pouvoirs publics se sont désengagés petit à petit de la prévention, accréditant la fausse et dangereuse idée que les nouvelles thérapies suffisent à enrayer le développement de la maladie. La prise en charge sociale des malades (notamment par l'ouverture d'appartements thérapeutiques, assurés aujourd'hui par le seul Conseil Régional) comme le retour à l'emploi des personnes séropositives stabilisées reste problématique.

Comment concevez-vous le rôle du maire vis-à-vis de la lutte contre le sida et de la solidarité à l'égard des personnes contaminées ?

7 - Le Maire et la mémoire

La France ne reconnaît toujours pas la déportation d'homosexuels par le régime nazi, quand d'autres villes européennes ont érigé des monuments à la mémoire de ces déportés. Le rôle symbolique du maire peut être fort, notamment à l'occasion de la journée du souvenir de la déportation (discours, associations invitées, etc.). D'une façon plus générale, il manque au milieu associatif gais et lesbien un lieu pour la mémoire (histoire du mouvement homosexuel, hécatombe des années 80 due au sida, documentation etc.).

Face à cette nécessité, qu'envisagez-vous d'entreprendre une fois élu maire ?

8 - Le Maire et la Lesbian and Gay Pride

Si vous êtes élu Maire, participerez-vous à la Lesbian and Gay Pride le 23 juin 2001, qui défilera sur le thème de la lutte contre la discrimination ?

LGP-IdF