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Paris, le 12 mars 1997
I. FONCTIONNEMENT
L'année 1996-97 a été marquée
par deux actions principales sur le plan du fonctionnement, plus
quelques changements non négligeables.
1. HES La Lettre
A la demande de plusieurs membres, notre lettre a été
remise en route. Son ambition était qu'elle devienne un
lieu de débat entre toutes et tous. Malheureusement, une
faible mobilisation des adhérents pour cette option n'a
pas permis l'éclosion attendue par certains. Néanmoins,
la Lettre a permis de diffuser largement auprès des adhérents
et des associations consoeurs des textes importants tel que l'intégralité
de la Proposition de loi CUS déposée par les députés
socialistes. C'est à ce jour une fonction utile qui doit
continuer.
2. Les dîners d'accueil au Chalet Maya
Sur une idée de Jérôme et de François,
des dîners d'accueil ont été instaurés
en octobre 1996. Un accueil sympathique au Chalet Maya nous permet
de rencontrer les nouveaux adhérents. La formule est bonne
mais une équipe devrait s'occuper uniquement de ces dîners
et en faire la promotion de façon plus systématique.
3. Courriers
Nous bénéficions toujours du soutien de nos
élus pour l'envoi du courrier. Néanmoins, les disponibilités
sont souvent réduites. Michel VIE doit donc souvent changer
de lieu d'envoi. Un travail difficile dans lequel il est aidé
par Yannis DELMAS qui tient à jour notre fichier.
4. Organisation
Notre organisation mise en place en 1995 fondée sur
la distinction entre les réunions Action et Réflexion
s'avère réellement efficace. Après le CUS,
la réflection en cours porte sur les jeunes homosexuels.
Cette réflexion est coordonnée par François
Vauglin.
La conjoncture poltique nous impose également de préparer
un texte de contribution pour le Congrès du Parti Socialiste.
Nous avons donc décidé de réécrire
notre manifeste qui date de 1987. La présence stable des
camarades est encourageante. Notre objectif est donc de déposer
un texte pour le Congrès mais aussi et surtout de convaincre
les dirigeants du PS d'intégrer nos revendications dans
leur propres textes.
5. Internet
Nous remercions les Gais et Lesbiennes Branchés pour
leur disponibilité lorsqu'il s'agit d'installer sur leur
site des documents nous concernant (rapports moraux, communiqués
de presse et autres). Grace à Internet et à notre
vigilance (François Vauglin, René Lalement, Yannis
Delmas et Stéphane Martinet), nous avons pris part à
de nombreuses actions internationales. Nous avons également
su utiliser Internet et le courrier électronique afin
de nourrir notre réflexion et obtenir des informations
qui nous ont servis dans notre action auprès de la Lesbian
& Gay Pride dans le cadre de la préparation de l'Europride.
II. LES DOSSIERS POLITIQUES
LE CONTRAT D'UNION SOCIALE
Toute la stratégie de notre association a tendu à
l'adoption par le Parti Socialiste et au dépôt par
le groupe à l'Assemblée du Contrat d'Union Sociale.
Dans cette perspective, il nous est apparu nécessaire
d'éditer un rapport sur le texte que nous avons intitulé
"Le CUS : une clé d'avenir pour un mieux-être
des homosexuels". Une préparation et de longs débats
nous ont permis d'établir un argumentaire convaincant
sur le CUS. Celui-ci a été envoyé à
tous les membres du Bureau national du PS ainsi qu'à toutes
les associations afin qu'elles s'imprègnent mieux encore
du texte. Certains élus nous ont rapporté leur
intérêt pour ce travail collectif pour lequel l'association
est particulièrement redevable à Michel VIE, notre
secrétaire.
Suivant la même logique, Stéphane MARTINET a
participé à la rédaction du rapport HAZAN
sur le CUS . Coordonné par Christophe CLERGEAU, ce document
de 64 pages a permis de présenter le texte dans ces moindres
détails au Bureau national qui l'a adopté en juin
1996. Nous rendons ici hommage à Adeline HAZAN ainsi qu'à
tous les membres du groupe de travail pour leur détermination.
Des contacts rapides pris avec Laurent FABIUS, président
du groupe à l'Assemblée, ont permis la mise en
route du processus de dépôt. En juillet, Laurent
FABIUS annonçait au cours d'une conférence de presse
le dépôt pour l'automne. Entre temps, l'actualité
politique et le caractère non-prioritaire du texte pour
un parti en opposition ont contribué à un retard,
corrigé en janvier 1997.
Ce texte nous convient dans son économie générale
mais ne nous satisfait pas totalement car un certains nombres
de points ont été éliminés, notamment
celui sur le droit des étrangers qui permettait à
nos compagnons étrangers de nous rejoindre sur le sol
français. Nous avons fait connaître nos point de
désaccord par voie de presse.
Ce sont de nombreuses réunions (débat au Sénat
organisé par la LGP, débat organisé par
Aides dans une perspective européenne), appels téléphoniques,
communiqués de presse et entretiens qui ont permis de
franchir cette étape. Certains voudraient voir le PS présenter
le texte parmi les 2 propositions qu'il peut imposer annuellement
à l'ordre du jour de l'Assemblée. Caprice d'activistes
que d'exiger une telle procédure. Certains problèmes
politiques semblent devoir être présentés
par la gauche comme prioritaires avant le CUS qui de toute façon
n'a aucune chance d'être voté sous cette législature.
Le gouvernement a commenté le CUS. Il refuse de donner
un statut au couple homosexuel car il pense que cela créerait
une confusion dans les modèles dont les jeunes s'inspirent
pour déterminer leur vie à venir. Il semble à
ce jour qu'il veuille octroyer quelques avantages égalitaires
au nom d'une certaine compassion. Notre association a toujours
refusé cette option. Ell eest satisfaite de voir que le
PS a compris l'importance de la dimension statutaire du CUS.
HES ne dénoncera donc pas les "mesurettes" mais
ne saurait s'en satisfaire à l'image de AIDES qui, sous
le diktat de l'urgence, semble vouloir se satisfaire de ce que
l'on voudra bien octroyer.
LA LESBIAN & GAY PRIDE
Depuis l'origine notre association est membre du Conseil de
la LGP. En 1996, nous avons proposé le slogan "Nous
nous aimons. Nous voulons le Contrat d'Union Sociale." qui
a été adopté par le Conseil.
Notre traditionnel débat a rassemblé Adeline
HAZAN, secrétaire nationale aux questions de société,
Alain DAVID, de la LICRA, Patrick BLOCHE, maire-adjoint du 11ème
arrondissement de Paris et Didier ERIBON, journaliste. En trois
heures les invités et les participants ont débattu
du thème : "Homosexualité et République
: quelle citoyenneté pour les homosexuels ?". Au
cours de cet échange, HES a réaffirmé son
attachement aux principes républicains, notamment à
celui de l'engagement des individus et à l'inscription
de ceux-ci dans des organisations qui doivent dialoguer avec
le reste de la société. Elle a fortement condamné
toute tentation communautariste.
Au cours d'une émission de télévision
animée par Laure ADLER, le Cercle de Minuit, Stéphane
MARTINET a dénoncé le fait qu'aucune association
homosexuelle ne soit représentée parmi les intervenants
alors que le thème était centré sur l'homosexualité.
Seules des associations de lutte contre le sida ont eu la parole,
ce qui déforme l'image de l'homosexualité, la médicalise
à outrance. Si le sida est une priorité de santé,
et même politique comme le montre l'engagement des élus
parisiens tels Bertrand DELANOE et Philippe DUCLOUX, celui-ci
ne doit pas devenir le seul vecteur d'explication, le seul levier
politique car cela serait nous faire reculer vers les temps du
conditionnement médical.
A l'occasion des événements LGP, les dirigeants
socialistes qui venaient de prendre position pour le CUS ont
montré leur engagement par l'accueil qu'ils ont réservé
aux associations et par leur présence à la Marche.
Adeline HAZAN a reçu les associations membres du Conseil
de la Lesbian & Gay Pride au siège du Parti, rue de
Solférino. Un échange vif mais fructueux s'est
établi entre les délégués et les
membres du Bureau national. Le samedi 22, jour de la Marche,
une forte délégation était menée
conjointement par Adeline HAZAN, Bertrand DELANOE, Daniel VAILLANT,
Jack LANG et François HOLLANDE. Ce dernier a prononcé
une courte allocution en fin de marche. Les sifflets et quolibets
n'ont pas eu raison de sa détermination. Et son annonce
s'est avérée vraie : le CUS a été
déposé par le PS !
PRÉPARATION DE L'EUROPRIDE
Notre association a soutenu dès le départ la
candidature de la LGP à l'Europride. Elle avait promis,
en coordination avec la LGP, de participer à la mobilisation
politique et sociale générée par l'événement.
En octobre 1996, respectant notre engagement, nous avons présenté
une étude sur "l'Europe et l'homosexualité",
conduite par Michel VIE, Benjamin GUICHARD et René LALEMENT.
Cette étude historique et structurelle a permis de mettre
en valeur les différents niveaux de compétences
des institutions. Copie a été diffusée auprès
des associations sous forme de Lettre de HES.
A l'occasion de ce même conseil, nous avons proposé
une action spécifique : la demande de modification de
la Convention européenne des droits de l'Homme. Après
avoir étudié le texte, il nous est apparu que le
texte, bien que très avancé, ne prennait pas en
compte les réalités de vie quotidienne des homosexuels.
Par exemple, le texte limite les unions au mariage entre deux
personnes de sexes différents.
Un groupe interassociatif a alors été créé
auquel nous participons activement. Ce groupe se réunit
toutes les semaines. Il définit la ligne politique et
sociale de la LGP qui est ensuite adoptée par le Conseil.
En mars, nous avons émis deux nouvelles propositions
d'actions au sein de la Marche.
- décliner le thème de la lutte contre le racisme,
l'homophobie et les extrêmes droites au travers d'une banderole
derrière laquelle pourraient s'intégrer les associations
de défense des droits de l'Homme ou de lutte contre le
racisme ;
- décliner le thème de l'impossibilité
pour nos compagnons et compagnes étrangères de
nous rejoindre et de vivre avec nous en France car aucun statut
n'existe qui le permette. Nous nous inscrivons là dans
un mouvement social plus large : celui qui conteste les lois
coercitives sur l'immigration. Nous souhaitons en cela créer
un écho à l'Appel des Présidentes et Présidents
d'Associations homosexuelles qui demandait le retrait du projet
de loi Debré à l'initiative de Stéphane
MARTINET, président de HES, rejoint par François
Vauglin et René Lalement.
Afin de s'assurer que les démarches proposées
étaient cohérentes et politiquement pertinentes,
des rencontres entre la LGP, HES et Élisabeth GUIGOU,
d'une part, et Catherine TRAUTMANN, d'autre part, ont été
organisées à notre initiative.
CONVENTION EUROPÉENNE DES GROUPES SOCIALISTES HOMOSEXUELS
De façon concomittente à l'Europride, notre
association prend l'initiative de réunir à Paris
les groupes socialistes homosexuels afin d'échanger sur
nos options politiques et nos stratégies en Europe. Une
liste de groupes a d'ores et déjà été
constituée qui nous permettra de toute façon de
communiquer entre nous.
PETITION CONTRE LE PROJET DE LOI DEBRE
Faisant suite à l'initiative des cinéastes,
écrivains et hommes et femmes des arts et des lettres,
S. MARTINET a lancé une pétition signée
par les présidentes et présidents d'associations
homosexuelles. Devant la menace particulière que représentait
l'article 1 de cette loi, devant son atteinte à la vie
privée qu'elle instaurait mais aussi face à une
loi qui, dans sa globalité, est liberticide et constitue
une atteinte grave aux libertés fondamentales en France,
59 personnes ont signé cet appel.
S. MARTINET et R. LALEMENT ont participé à plusieurs
réunions des collectifs contre la loi Debré. Ils
ont alors représenté la pétition et ont
toujours tu leur appartenance associative propre, s'effaçant
devant le caractère collectif de la pétition. Ainsi
des contacts ont été pris avec la LDH et diverses
autres associations.La pétition à été
publiée deux fois dans Libération et a été
mentionnée dans Le Monde ainsi que dans la PQR.
Aux vues des difficultés à collecter des signatures,
la mise en place d'un réseau d'alerte devient plus que
nécessaire. Un travail dans la perspective d'une telle
toile est en cours en collaboration avec les Gais et Lesbiennes
Branchés.
III. LES DOSSIERS INTER ASSOCIATIFS
EGALES ET ACT UP à STRASBOURG
Suite aux problèmes juridiques d'Égales et d'Act
Up à Strasbourg, nous avons conseillé Hervé
KOENIG sur la marche à suivre. Nous avons pris de nombreux
renseignements quant aux démarches les plus judicieuses
à entreprendre. Un comité de soutien s'est finalement
mis en place. Notre association n'a pas souhaité en faire
partie car nous estimons que dans des cas de procédures
judiciaires, il n'est pas opportun qu'une expression politique
donne l'impression de peser sur la justice.
Parallèlement, nous avons participé à
la collecte de fonds. Par courrier nous avons demandé
à nos adhérents de faire parvenir de l'argent à
Egales. Une somme de près de 2 500 F a été
récoltée.
LES ASSISES NATIONALES DES DROITS DES FEMMES
Depuis novembre 1995, Michel VIE rejoint par Annick LEPAGE
participe en notre nom aux réunions qui ont préparé
les Assises qui se sont tenues les 15 et 16 mars 1997. Ayant
présenté le CUS au sein de la commission Familles,
il a réussi à faire adopter son principe par l'ensemble
des participantes qui représentaient 176 organisations
de gauche.
CENTRE GAI ET LESBIEN de PARIS
Au cours des assemblées générales ordinaires
et extra-ordinaires, nous avons constaté la main mise
d'une équipe radicale sur le Centre. Se présentant
sans réel programme derrière Philippe LABBEY, cette
équipe n'avait pour seul objectif que d'exclure les associations
du Centre. Cet objectif devait permettre une plus "libre"
expression notamment sur le plan politique. Avec le départ
de AIDES, des Gais et Lesbiennes Branchés, de l'Association
des Amis de Bonneuil et de la LGP de Paris, il semble que LABBEY
ait atteint ses objectifs. Nous nous posons la question de savoir
si nous devons continuer à être adhérent
d'une association fédératrice qui ne consulte jamais
ses membres sur les orientations générales et plus
particulièrement politiques, ce qui ne l'empêche
pas de se servir de ceux-ci pour asseoir sa légitimité.
III International
1. Étendre le champ d'expression et d'action d'HES
à l'international
L'activité internationale d'HES consiste d'une part
en un suivi régulier de l'actualité, tant sur les
grands dossiers (partenariat et union sociale, parentalité,
immigration) que sur l'évolution des législations
(âge de consentement, dépénalisation) et
la situation sociale des homosexuels.
Ce suivi de l'actualité permet d'entreprendre des actions,
qui sont, soit le relais d'initiatives externes, soit des initiatives
indépendantes.
Dans la première catégorie, nous soutenons régulièrement
les actions de l'ILGA ou d'autres organisations : citons l'Autriche,
Australie et la Roumanie (pour l'abolition des lois discriminatoires),
les Pays-Bas (pour le droit d'asile), l'Espagne et le Brésil
(pour l'adoption d'un contrat d'union par le Parlement), l'Espagne
et l'Argentine (contre des violences ou des intimidations des
forces de l'ordre), et l'Union Européenne (pour l'adoption
d'une clause de non-discrimination dans le Traité d'Amsterdam).
Dans la seconde catégorie, qui concerne des situations
où la France est impliquée, citons l'Ambassade
de Suède et la Roumanie. Nous avons dénoncé
l'interdiction, opposée par le gouvernement français
à l'Ambassade de Suède, d'enregistrer des partenariats
de même sexe, affaire. Nous sommes intervenus, en tant
que membre du Conseil de la LGP, pour demander qu'à l'occasion
du voyage du M. Chirac en Roumanie, le ministre français
des affaires étrangères rappelle aux aautorités
roumaines, les engagements auxquels elles ont souscrit en adhérant
au Conseil de l'Europe, en ce qui concerne la suppression des
discriminations légales envers les homosexuels.
Enfin, ces différentes actions sont accompagnées
d'une expression publique sur ces questions (articles dans Libération
et le Monde, dans le bulletin de l'ILGA, dans les listes de distribution
de courrier électronique, etc).
2. Créer un réseau de groupes européens
HES développe des relations avec les autres groupes
socialistes homosexuels d'Europe; citons Schwussos (Allemagne),
le Labour Campaign for Lesbian and Gay Rights (Royaume-Uni),
la Fundacion Triangulo (Espagne), Roze Links (Pays-Bas), SoHo
(Autriche), les sociaux démocrates suédois, Arcigay
(Italie) ; au niveau européen nous avons également
des relations avec Égalité et l'ILGA Europe.
Un premier objectif est de réunir ces groupes en une
convention le 27 juin 1997. Son but est de confronter nos expériences,
de dresser un bilan de la situation et de nos actions dans les
différents pays, d'établir des relations durables
entre nos groupes et d'élaborer des stratégies
communes à l'échelle de l'Europe.
Nous mettons à la disposition de ces groupes des documents
politiques, notamment les textes et les différents projets
de partenariat ou d'union sociale en Europe.
3. Conclusion
Ayant fait preuve d'une expression et d'une action internationale,
noeud d'un réseau européen qui est en train de
se constituer, HES est une des quelques associations françaises
à bien connaître les institutions et la politique
européennes. Il n'est donc pas étonnant qu'elle
ait trouvé une place active dans le groupe inter-associatif
chargé des questions politiques pour l'EuroPride.
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