En 1989, Paris, devenue une des grandes capitales gaies
européenne et de plus en plus touchée par le sida n'est
toujours pas dotée d'un centre communautaire.
Quelques figures du militantisme homosexuel ( Jean Le Bitoux, Peter
Cock, Sophie-Anne Bled, Franck Arnal, Didier Lestrade et Dominique Le
Fers ) décident alors d'ouvrir ce qui s'appellera d'abord la
«Maison des Homosexualités (MH)». Ils sont
aidés par l'association CIVIS et Frédéric
Edelmann.
La MH trouve refuge dans un deux pièces au troisième étage d'un immeuble, 25, rue Michel Lecomte, au fin fond d'une arrière cour du Marais, qui a déjà vu naître l'association AIDES.Là, quelques volontaires vont apprendre pendant trois ans à écouter, à accueillir, à fédérer le milieu associatif et à lutter contre le sida. L'espace mis à leur disposition s'avère vite trop exiguë. Les fonds manquent. Les pouvoirs publics ne semblent pas convaincus de la nécessité de ce centre communautaire.
En 1993, la MH devient le « Centre Gai et Lesbien ». On
se met à rêver de locaux plus grands et plus pratiques
mais, ni les ministères sollicités (Culture, Affaires
Sociales), ni la Mairie de Paris ne semblent croire à la
faisabilité du projet qui reste donc toujours en
période probatoire. Seules de modestes aides de l'Agence
Française de Lutte contre le Sida (AFLS) et d'ARCAT-SIDA
permettent au Centre de survivre. A la fin de la même
année, le bureau, déstabilisé par la
mésentente entre certaines associations et par le peu de
moyens mis à sa disposition, démissionne.
Une Assemblée Générale est convoquée, un
appel à toutes les associations membres est lancé.
Philippe Labbey, ancien trésorier et administrateur d'Act
Up-Paris est élu président le 5 février 1994
avec Cécile Chaignot (vice-présidente), Jean Le Bitoux
(secrétaire général) et Fleury Drieu
(trésorier).
Grâce à une importante subvention de l'AFLS (600 000
francs) attribuée pour mener des actions ciblées de
prévention du sida et de soutien aux personnes atteintes,
grâce aussi à l'enthousiasme d'anciens et de nouveaux
volontaires, le Centre reprend vie, les projets refleurissent et
finalement de nouveaux locaux, plus vastes, sont trouvés. Le
déménagement s'organise.
Le Centre Gai et Lesbien ouvre alors ses portes et déploie sa
vitrine dans le quartier de la Bastille au 3, rue Keller, le 1er
avril 1994. Une vingtaine de volontaires apprennent à occuper
les 135 m2, à se relayer pour faire toumer en même temps
une cafétéria, un standard téléphonique,
une boutique, une bibliothèque..., et à se rendre
disponibles pour renseigner les curieux de plus en plus nombreux. En
quelques semaines, grâce à des articles dans la presse
généraliste et à la traditionnelle marche
homosexuelle de juin, les visiteurs affluent.
Pas de trêve estivale pour l'équipe des volontaires
qui s'étoffe. Quinze d'entre eux vont suivre une formation
chez AIDES, tandis que les autres préparent activement la mise
en place de nouveaux services pour la rentrée toujours dans
l'idée de répondre au mieux aux attentes des
usagers.
Le journal mensuel du Centre, le 3 KELLER, passe du noir et blanc
à la couleur et ne cesse d'augmente son tirage et sa
pagination.
De l'argent rentre dans les caisses grâce aux associations
(Act Up-Paris et la Lesbian et Gay pride), grâce à la
cafétéria, grâce aux cartes de soutien (vendues
100 francs aux sympathisants), grâce enfin à une
subvention de fonctionnement de 500 000 francs d'Ensemble Contre le
Sida.
De nouvelles activités peuvent ainsi être
proposées dès septembre : un service social, des
permanences d'associations, les groupes de paroles. etc. Le
Café Positif ouvre ses portes fin octobre. Fabrice Laurens,
volontaire de la première heure, devient salarié. Il a
comme lourde charge celle de coordonner le travail des 40 volontaires
du Centre et d'assurer le suivi de l'ensemble des services.
Le pari de départ semble être en grande partie gagné, le Centre Gai et Lesbien commence à se structurer et à devenir un lieu incontournable de la communauté homosexuelle, au service de tous.
Au mois de janvier 95, a lieu la première édition d'une semaine de festivités autour de la Saint Sébastien avec la collaboration et le soutien des établissements et des associations. Un nouveau grand rendez-vous annuel est créé.
En février, le bureau sans doute fatigué par la mise
au monde de cet énorme bébé qu'est le Centre,
décide dans son ensemble de démissionner.
Fleury Drieu, trésorier sortant, est élu
président. Il est entouré de Nathalie Millet, Juliette
Variéras (démissionnaire en janvier 96), Philippe
Rolland (démissionnaire en octobre 95), Betrand Forest
(démissionnaire en février 96), Jean Pfrimmer et
Dominique Touillet.
Une des premières décisions de ce bureau fut d'engager
un directeur, Alexis Meunier. Il sera rejoint peu de temps
après par Anne Rousseau (celle-ci jusqu'en septembre 1996).
Fabrice Laurens, pour sa part, ne soehaite pas reconduire son
contrat, qui s'achève fin novembre 1995. Ce nouveau bureau
ambitionne outre de développer les ressources et la structure
du Centre, une extension des locaux nécessaire pour faire face
à la demande des usagers ; projet ambitieux mais qui ne verra
pas le jour, faute de moyens suffisants.
En mai 1996, un nouveau bureau succède au
précédent, Fleury Drieu ne renouvelant pas son mandat.
C'est Philippe Labbey qui, à nouveau, est élu
président. A ses côtés, Christophe Hannequin,
vice-président Droit des lesbiennes et des gais, Eric
Guillemin, vice-président chargé du relationnel,
Christophe Marcq, secrétaire-général, et
François Nonnenmacher (SOS Homophobie) comme trésorier.
Retour à la page de présentation du Centre Gai et Lesbien de Paris
![]() France QRD Associations Paris |
25/06/97, Copyright CGL Paris, Gais et Lesbiennes Branchés, © 1997 |