L'actualité en France

Le journal Ex Aequo interdit

Jacky Fougeray, directeur de la publication du magazine EX AEQUO, et patron du groupe de presse Illico fait le point avec nos reporters sur "l'interdiction de publication" qui frappe son mensuel.

 

Jean Benoit Richard : Le début de l'été a été particulièrement chaud pour le groupe Illico, on apprenait que vous décidiez de réduire la publication du journal Ex aequo. Parallèlement vous êtes poursuivis pour usage du titre Ex Aequo par une association rémoise. Que s'est-il passé ?

Jacky Fougeray : il s'agit une association Reimoise qui a pour appellation ExAequo qui n'a jamais déposé de marque de publication. Lorsque nous avons déposé notre nom de publication auprès de l'INPI, il nous a semblé qu'il n'y avait aucune confusion possible. Ce qui nous semblait encore moins de nature à poser de problème était que l'association avait pour objectif de défendre les droits et les libertés des homosexuels et que la vocation du magazine est à peu près du même ordre ...

Mais la vérité dans cette histoire c'est que ce qui était en jeu n'était pas une histoire d'appellation, d'ailleurs l'association a été bien en mal d'établir en quoi il y avait une forme de préjudice quelconque...

En fait derrière ça il y a une histoire de fric purement et simplement et j'en veux pour preuve, c'est que l'association nous a d'abord approché en nous demandant de l'argent, ce que j'ai refusé d'abord. Parce que, sur le fond ... le peu d'argent à mettre dans le commerce, ont le met en général au profit des publications et certainement pas pour arroser de droite et de gauche....300000Fr à 400000Fr, c'est ce que l'on nous a demandé au tribunal pour nous concéder la propriété du titre.

La procédure est arrivée à son terme avec le résultat qui nous donne obligation de cesser la publication du magazine Ex aequo avec une lourde astreinte de 50Fr par numéro, et l'INPI est saisie par la justice et doit radier le titre...

L'avocat est homosexuel et membre de l'association, la machine tourne bien....

Et moi je trouve que c'est une dérive inquiétant du milieu gay. Il n'y a plus cette notion de cause commune ou de solidarité...

Elle doit nous inviter à réfléchir au niveau de conscience que peuvent avoir des gens qui se prétendent des militants homosexuels...

 

 

Jean Benoit Richard : Cela remet en cause la volonté qu'avait le groupe Illico de publier à fond perdu un journal d'opinion comme Ex Aequo ?

Jacky Fougeray : Non seulement ce n'est pas cela qui faisait vivre le groupe, mais c'est ça qui ponctionnait lourdement ses finances...ça me paraissait être le coeur de notre philosophie d'entreprise. Là où cela remet quelque chose en cause, c'est sur l'exploitation d'Ex Aequo lui même. Pas sur le fond... Nous avions déjà réajusté le rythme de publication, pour une question de coût, en la passant trimestriellement et en lui adjoignant un site Internet très ambitieux, plus réactif.

Le support écrit est indispensable pour des reportages, des analyses longues... Pour l'information et l'interactivité, Internet nous parraissait être un complément intérressant...

Et la décision de justice à laquelle on ne s'attendait vraiment pas... remet en cause l'ensemble du projet.

Il faut reprendre la réflexion sur le fond, et reconnaître le bilan de l'expérience du support papier Ex Aequo, qualitativement et de ce que ça coûte. Ex Aequo réalisait un déficit de plus de 1 Mf par an. Il faut réfléchir plus globalement sur l'ensemble de nos publications.

Jean Benoit Richard : vous allez investir très clairement l'Internet ?

Jacky Fougeray : Oui, nous avons commencé par notre site de vente par correspondance, il est opérationnel. Le second étage de la fusée, devait être le site lié à Ex Aequo. Il va être différé dans le temps, pour être en conformité avec une offre papier qui va être repensée dans les mois qui viennent.

Jean Benoit Richard : Vous pensez investir les sites de charmes peu nombreux en France ?

Jacky Fougeray : Non, car nous publions MEN et FRESH sous licence américaine et les sites correspondants existent déjà, ... économiquement cela ne vaudrait rien pour nous. La seule dimension commerciale que l'on peut envisager est la mise en place de notre site de vente par correspondance. Menstore.

Entretien : Pierre Léonard, Jean-Benoît Richard

FQRD

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