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Marseille
La direction du Chaperon Rouge se réorganise
Le jeudi 4 décembre s'est tenue une AG
extraordinaire d'Arc En Ciel. Cette association, sous la direction de Didier
RODDE, a ouvert un bar associatif au centre ville de Marseille, pour accueillir
les personnes concernées à divers titres par le SIDA et la
communauté gay (ou le contraire, selon l'ordre dans lequel on veut
lire les buts de l'association, ce compte-rendu ne prétend pas apporter
de réponse à ce débat).
Quelques repères :
- La dernière AG d'Arc En Ciel avait élu un Conseil d'Administration
dirigé par Didier RODDE au printemps 97.
- Des subventions étaient sollicitées pour mettre les locaux
aux normes et en état, afin de pouvoir ouvrir au public et pas seulement
aux membres.
- Des incidents divers sur le suivi de ces subventions font que les travaux
ne sont toujours pas réalisés à ce jour. En particulier,
une sombre affaire de refus du sous-préfet, suite à un refus
de "caution morale" de la DDASS 13, empêchait de boucler
le dossier. La DDASS considère que le projet d'Arc En Ciel n'est
pas clair, mais à la suite de diverses tractations, elle a fini
par céder à contre-coeur récemment.
- Le bar a fonctionné de manière associative durant toute
cette période, avec un accueil quotidien sans activité particulière
ou manifestation ponctuelle à destination de ses membres. Un bulletin
est édité, "Le Chaperon Rouge", contenant surtout
des informations locales.
- Il y a trois mois environ, un courrier circulaire aux membres contenait
une modification statutaire concernant le nombre d'administrateurs à
élire, le blocage obligatoire des candidats en liste d'union, imposant
donc une équipe constituée pour se présenter, et des
modifications du règlement intérieur portant notamment sur
les salariés. Ce courrier annonçait également qu'il
n'y aurait pas de débat sur ces modifications, bien que leur utilité
reste floue pour nombre d'adhérents, et invitait à voter
par correspondance par retour du courrier. Aucun compte rendu de ce vote
n'a été adressé aux membres.
- Il y a trois semaines, un autre courrier annonçait la démission
du président Didier RODDE, entraînant parait-il une assemblée
générale d'élection, ou Didier RODDE annonçait
par avance sa candidature, pour ce 4 Décembre.
Aucune explication n'était donnée à cette démission-candidature.
Elle était suivie d'un autre courrier contenant la profession de
foi de la nouvelle liste bloquée de candidats menée par Didier
RODDE, commençant curieusement par un bilan, ce qui nous a incité
à déduire que la liste présentée le prenait
à son compte, mais sans certitude.
C'est donc avec une curiosité aiguisée
que nous sommes allés à l'AG extraordinaire d'Arc En Ciel
de ce 4 Décembre. S'il n'est pas question de mettre en doute le
travail acharné de certains pour mener le projet, nous espérions
avoir quelques explications sur ces avatars récents de l'association.
Rappelons qu'aucune réunion plénière de débat
ou d'information n'a eu lieu depuis l'AG normale du printemps 97, et ces
événements récents semblaient incompréhensibles
à plusieurs membres.
Cette AG s'est révélé finalement
assez formaliste. Le nombre de membres, de présents ou représentés
n'a pas été annoncé, mais il parait qu'il y avait
le quorum, de justesse.
D'ailleurs, la première motion soumise
au vote consistait justement à tordre le cou à cette difficulté,
vu la faible mobilisation des membres pour les votes d'après le
CA (c'est ce que j'ai compris, car aucun chiffre n'a été
donné).
Il a été proposé par Didier RODDE, sur un vote à
main levée, sur le choix suivant:
- suppression du quorum
- quorum à 10%
- quorum à 30%
L'éparpillement des voix donnait finalement 33 voix pour la suppression
totale, soutenue par le président, 18 voix pour 10%, le reste s'est
perdu dans le brouhaha, nous aurons sans doute les chiffres dans un compte-rendu.
Je n'ai pas entendu qu'on ait proposé de voter contre ou de s'abstenir,
je n'ai donc pas voté, mais je suis un peu sourd. En tout cas,le
quorum n'existe plus.
Le deuxième point concernait les comptes.
Un état a été distribué, puisque l'exercice
n'est pas clos, pour donner quittus au CA sortant des comptes en l'état
devant les adhérents.
Vote à main levée:
- contre : 0
- abstention : 1 (moi)
- pour : le reste (dixit Didier RODDE)
Des interventions timides ont alors tenter d'enrayer
le formalisme de cette AG, avec des demandes d'explications, des ouvertures
de débat sur l'opportunité des travaux ou la politique de
l'association. La participation de certains administrateurs sortants à
ces tentatives nous a fait entrevoir la souffrance de certains, voire les
désaccords. Deux personnes, dont Eric SEROUL, ont tenté de
faire valoir une baisse de fréquentation, invitant par là
le CA à examiner sa responsabilité dans le désengagement
communautaire qu'ils supposaient.
Didier RODDE a rappelé que le temps était
compté, un repas devant suivre l'AG pour certains, et proposé
que les débats soient reportés à l'AG normale de Février
98. Il a également rappelé que les statuts prévoyaient
un débat trimestriel avec les adhérents.
Je me suis permis de suggérer au CA d'organiser
un débat ouvert sans vote bien avant l'AG de Février, afin
de pouvoir en tirer les conclusions à temps, et vu l'attente générale
d'explications et d'échanges de vues. Il semble que l'idée
soit retenue.
Enfin, l'élection du nouveau CA, pour laquelle
ne se présentait que la liste de Didier RODDE, a été
faite sur appel et à bulletin secret. 55 votes pour et 11 votes
blancs, sous réserve de contrôle.
Et maintenant, à table! le restaurant nous
attend.
Pratiquement, il est ressorti de cette AG d'une
heure trois-quart: -la recomposition du CA autour de Didier RODDE, avec
55 voix sur X adhérents. -la disparition du quorum, ce qui rend
toute assemblée délibérante.
Espérons qu'avec les coudées aussi
franches, "Le Chaperon Rouge" reparte du bon pied.
Espérons aussi que le débat aura lieu, car avec des listes
bloquées et l'absence de quorum, la différence entre une
association et une entreprise devient bien mince.
Seule la démocratie, le débat, la rencontre fréquente,
l'information claire et l'écoute des adhérents en dehors
des convocations formalistes, permettront de relier cette entreprise et
le soutien communautaire qu'elle revendique.
Bien que ne figurant pas à "l'ordre du jour", cette demande
a été tout à fait explicite de la part de l'assistance.
C'est pour ma part la seule conclusion positive que je tire de l'AG : visiblement,
il y a encore des gens qui se sentent très concernés. C'est
un capital de départ pour l'avenir, nous verrons si le nouveau CA
considère que c'est plus important que "les gros sous".
Prochain épisode en Février 98.
Donald SUZZONI
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